Chapitre dix-sept : Les deux Djiins

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Écrit par Ouassila Kha
~ Sorcière ~
20 Août 2019

L'agacement semblait allonger le pas de Princess et Sorcière peinait à la rattraper. Elles entrèrent dans un village sans même s'en apercevoir, tellement concentrées sur leurs pensées respectives. Trottinant derrière Princess qui grommelait, Sorcière, nez en l'air comme à son habitude, admirait les maisons. Elles étaient plutôt mignonnes avec leurs volets branlants et leurs trous aux murs. Le petit village d'argile grimpait sur le flanc de la montagne et frappait les oreilles par son silence.
C'est zarb ce silence. On dirait qu'il y a pas un chat ici... c'est flippant. C'est trop calme. Je préfère quand c'est un peu moins calme.
Leurs pas claquaient sur les rochers qui pavaient le chemin. Sorcière dans un élan paranoïaque, vérifia le chemin parcouru. Son sang se glaça. Derrière se trouvait, un terrible être à quatre pattes, cornu, à la barbiche qui bougeait au rythme d'une mastication assurée. Sorcière c'était arrêtée et lui faisait face. Quand l'horrible animal fut rejointe par deux petits gabarits de la même espèce, Sorcière fit deux pas en arrière. Elles sont trop nombreuses ! Marchant prudemment et à reculons, elle culbuta le dos de Princess qui c'était arrêtée au milieu de la route.
Sorcière colla son dos à celui de Princess et lui murmura, « Attention, derrière toi... devant moi... y a des bêtes qui nous regardent... Sure qu'elles préparent un mauvais coup. »
Une goutte de sueur lui coula le long de la nuque et ça n'était pas la sienne. Sorcière ajouta à mi-voix
« Ne me dis pas que ces horribles bestioles nous encerclent. »
« Oh que si il y en à beaucoup. Et ça nous regarde avec leurs petits yeux ronds... »
« Cela aussi sont en train de mastiquer comme s'ils s'imaginent nous mâchouiller ? »
« Oui. Avec un petit filet de bave qui coule... »
« Et leur cornes menaçantes ? »
« Leurs cornes ? Mais enfin ça n'a pas de corne ! De quoi tu parle toi ? »
« Tu n'as pas des chèvres devant toi ? » demanda Sorcière étonnée.
« Oh non... C'est bien pire que les chèvres... Ne te retourne pas » dit Princess sur un ton effrayant.
Sorcière, trop curieuse, voulu jeter un coup d'œil discret et fit brutalement volte face. Elle se recolla bien vite au dos protecteur que Princess.
« Mais c'est horrible ! C'est des... des... »
« Oui... »
« Et ils sont si nombreux... »
« Il en arrive de minute en minute... »
« Merde ! On fait quoi? »
Un vent de panique et d'odeurs nauséabondes souffla sur les filles piégées entre ses êtres terrifiants et répugnants.

Elles balayèrent du regard le reste du village pour s'apercevoir avec effroi que entre chaque maison s'avançaient vers elles des chèvres. Et bien pire ! Chaque portes de maisons s'entrouvraient pour laisser surgir lentement la plus terrifiante des créature : des enfants.
Il en sortait des rues, des escaliers, des portes, des fenêtres, des murets et d'où sait-on encore.
Je suis pas assez vieille pour mourir ainsi !
Sorcière s'imaginait déjà milles supplices que ces monstres pourraient leurs faire subir. Princess derrière frissonnait et c'était un tremblement communicatif. Encerclées, terrorisées, elles étaient paralysées. Soudain un cri immonde retenti. Un rire mauvais annonçant le pire. Ce fut ce rire cristallin et enfantin qui, transperçant leurs os jusqu'à la moelle, leur permit de passer au stade supérieur de la peur : la fuite. Princess accrocha le bras de Sorcière, qui soulagée de ne pas devoir choisir la direction, la suivit à toutes jambes. Elles coururent longtemps et hurlant pour ne s'arrêter qu'à bout de souffle, quand le village avaient enfin disparu le leur ligne d'horizon.

L'histoire du village raconta par la suite comment, par une chaude journée de moisson, aux heures où tout le monde était aux champs, ne laissant qu'animaux et enfants dans le village, deux génies passèrent. Ces terribles esprit hurleur étaient sûrement là pour annoncer un terrible malheur qui s'abattrait sur les nouvelles générations. Il fallu de nombreux sacrifices pour essayer d’apaiser les ancêtres, et être sur que ces deux génies tourmenteurs ne reviendraient plus. Les vieux, enfants à l'époque, frissonnent encore en se remémorant les cris stridents de ces êtres d'un autre monde.
Les chèvres quand à elles, plus pragmatique, ne se formalisèrent pas de ce passage de deux folles sur leurs territoires. Mais elles déplorèrent la réaction excessive du village qui causa un massacre inutile de beaucoup d'entre-elles.

 Mais elles déplorèrent la réaction excessive du village qui causa un massacre inutile de beaucoup d'entre-elles

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Le poisson, le singe et la lune.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant