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PDV de Jo

Déjà quarante minutes que je suis avachi sur le sol de ces toilettes. Mes larmes se sont taries à force de couler. J'ai mal au crâne et l'envie de vomir n'est pas loin mais je n'ai plus aucune force pour me mettre debout.

J'ai envie de m'allonger et de fermer les yeux juste pour dormir un peu. D'ailleurs mes yeux commencent à se fermer tous seuls mais je ne peux pas rester là.

Je pense que je vais aller chez Pierre. Il m'accueillera sans poser de questions et si je lui demande de ne rien dire à Annie, il tiendra parole même s'il n'aime pas lui cacher des choses. Ce couple ne fait qu'un. Des vrais fusionnels.

Désolé pour la surprise que m'avait réservé Frédéric. J'ignore ce que c'est mais au pire je le rembourserai.

Je repense inlassablement à Emmanuelle et à chaque fois je revois ce regard se figer dans mon esprit.

Avec le peu de courage qu'il me reste j'arrive à me remettre debout mais les forces me manquent cruellement. Je commence sérieusement à regretter d'avoir bu autant mais de toute façon il est trop tard.

Il est trop tard pour apprécier cette journée.

Il est sûrement trop tard pour espérer qu'Emma veuille encore de moi aussi.

Elle me manque mais je ne veux plus la revoir. Si elle m'aimait vraiment, elle n'aurait pas eu cette réaction.

Que je me couche au plus vite et me relève que demain matin.

Un bruit de porte s'ouvrant violemment me fait sursauter et mon cœur se serre à m'en faire mal.

Je tourne ma tête dans sa direction et mes prunelles se concentrent sur le faciès d'un homme d'une quarantaine d'années à l'allure inquiétante. Il est grand et costaud. Il semble porter une combinaison de motard noir cuivré et il affiche un sourire au regard lubrique.

-Alors mon mignon...Ça fait un moment que je t'ai vu entrer ici et ne plus en ressortir. Aurais-tu besoin d'aide pour...? Il zyeute mon entrejambe un rictus pervers aux lèvres.

-Désolé si vous aviez besoin des toilettes mais je n'ai besoin de rien merci. J'allais en sortir d'ailleurs... Je m'avance le pas hésitant vers la porte prenant soin de laisser de l'espace à l'homme pour y entrer mais il en décide autrement pour moi en me bloquant le passage.

Par réflexe, je recule mais il s'avance vers moi au point de me coincer contre le rebord du lavabo. Son visage ne se retrouve qu'à cinq centimètres du mien. Il respire fort et je sens son souffle chaud alcoolisé qui me retourne l'estomac. Ma respiration se coupe alors que les battements de mon coeur s'accélèrent.

-Laissez-moi tranquille ! Je ne suis pas intéressé...Tout mon corps se crispe et mes mains agrippent les rebords du lavabo.

-Je te trouve à mon goût toi. Tu me plais bien. Il commence à passer sa main droite sur mon entrejambe pendant que la gauche malaxe mon épaule. Le dégoût qu'il réveille en moi me fait le repousser suffisamment fort pour qu'il en perde l'équilibre et j'en profite pour me soustraire à son emprise mais il est aussi rapide qu'imposant et il me plaque contre le mur m'empoignant la gorge si fort que je peine à respirer correctement. Impossible de crier pour alerter qui que ce soit.

-Lâchez-moi, je lui murmure.

-Pas tant que je n'en aurais pas fini avec toi ! Il embrasse l'une de mes joues lentement du bout des lèvres. Le seul réflexe que je puisse avoir à cet instant précis est de fermer les yeux le plus fort possible. Je vis un cauchemar éveillé et je n'en vois aucune issue. Je vais probablement me faire violer en pleine journée dans les toilettes d'un bar à l'hygiène douteuse.

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