Chapitre seize : Et le troisième ?

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Écrit par Erell C.
~ Princess ~
12 Août 2019

J'espère que le trajet va être rapide. Je ne me sens vraiment pas bien et j'aimerais prendre une infusion d'algues avant d'aller me reposer dans mon lit ce soir.
Princess pensait déjà à son retour au royaume sous la mer. Les garçons leur avaient dit que ce chariot allait les conduire directement à la mer, et il y avait intérêt à ce que ça soit vrai, parce qu'elle avait le mal du pays et un bon mal de crane de la veille.
Sorcière ne semblait pas aller beaucoup mieux. Elle avait peut-être l'habitude de faire la fête jusqu'à l'aube dans son marais, mais elle accusait quand même le coup de la soirée d'hier. Elle somnolait, avachie dans un coin du chariot, repliée sur elle-même, un de ses tissus sur la tête.

Pendant que Sorcière essayait de récupérer, Princess observa le chariot. Leur moyen de transport était des plus vétustes : une simple caisse en bois consolidée ici et là, montée sur quatre roues, et basta. Pas de sièges aménagés pour les passagers, et pas d'attelage pour le tirer ni de chauffeur. Princess essaya de se rassurer en se disant qu'il devait avancer sur les rails avec un système de guidage automatique.

Elle détailla ensuite les autres passagers, au fur et à mesure qu'ils arrivaient. Il y a avait beaucoup de voyageurs avec des gros bagages, quelques ouvriers rentrant chez eux ou allant au travail, elle ne saurait dire, et une mère avec ses deux enfants braillant sans arrêt. Ça faisait maintenant deux heures qu'elles étaient montées à bord du chariot, et les garçons avaient dit qu'il partirait dans 15 min. Princess commençait sérieusement à s'impatienter. Alors qu'elle s’apprêtait à demander à être remboursée si le chariot ne partait pas dans la minute, quatre personnes de plus arrivèrent. Les gardiens les firent monter, fermèrent la porte du chariot et, estimant que les passagers était suffisamment entassés les uns sur les autres.
Ils donnèrent le signal du départ.

« Pas trop tôt » maugréa Princess.
« Qu'est-ce que tu dis ? » dit Sorcière qui comatait toujours à moitié.
« Rien. Pousse toi un peu, j’étouffe là dedans. Et accroche toi, on démarre. »

Le chariot s'ébranla. Princess poussa un soupir de soulagement. Enfin, du mouvement. Elle serait bientôt de retour chez elle et pourrait reprendre sa vie sous l'eau. Mais elle déchanta bien vite. En fait de trajet rapide, le chariot était plutôt du genre à s'arrêter à chaque embranchement. A chacun des personnes sur le bord des rails faisaient signe pour s'ajouter au nombre grandissant. Sans compter les passagers qui voulaient descendre.

Les deux filles, coincées au fond du chariot, subissaient le va-et-viens incessant des passagers, sans rien dire mais en maudissant intérieurement ceux qui les avaient conseillé ce moyen de transport.
Au détour d'un virage, un nouveau groupe de passagers monta. Trois petits êtres barbus, l'un portant une pelle, le deuxième portant un pioche. Le troisième écrasa le pied de Sorcière en montant dans le chariot. Ils parlaient fort et rigolaient d'une blague qu'ils avaient faite à un ami la nuit dernière à la taverne.
« Oh, moins de bruit s'il vous plaît, y en a qui essaient de dormir » grommela Sorcière à l'attention des nouveaux arrivant.
« Quoi, qu'est-ce qu'elle a la vagabonde ? T'es pas contente d'avoir de la compagnie ? Pourtant, on est de très bons compagnons de route, on peut vous faire passer le temps, à ta copine et à toi » proposa le premier nain.
« Non merci, on veut juste qu'on nous fiche la paix. A moins que vous ayez une aspirine, vous ne pourrez pas rendre ce voyage plus agréable. » intervint Princess.

