La vie, la bas

478 37 2
                                    

Février 2015.

On continue à discuter avec Bina. Elle nous annonce une triste nouvelle pour elle. Son mari est décédé d'un accident de moto. Elle l'aimait beaucoup. Elle était enceinte de lui et les règles sont strictes là-bas. Normalement, une femme seule jamais mariée doit retourner au makar qui est un endroit où toutes les femmes seules vivent ensemble. C'est une sorte de grand foyer d'hébergement.

Mais elle était déjà mariée et enceinte. Elle a eu le droit de rester chez elle. Et dans son cas, elle doit observer une période de viduité de sept mois jusqu'à la fin de sa grossesse.

Donc, elle ne sort pas trop. Elle passe son temps à nous envoyer des nouvelles recettes de cuisine, pendant que Kayla se rend à l'école. C'est elle que vous pouvez apercevoir sur la photo du titre. Vêtue de son petit foulard bleu, le Coran à la main, elle se rends à l'école quand elle a croisé le chemin d'Abou Barou.

Vous savez, c'est la connaissance que Yacine avait et qui s'était rendue en Syrie. C'était l'auteur de la vidéo des deux petits garçons armés de mitraillettes qui avaient fait la une de BFM ; l'un, en pull rouge, venait de Strasbourg et, l'autre, en pull gris, de Toulouse.

Bref, lui savait que c'était la fille à mon frère. D'ailleurs, Yacine avait déjà essayé de rentrer en contact par intermédiaire pour essayer de convenir d'un deal pour récupérer Kayla. Mais bien sûr, ça n'avait rien donné ! Donc, il a croisé Kayla et il l'a pris en photo, puis, il s'est arrangé pour qu'ont la reçois.

Cette nouvelle avait mis Bina en colère. Elle m'a dit qu'elle réglera ça avec le tribunal islamique, qu'il n'avait pas à prendre Kayla en photo sans son accord et qu'il aurait de sérieux problèmes !

On commençait à se faire une raison. Remarquez qu'elle était plus sensible à nos paroles quand elle s'est retrouvée seule. Sans mari, c'est vrai qu'elle était plus attentive. Elle se rendait compte que la vie était très difficile là-bas. Avec tous les décès qu'on entend, toutes nos invocations son pour elles. Forcément, elle commençait à manquer d'argent. Ça nous laissait pas insensibles. Qui, surtout quand c'est pour sa sœur avec sa nièce enceinte dans pays en guerre, ne lui enverrait pas d'argent ?

Quand c'est ton sang, qu'importe ses choix.
On n'a toujours eu l'espoir qu'elle change d'avis, qu'elle essaye de revenir si elle le peut, ou d'aller en Tunisie si c'est faisable.
Dans cette histoire, je réalise qu'il existe des voyages impardonnables !
Et, sincèrement au début, pour moi cela n'était pas illégal de lui envoyer des sous. J'avais toujours fait des transactions d'argent avec elle auparavant dans plusieurs pays différents et il n'y avait jamais eu de souci.

13 novembre 2015

Les attentats du bataclan

Comme des milliers de personnes en France, je suis sous le choc ! Je me dis que ça aurait pu tomber sur nous, que ça va trop loin et que c'est une véritable scène de guerre qui se déroule en France !
En même temps, je commence à m'habituer à ces scènes de guerre. Entre l'actualité que je suivais, les faux comptes que j'avais créés pour essayer de comprendre ce mouvement, j'en voyais des vidéos de guerre défiler, des personnes qui essayent de sauver des enfants de sous les décombres.

Moi qui était loin de tout ça ? Ça m'a permise de jeter un regard sur le monde, de voir dans quel état il se trouve. J'étais outrée part la misère du monde. Comment peut-on dans un pays se goinfrer et, dans l'autre, mourir de faim ?

J'avais du mal à me dire que Bina avait rejoint ce groupe qui terrorisait tout le monde.
Autant, à force de regarder ces vidéos sur Internet, je commençais à nourrir une certaine haine.
La haine de la peur, si je peux l'appeler comme ça. Ce genre de vidéos peut que vous fendre le cœur et, là, de me dire que peut-être un de ces avions tuera ma nièce, ma sœur. (Parce que c'est comme ça que je la considère), alors oui j'avais les nerfs que la France ne peut pas récupérer mon bébé mais peut la tuer !

Je pense que si la France ne s'en 'était pas mêlée, ils auraient pas commis d'attentats ici. Mon point de vue est qu'on a été les victimes de leurs politiques.

Du rire aux larmes Où les histoires vivent. Découvrez maintenant