Sentiments intelligents { TOME I, II & III}

TOME II | 24° : Porte sept

- Bordel mais Lucy qu'est-ce que tu fous dans cet arbre ?! Hurla la mangeuse.

Perchée sur son cerisier, la jeune femme aux longs cheveux de blé était tombée dans les bras de Morphée. Voilà bien deux heures que la française s'est assoupie sur une branche du vieil arbre fleuri. Après avoir rêvé de mille et une aventures celle de Lucy reprit finalement cours, non sans l'aide de Célia. Affolée par ce hurlement soudain, elle ne contrôla pas ses mouvements et se retrouva tête en bas, ayant failli tomber au sol. Voilà que par sa maladresse - qu'on ne cite plus - elle se retrouva, par la seule prise que ses jambes ont autour de la branche, tête retournée face à celle de la femme aux cheveux carrés venant de se relever. Célia, n'étant pas préparée à la découvrir dans ce cerisier, n'avait pû contenir son cri. Comment aurait-elle réussi à deviner que la disparue se trouvait à à peine plus d'un mètre au-dessus d'elle ? La voyant tomber, elle tenta de la surélever mais sa force manqua.

- Lucy attention ! Je... essaye de redescendre doucement ! La conseilla-t-elle.

- Oui... je... je vais essayer... Dit la blonde, sa surprise perdurant.

En effet, la française ne pouvait pas nier que la situation la décontenançait. D'une part, elle s'était réveillée il y a elle-ne-sait-combien de temps dans un endroit totalement inconnu, branchée à des machines infernales pour finalement de faire courser par des hommes en costume. Deuxièmement, elle venait de se faire tirer de son sommeil par un hurlement aïgue et plutôt désagréable. D'une autre part, elle était tête la première vers le sol, faisant du ciel le sien. Pour finir, en dessous d'elle, se trouvait Célia Hills, petite sœur de son amour perdu. De plus, elle l'aidait à redescendre alors que quelque jours plus tôt, elle aurait été prête à parier qu'elle l'aurait seulement regardée tomber un sourire aux lèvres. Une vision peut être extrême mais vu la giffle qu'elle s'était prise, nous pouvons aisément comprendre son point de vue.

- Bon... à trois tu lâches la branche et je te rattrape ! Dit peu sûrement Célia.

- D'a... d'accord...

Célia commença en bégayant légèrement le décompte. Lucy, elle, tremblait d'inquiétude. Et si elle la laissait tomber ? Et si elle voulait se venger du mal qu'elle a engendré ?

- D-deux...

Après tout pourquoi l'aiderait-elle ? Elle qui a mis à néant son monde...

- Et trois...

Elle la regarda et la vit écarter les bras, prête à l'accueillir. Elle vis ses fins bras trembler légèrement, ne la rassurant pas. Mais elle remarqua son regard. Ses yeux, remplis d'une lueur pareille à la détermination. C'est décidé. Elle doit lui faire confiance.

Elle ferma les yeux avant de désserrer l'emprise que ses jambes avaient autour de la fine branche et tomba alors de l'arbre, droit sur la manageuse. Celle-ci se pressa de serrer la blonde contre elle, la faisant vaciller. Le problème fût de retourner Lucy, la tête à une dizaine de centimètres du sol. Célia la retourna, bizarrement certes, et réussi à la remettre dans le bon sens. Néanmoins, leurs jambes s'emmêlèrent et les firent s'écrouler sur la colline. Par réflèxe, elles se serrèrent l'une contre l'autre en poussant un cri d'effroi.

Dû à la raideur de la pente, les deux corps emmêlés des jeunes femmes roulèrent encore et encore. Telles deux barils, les deux femmes dévalèrent la colline aux pétales roses jusqu'au lac. Dans un considérable bruit d'eau, elles finirent leur course endiablée près d'un groupe de cygnes. Ceux-ci s'envolèrent alors majestueusement dans le ciel azur en poussant de légers bruits d'ailes. Les deux femmes sortirent la tête de l'eau, faisant valser leur chevelure dans l'air accompagnée de gouttes d'eau. Elles s'essuyèrent tant bien que mal le visage avant de se regarder. Elles se fixèrent un moment avant que la blonde n'essaye de débuter une conversation.