Le lundi soir, en quittant l'amphithéâtre, j'eus une étrange sensation.
J'avais eu une bonne journée et avait rendu tous mes papiers.
Je fus bousculée par la foule et parvint à me frayer un passage au dehors ; le ciel était assez dégagé et le soleil perçait à travers un gros nuages.
Il était presque dix huit heures et la nuit tomberait bientôt.
Je me rapprochai du petit parc devant la fac. Il y avait plusieurs bancs humides et de gros arbres.
Les étudiants rentraient chez eux en transports ou en voiture.
Je sentis un fourmillement et mon calme me quitta brusquement. Je savais très bien pourquoi je ressentais cela.
Je savais exactement où il se trouvait et me tournais vers la gauche.
Il se tenait droit comme un I.
Il me fixait, les sourcils froncés.
Quand il s'avança, j'eus envie de reculer mais mon corps m'ordonna de rester.
-Qu'est-ce que tu veux, encore ? M'enervais-je.
-Tu dois savoir qui tu es Novaeh !
Je tressaillis.
Un gros bruit se fit entendre et je me rendis compte que je venais -encore- de lui asséner une gifle assez brutale.
-Comment tu connais mon prénom, espèce de gros pervers dégueulasse ! Ecoutes-moi bien, dis-je en me rapprochant à quelques centimètres de son visage.
Il faisait bien une tête de plus que moi, malgré mes un mètre soixante douze.
-Tu me suis une fois de plus et je te fais bouffer tes couilles, est-ce que tu mas bien comprise ? Le menaçais-je d'une une voix sourde.
Une lumière s'alluma dans son regard quand il haussa les sourcils d'un air amusé.
Un bruit de tonnerre se fit entendre au loin et un vent très puissant vint me décoiffer et fit virevolter mes cheveux dans tous les sens. Les branches des arbres furent secouées en un geste synchronisé.
-Tu penses que c'était du hasard, ça ? Dit-il en regardant le ciel bleu.
Je fus confuse et attristée.
Je ne comprenais absolument pas ce qu'il se passait en moi.
Mais j'étais sûre que je me devais de le suivre et de voir ce qu'il avait à me dire.
Malheureusement, j'étais incapable de faire confiance à un homme désormais.
-Je ne peux pas te donner l'adresse, mais je peux t'amener à elle. Elle te donnera tes réponses.
Je déglutis et décidais finalement de le suivre.
A chaque pas, je sentais que je me rapprochais de mon but. De quelque chose d'extraordinaire.
Nous montâmes dans sa voiture et il démarra en trombe, roulant pendant trente bonnes minutes pour sortir de la ville.
Nous arrivâmes sur des petites routes où de vieux appartements tenaient à peine encore debout.
-Comment tu t'appelles ? Lui demandais-je en regardant ses cheveux noir de jais.
-Hakann.
Je hochais la tête. C'était un prénom inhabituel. Mais je ne pouvais pas juger.
Nous nous arrêtâmes et il m'emmena jusqu'à un appartement tout gris.
-C'est ici, fit-il en m'ouvrant la porte du hall, qui grinçait péniblement.
Une odeur étrange envahit mes narines.
Je l'entendis tourner les talons et prit une grande inspiration.
-Hakann ! L'interpellais-je.
Il se stoppa pour se tourner vers moi.
-Tu peux rester ?
Un demi sourire s'afficha sur son visage dur, et il revint vers moi, puis m'escorta au premier étage.
Je marchais lentement dans le couloir, sachant parfaitement à quelle porte je devais m'arrêter.
La port s'ouvrit à la volée avant que j'ai le temps de faire quoi que ce soit, mais personne ne se tenait devant.
Je regardai Hakann, qui me fit un signe de tête.
J'entrais alors et découvris un appartement plutôt bien décoré.
Il y avait des peintures et des sculptures effrayantes pour objets de décorations.
Les lumières tamisées fondaient les unes dans les autres et formaient les couleurs d'un coucher de soleil. Les murs étaient peints d'un rouge étrange.
Une légère musique de fond résonnait dans tout le lieu, sans que j'en trouve la source.
-Enfin, te voilà ! Dit une voix féminine.
Une femme noire sortit d'une pièce. Elle avait la voix chantante mais cassée.
Ses cheveux étaient retenus par un foulard, puis lâchés en afro à la fin.
Elle semblait avoir la cinquantaine.
Elle était vêtue d'une jolie robe beige mais ses pieds étaient nus.
Elle s'approcha de moi d'une démarche dansante et se stoppa net.
-J'ai senti ton odeur à des kilomètres ma chérie. Je suis Monica, enchantée de te rencontrer Novaeh.
J'en fus bouche bée. Je vis Hakann se mettre de côté, contre le mur.
Elle installa une énorme casserole bouillante sur une table et retira le couvercle.
Je la regardais allumer des encens ainsi qu'une bougie en marmonnant quelque chose, mon corps complètement figé.
Elle cracha dans le mélange et il se mit à fumer encore plus. Elle touilla alors avec son doigt et mes yeux s'écarquillèrent.
Je devais partir d'ici.
-Approches, dit-elle.
Je m'approchais de l'autre côté de la table, face à elle et attendit.
-Hakann me dit que tu ne sais pas qui tu es. Ou ce que tu es. Nous allons le découvrir. Places ta main au dessus de la bouilloire.
Après hésitation, je plaçai ma main lentement et fus surprise de voir que je ne ressentais pas de brûlure. Je sentais la chaleur et la vapeur s'enrouler autour de ma main, mais rien de plus.
Elle plaça ma paume vers le plafond et plaça sa main gauche par dessus la mienne, à quelques millimètres à peine. En l'observant, je vis quelle chuchotait quelque chose très rapidement, plusieurs fois.
Ma tête commença à bourdonner et ma main aussi.
J'eus l'impression de décoller du sol. Je pouvais ressentir son énergie tout autour de moi.
C'était magnifique.
La sensation s'accentua encore et encore et encore.
Puis plus rien.
Je levais les yeux vers Monica et vis que son regard était méfiant. Elle se mordit la lèvre et réfléchit quelques instants, puis retira sa main.
Je retirais alors la mienne.
-Seelie, annonça-t-elle en se tournant vers Hakann.
-Quoi ? M'écriai-je.
-J'en étais sûr, répondit-il en nous jetant un regard de côté.
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Destinée I : Rising
ParanormalVenant tout juste de fuir mon ancienne vie et toutes les mauvaises personnes qu'elle m'amenait, je me suis retrouvée dans le trou perdu de Nestone. Après une rencontre étrange, j'ai compris que j'étais destinée à venir ici. J'ai toujours senti cette...