Destinée I : Rising

Prologue

L'ouverture de la vieille porte décorée fit grincer la poignée et sonner une petite clochette accrochée en hauteur.

J'entrais dans le bar et m'y déplaçais à mon aise, comme d'habitude.

Il y avait de jolis lustres au plafond et tous les meubles étaient en vieux bois, rappelant les fameux saloon du dix-neuvième siècle.

Chaque pas faisait grincer mes chaussures et le sol craquait sous mes bottes, mais le son était couvert par la musique qui jouait en fond. C'est aussi pour cela que j'aimais tant cet endroit : c'était le seul à jouer du old funk et du soft rock.

Un léger brouhaha attira mon esprit au fond de la salle, et je les observais à la dérobée, avant de prendre place à la seule table éloignée et au calme.

Je sortis mon carnet et recommençais à gribouiller tant bien que mal le brouillon de ma dissertation.

Même après trois pages arrachées, je n'y arrivais toujours pas. J'avais toujours ces périodes où il m'était impossible de me concentrer ; j'avais des flash. D'affreuses images que j'essayais de refouler.

Mais son prénom me hantait, et me hantera probablement toujours.

Je poussais un long soupir. 

-Hey ! Tu n'y arrives toujours pas ? Demanda une voix féminine.

Je secouais la tête, le coeur serré et me tournais vers la serveuse ;

-Je n'arrive plus à rien, Lucy. A rien du tout.

Elle posa un cocktail orangé devant moi,avec une paille et une petite ombrelle : c'était mon cadeau de fin de semaine.

Après avoir laissé entendre un soupir, elle prit place à mes côtés, prenant ma main droite dans la sienne ;

-Qu'est-ce que je t'ai déjà dis ? Tu es une femme tellement forte, Novaeh. Tu t'en es sortie, et te voilà ici, à travailler pour des cours que tu aimes, dans une filière que tu aimes.

Elle serra ma main dans la sienne, et je hochais la tête ;

Lucy était une très belle femme. Elle avait la peau noire et des yeux marron juste assez clair, qui contrastaient avec sa peau. Ses jolis cheveux frisés étaient lâchés aujourd'hui, dévoilant son afro, qui lui valait tant de compliments.

Je l'observais un peu plus et sentis une noirceur. Quelque chose qui gênait.

Elle semblait tracassée.

-Lucy ? Que se passe-t-il ? Tu sembles... Ailleurs.

-Ho, ce n'est rien, fit-elle en se relevant lentement.

-Tu t'es encore disputée avec Mallorie ? Lui demandais-je en craignant le pire.

Elle hocha la tête et regarda autour d'elle, avant d'agripper la chaise ;

-On s'est disputées et on a décidé de se séparer. Ne t'en fais pas, d'accord ? On en parlera à la maison.

Mon coeur loupa un battement et mes yeux s'écarquillèrent.

-Quoi ?

-Ce n'est rien, je t'assure! Continues de bosser. Et libères ton esprit. Ne penses pas à lui, ni à ton ancienne ville, ni à rien du tout. Tu assures !

Je la regardais partir en slalomant entre les clients et une tristesse soudaine m'envahit. Je n'aimais pas voir les gens que j'aime souffrir. Lucy et Mallorie étaient ensemble depuis plus de trois ans maintenant, avec quatre ruptures à leur actif. 

« Cela s'arrangera sûrement » pensais-je.

Je bus deux gorgées de mon cocktail et parvint à écrire quelque chose qui ressemblait plus ou moins à un brouillon, même si énormément de choses manquaient.