Du rire aux larmes

Foyer

J'aillais avoir quinze ans.

C'est durant cette année que, pour moi, ça devient un peu plus compliqué. Je suis suivie par une éducatrice. Ont va dire que la DDASS connaissaient déjà notre dossier. La juge des enfants a décidé de me placer au foyer.

Le foyer de la Robertsau à Strasbourg. J'allais savoir qu'est-ce que c'était de vivre, seule, loin de sa famille. J'étais tellement triste d'être séparée d'Elias. C'est moi qui l'amenais à l'école et qui lui donnais à manger entre midi et deux.

Avec les filles, on n'avait même trouvé un moyen pour l'amener avec nous à la piscine. Comme on était mineurs, on n'avait  pas le droit de rentrer avec lui. Du coup, on le fessait  passer par un passage qu'on avait créé dans les barbelés autour de la piscine.

Alors, au lieu d'aller à l'école, je préférais aller le voir quand il était à la récré, en maternelle. Il restait  avec moi tout le long de la récré derrière ces barreaux d'école.

Le foyer, j'y suis pas restée si longtemps que ça. Je dirais un peu plus d'une année. J'avais fait une chute là-bas, d'une hauteur de huit mètres, l'équivalent de trois étages d'un immeuble normal. C'était la dernière fenêtre du milieu de la maison Alsacienne que vous pouvez apercevoir sur la photo du titre. A force de m'installer au rebord de la fenêtre, j'ai fini par tomber. J'ai eu cinq vertèbres tassées, l'épaule gauche déboîtée, fracture au poignet, fracture à la cheville, et un trou d'air au poumon. J'étais alitée un mois et en chaise roulante pendant un mois.

Il me restait quelques mois avant d'avoir dix-huit ans quand ils voulaient m'envoyer en CEF . Ils m'avaient  fait visiter le centre. C'était tellement effrayant que j'ai pris la fuite.

« Tchao tchao le foyer j'me barre », la chanson de Keny Arkana qui tournait en boucle dans ma tête.

Pendant ce temps, j'étais officiellement en fugue.

J'étais partie vivre chez ma soeur Sabrina, avec Faouzi, Yacine, Sofien, Ines et Mouss (le papa d'Inès).
On était tous confinés dans ce trois pièces au Neuhof. Vu la situation, j'allais souvent chez Bina qui habitait  pas loin. Je vivais là et là-bas.
Autant vous dire que mon accident m'a servi de leçon. J'avais envie d'aller de l'avant.

2009-2011

J'ai dix-huit ans, enfin majeur mais j'ai toujours une éducatrice qui me suit. J'avais trouvé  un employeur pour passer un CAP vente Alimentaire. Mon éduc s'est arrangée pour me trouver un foyer jeune travailleur. Ca allait être différent de celui de la Robertsau.

C'est un foyer certes, mais avec des vrais appartements divisés en trois secteurs. A droite, il y a les couples avec des enfants dans des T3-T4. Au milieu, il y a les jeunes majeurs, puis, tout le côté gauche, c'était le secteur des jeunes travailleurs, dans des T1-T2. Chacun avait une entrée séparée, avec des boîtes aux lettres et une laverie.

Il y avait Myriam à droite chez les couples. Elle venait d'avoir son premier bébé. Du coup, on était là l'une pour l'autre.
Quand Myriam est partie, c'est Sonia qui l'a suivie l'année d'après. (Elles ont presque fait le même parcours)

Il y avait le lycée Jean Geiller juste en face, j'étais contente. C'est là-bas que j'ai passé mes deux années de CAP en alternance, au salon de thé Martine à la Meinau.
Avec mon éduc, pendant mon CAP, on a cherché un vrai appartement. Mon premier logement où j'allais enfin savoir ce que c'est la vie avec des véritables responsabilités.

Ces à dix mètres du salon de thé Martine que le gps s'arrête. On avait rendez-vous pour visiter un appartement. Je connaissais bien le secteur vu que j'y travaillais. Je trouve la Meinau conviviale. Mon éduc, elle est trop cool. C'était une meuf du Hohberg.
Elle s'est fait passer pour ma grande sœur devant le proprio. Vérifier que tout soit en ordre, poser les bonnes questions à ma place. Elle était bienveillante

(C'est Elias et Kayla sur les photos)