« Mais si ! Imagine, nous trois allons à la mine. Lui prend sa pelle, Lui sa pioche... Et moi je prend quoi ? »
« Je sais pas... rien du tout ? » proposa Sorcière en regardant les mains et les poches vides de son interlocuteur.
« Non, non, cherches encore ! Écoutes bien, c'est pas difficile : Lui prend une pelle. Lui une pioche. Et moi? ... »
« Pas une brosse à dent en tout cas » siffla Princess entre ses dents, balayant l'air de sa main devant son nez pour chasser la mauvaise haleine qui s'échappait de la bouche de son interlocuteur.
« Une... euh... un...attendez je vais trouver... » dit Sorcière, prise au jeu. « Une outre ? Pour se désaltérer. C'est important de bien s'hydrater toute la journée, surtout quand on travail dur. »

Surtout avec une bonne gueule de bois. ajouta-t-elle dans sa tête.
« T'y es pas du tout ! Concentre toi bien. »

Les trois ne cessaient de répéter la même chose en ricanant. Princess regardait de loin avec dédain. Elle ne comprenait pas comment Sorcière pouvait réfléchir sur une blague aussi nulle.
« Ça va j'ai compris je suis pas stupide ! » s'énerva Sorcière. « Donne moi plutôt un indice »
Les trois s’esclaffèrent : « Non pas d'indice, moi je prend la pelle... » « Moi la pioche... » « Et Moi... »
« Ça suffit ce petit jeu débile ! » coupa Princess. « J'en peux plus, je suffoque dans ce tas de bois sur roue. Et vous me donnez une migraine encore pire que celle que j'avais quand je me suis réveillée ce matin. Il faut que je descende prendre l'air. »
« Mais on est pas du tout arrivé ! » tenta de protester Sorcière.
« Je m'en fous, il faut que je sorte d'ici ou je vais exploser ! Chariot – ou qui que ce soit qui contrôle cet engin de malheur – on descend là. » ordonna Princess.

Dans un énième grincement de métal, le chariot s'arrêta au milieu de la voie. Les filles se frayèrent un chemin entre les passagers pour pouvoir en descendre. Alors qu'elles se réjouissaient de quitter le chariot et ses passagers casse-tête, les trois individu les apostrophèrent :
« Eh, attend ! Tu ne peux pas partir comme ça, sans avoir résolu l'énigme ! Tu était si près du but, c'est dommage. Allez, un petit effort. Lui il prend quoi ? »
« Il prend la tête, voilà ce qu'il prend ! » lui répondit Princess, excédée.
Les trois se regardèrent « … Oui, c'est ça mais comment??? »
Princess était déjà à s’éloigner. Sorcière la regardait avec plein de question dans les yeux : « Depuis quand tu avais compris ? » Princess haussa les épaules.

« Bon d'accord... Et maintenant on va où ? » demanda Sorcière, regardant autour d'elle.
Elles étaient sous la montagne, au milieu d'un dédale de rails et de tunnels, et la perspective d'apercevoir la mer semblait bien loin à présent.
« Je ne sais pas » répondit Princess. « Essayons de trouver un autre chariot qui nous ramène à la surface, j'ai besoin d'air pur. »
Et les deux filles s'assirent sur le bord de la voie, dans l'attente d'un prochain chariot bondé qui les ramènerait vers des terres plus hospitalières. Princess essaya de mettre a profit ce temps pour dormir un peu, mais c’était peine perdue. Son humeur était toujours aussi massacrante.
Un chariot arriva deux heures plus tard.
« Vous allez où ? » demanda-t-elle brusquement au gardien du wagon qui lui ouvrait la porte.
« En haut » répondit-il succinctement.
« Ça fera l'affaire » conclut Princess. « Allez, on monte, qu'on sorte d'ici » lança-t-elle en direction de Sorcière.

Le trajet fut rapide. Le soleil les éblouit lorsqu'elles refirent surface. Au premier arrêt, elles descendirent.
« 20 pièces » annonça le gardien en tendant la main pour se faire payer ses services.
« Comment ça 20 ? Vous avez dit 10 tout à l'heure ».
« Oui, 10 par personne. 10 plus 10, ça fait 20 »
« Non, non, pas d'accord, vous avez dit 10. Je vous ai demandé 5+5 ? Vous avez hoche de la tête pour dire oui. C'est quoi cette arnaque ? »
« C'est 20 pièces pour deux personnes. N'est-ce pas ? » lança le wagonnier pour prendre à parti les autres passagers, qui regardaient ostensiblement ailleurs.
« Vas-y, lâche les 20 pièces, t'es pétée de thunes de toute façon t'es une princesse, tu t'en fous » conseilla Sorcière.
« Peut-être, mais c'est une question de principe, j'aime pas me faire arnaquer ». Mais finit par donner les pièce en grommelant.

Elle était tellement fatiguée et énervée qu'elle voulait se débarrasser au plus vite du problème et trouver un coin tranquille pour se reposer, loin de tout le monde.

Elle était tellement fatiguée et énervée qu'elle voulait se débarrasser au plus vite du problème et trouver un coin tranquille pour se reposer, loin de tout le monde

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Le poisson, le singe et la lune.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant