Destinée I : Rising

Help

 Elle tira un tabouret et y prit place.

-Comment te sens-tu ?

-Bizarre, répondis-je en fixant son regard sombre.

Quelque chose d'étrange m'attirait vers elle. Je voulais connaître son histoire. Qu'elle soit mon alliée.

-Bien. Tu m'as beaucoup rappelée moi, à ma propre cérémonie, dit-elle en souriant.

Je l'examinais du regard.

-Pourquoi es-tu là ?

Elle se redressa d'un coup, surprise.

-Et bien, je souhaite te dire que tu ne peux pas faire confiance à tout le monde, Nova. Préfères-tu croire celle qui est comme toi, ou les autres ?

Je soupirais.

-Pour l'instant je ne fais confiance à absolument personne. Pas même moi. Pas après tout ça.

-Tu voulais la tuer n'est-ce pas ?

Je me tournais brusquement vers elle.

-Quoi ?

-Je t'ai vu, après avoir lancé ta lumière, tu as continué à marcher vers elle.

Ma respiration s'accéléra et je fixais mes mains, posées sur mon ventre.

-Je ne te juges pas, crois moi. J'ai moi-même beaucoup de choses à régler avec mes ennemis. Tâches de te reposer, d'accord ? Je me charge de calmer les foules, ajouta-t-elle en tournant les talons.

La tension s'envola lorsqu'elle quitta la pièce. Je pris conscience que tout mon corps était tendu. Je soufflais en fixant le plafond. Seul une personne pouvait me donner des réponses. Une personne qui savait tout.

Alors je fermais les yeux et mon esprit divagua. Mon âme sembla quitter mon corps et je pus m'observer de loin ; je portais encore ma robe rouge.

Je quittais la pièce et trouvais la sortie du bâtiment : j'étais dans le deuxième dortoir.

Les Faes ne semblaient pas me voir.

Je courus dans l'allée de graviers et attendis que quelqu'un entre pour que les gardes puissent ouvrir la porte.

J'empruntais les escaliers et me retrouvais au deuxième étage, mais j'étais comme un fantôme ; je ne pouvais ni agir ni communiquer.

Je vis une blonde s'approcher de la bibliothèque et couru aussi vite que je pus.

Je me retrouvais alors dans son corps et vis avec ses yeux.

C'était une position très inconfortable, surtout car son esprit continuait de me repousser.

J'étais tiraillée et bousculée de tous les côtés.

J'entrais dans la bibliothèque en titubant ;

-Radella ! Criais-je.

La vielle Fae apparut à quelques mètres, soucieuse.

-Oui, ma chère ?

Elle m'examina quelques secondes et fronça les sourcils, comprenant que quelque chose d'anormal se produisait.

-Radella, j'ai besoin d'aide. Je ne sais pas ce qu'il se passe. Tu es la seule qui peut répondre à mes questions. Je me trouve dans l'autre dortoir, dans une sorte d'infirmerie... OUCH !

Je me tins la tête, qui se mit à bourdonner beaucoup trop fort. L'esprit de la jeune femme était en colère.

-Mais qu'est-ce que...

-Viens ! S'il te plaît, j'ai besoi...

J'ouvris les yeux d'un coup, me trouvant à nouveau dans mon corps, dans le lit d'infirmerie.

Je n'avais aucune idée de ce que je venais de faire, mais je savais pertinemment que les Faes n'étaient pas censées le faire.

On m'avait enseigné que les Unseelies étaient liées a ce qui était mort. Les Seelies, à ce qui est vivant.

Je compris donc que le rituel avait créé une sorte de lien entre les morts et moi. Cette sensation de ténèbres était véritablement effrayante. Je ne me sentais pas seule.

La porte s'ouvrit et je retins mon souffle lorsque je vis Radella apparaître. Je n'arrivais pas à décrypter son humeur.

Elle referma la porte à clé et s'approcha de moi sans dire un mot.

Elle posa une main sur la mienne, me regardant étrangement et plongeant son regard plein de sagesse dans le mien.

Finalement, elle soupira et prit place là où se trouvait Orla il y a quelques minutes.

-Tu as des dons qui sortent du commun, mais c'était prévisible, commença-t-elle. Les Unseelies sont souvent vues par les autres espèces comme de « mauvaises » Faes, mais cela n'est pas le cas. Tu es juste liée à ce qui n'est plus. Tu puises ta magie là-dedans, ce qui la rend sombre, et donc plus forte.

Ses explications allégèrent mon esprit. C'était la seule personne qui avait su trouver les bons mots pour m'expliquer cela. Mon coeur cessa de s'affoler.

-Entends-tu des voix ?

Je hochais la tête.

-C'est rare, mais ce n'est pas impossible. Tu arriveras à les canaliser, je t'aiderais.

Je sentis une larme couler sur ma joue et ma gorge se noua.

Finalement, j'éclatais en sanglots, perdue.

Je me sentais à ma place, mais je ne me sentais pas prête à affronter tout cela. C'était trop d'un coup et trop de responsabilités.

-Je ne me sens pas seule, Radella. Je ne me sens pas observée, mais conseillée, chuchotais-je après un bout de temps.

Elle repoussa ses longs cheveux blancs en arrière et fronça les sourcils ;

-Alors c'est bon signe, elles sont là pour t'aider. Je crois savoir qui elles sont. Ce sont tes ancêtres. Celles qui étaient comme toi et qui avaient besoin d'aide. Elles sont là maintenant car tu en as besoin.

J'essuyais mes joues.

-Combien de temps je suis restée ici ? Lui demandais-je.

-Cela fera trois jours ce soir. J'attendais que tu me fasses signe, et tu l'a fais.

J'écarquillais les yeux.

Trois jours ?

Je devais me sortir de là.

Je devais donner des nouvelles à Lucy.

Que s'était-il passé ces trois derniers jours ?

-Est ce que c'est normal de rester aussi longtemps ? Je veux dire, les autres Faes viennent ici aussi ?

-Les autres Faes n'utilisent pas de magie aussi forte dès la cérémonie, et ne se cognent pas le crâne sur du marbre, fit-elle en repoussant une mèche de cheveux derrière mon oreille.

Je soupirais et me redressais enfin, prête à quitter cette pièce.

Je sais que toutes les décisions que tu prendras seront les bonnes. Nous avions besoin de quelqu'un comme toi.

Je hochais la tête et regardais Radella se lever, puis quitter la pièce.

Anxieuse, j'ôtais les couvertures d'un geste brusque et posais les pieds à terre, ayant du mal à marcher. Mon dos me faisait extrêmement souffrir et mes jambes étaient engourdies.

Je lissais ma robe rouge avec mes mains et pris mon temps pour rejoindre mon dortoir.

Tous les regards étaient rivés sur moi.