Chapitre 1 : Lien étrange

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Lucy apparut au loin, me faisant signe de la rejoindre et je me levais, passant mon sac sur mon épaule.

Alors je sentis quelque chose. Une odeur étrange, ainsi qu'une présence.

Je fis un pas vers Lucy, mais le temps semblait comme arrêté ; un homme venait de s'approcher du bar.

Tous les clients ici étaient des clients habitués. Je ne l'avais jamais vu, mais il me semblait étrangement familier. Familier mais dangereux.

Il balaya la pièce du regard et arrêta son regard sombre sur moi. Je ne saurais comment le décrire, mais je sentis qu'il le ressentait également.

Quelque chose.

Un lien.

Comme... De la magie ?

Tout mon corps fut prit d'électrochocs et mon cerveau fit apparaître des paillettes partout dans la pièce.

C'était un homme brun, grand, fort.

Ses cheveux bruns, repoussés derrière ses oreilles, étaient trop longs à mon goût.

Alors je détachais mon regard du sien et tout s'envola. Les paillettes, les fourmis, la magie. Le temps reprit son cours et Lucy levait toujours sa main pour me faire signe.

Je la rejoignis en faisant de grands pas et évitais le regard de l'homme en me précipitant vers la sortie, encore sonnée.

**

Quand les gens me demandent si je suis heureuse, je ne sais jamais vraiment quoi répondre. Je ne peux pas vraiment me questionner et poser de mots dessus. Mais je pense que je pleure trop souvent pour quelqu'un « d'heureux ».

Je me relus une dernière fois, puis publiais l'article en soupirant fortement, avant de refermer mon PC.

Pour me sortir cette rencontre étrange de la tête, j'avais passé la journée enfermée dans ma chambre, les fesses posées sur ma chaise.

J'étais parvenue à terminer une dissertation plutôt décente et avait publié un article en réponse à mes followers.

Je tenais un blog depuis quelques mois maintenant. J'avais tout raconté. Tout en détails sans être trop explicite et en essayant de rester poétique et profonde. Mon professeur d'écriture m'avait dit une fois que cela était « ma force ».

En ligne, j'étais devenue une sensation ; anonyme bien sûr. J'avais des milliers de lecteurs, toujours plus avides chaque mois.

J'avais également reçu énormément de soutien et de messages d'aide, et tentait d'aider le plus possible les gens qui m'envoyaient des messages, sollicitant parfois l'aide de Lucy.

Je me levais enfin en m'étirant et entendit Lucy se préparer dans la salle de bain.

Ma porte s'ouvrit lentement, puis le visage doux de Lucy apparut ;

-Veux-tu baisser cette musique assourdissante ? Demanda-t-elle.

J'ouvris ma fenêtre et humais l'air frais.

J'étais pressée de voir les réactions de mes lecteurs sur mon nouvel article. Pressée de retourner à la fac aussi, pour rendre -enfin- ma dissertation.

-Désolée, je ne faisais même plus attention.

Je me dirigeais vers mon bureau et baissais le son de mon enceinte, ou du dubstep jouait à fond.

-Je préfère quand tu écoutes du Solange, ou du Mozart, lâcha-t-elle en entrant.

-Wouah, tu es superbe ! M'exclamais-je en admirant sa robe rouge.

Elle sourit à pleines dents et eut un mouvement d'épaule.

-Eh oui ! J'ai décidé de sortir pour me changer les idées, tu viens ? Cela pourrait te faire du bien, étant donné que tu es resté ici à écrire toute la journée.

-Hey ! Je ne te vanne pas quand tu peins pendant des nuits entières, répliquais-je pour la charrier.

Elle s'avoua vaincue et me proposa une seconde fois, mais je déclinais.

-Bien, alors sois sage, fit-elle en me donnant une accolade.

-Tu as pu terminer ta dissert' sur les réseaux sociaux et leurs effets néfastes ? Dit-elle en marquant le dernier mot d'ironie.

-Ouais, ça à été vachement difficile venant d'une jeune qui passe son temps sur Instagram, et tient un blog... Mais j'ai bien conscience que je n'arrive pas à décrocher. On est tous empêtrés la dedans, impossible d'en sortir.

-Ce n'est pas juste toi, fit-elle en haussant les épaules. C'est notre génération qui veut ça.

-Je sais, mais une génération est un ensemble de personnes. Il y a forcément des cas particuliers dans cette...Foule immense.

Elle hocha la tête après avoir réfléchi quelques temps.

-Bon, je pense que l'on vient juste de faire un résumé entier de ce que je viens d'écrire. Ce qui me fait douter du contenu, déclarais-je en regardant ma feuille de brouillon sur mon bureau.

-T'inquiètes, si tu n'as pas une note de fou, tu auras plus de la moyenne, j'en mets ma main à couper. Bon, je dois filer, bisous !

Je la regardais partir en écoutant le son de ses talons claquer sur le sol.

Je m'approchais de mon mur de photos, où j'avais également accroché des post-it de phrases qui me venaient à l'esprit.

«J'ai l'impression que de grandes choses m'attendent quelque part. Mais je suis incapable de trouver cet endroit. »

La brise fraîche me fit frissonner des pieds à la tête et je partis fermer la fenêtre. Le paysage était triste et les arbres étaient sans feuilles. Le ciel était tout gris et rien ne semblait avoir de couleur. Des tas de feuilles mortes humides traînaient par ci par là et les voitures laissaient des traces de boue sur la route.

Ce n'était définitivement pas ma saison préférée.

Je remontais le son de la musique pleines de basses et me dirigeais vers la salle de bain.

Je n'avais même pas penser à prendre ma douche et n'avais rien avalé.

Vous connaissez les conséquences d'un traumatisme tel que le mien ? Une perte de plus de dix kilos et une thérapie de plusieurs années.

Je me plantais devant le miroir de notre petite salle de bain, collée à ma chambre et me regardais en soupirant.

Mes yeux marrons recommençaient à briller de temps en temps, et semblaient parfois noisette. Mon nez moyen était percé d'un piercing au septum et à la narine gauche.

Ma bouche plutôt pulpeuse et mes longs cheveux noirs, souvent très brillants, étaient ma plus grande fierté.

Mes sourcils broussailleux étaient brossés et épilés à la perfection, grâce à Lucy.

En plus d'être une dessinatrice et une peintre hors pair, elle essayait également toutes ses idées de maquillage sur moi ; ce qui impliquait énormément de paillettes.

Je ressemblais étrangement à ma mère.

Mes deux parents venaient de Saïda, une magnifique ville du Liban.

Je n'ai jamais été extrêmement proche d'eux, mais je n'ai jamais manqué de rien. J'ai eu une bonne éducation et j'arrive à communiquer assez facilement mes émotions.

J'en étais plutôt fière.

Bien sûr, tout avait déraillé lorsque je l'ai rencontré, lui.

Je secouais la tête pour chasser ces pensées et le visage de l'homme inconnu s'imposa à mon esprit. 

Destinée I : RisingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant