Incompatibles

#88

Douze ans plus tard

PDV de Thomas

-Dépêche-toi mon T-Trist' ! Il ne faudrait pas qu'on soit en retard aujourd'hui !

-Chéri, je t'adore mais s'il te plait arrête de m'appeler comme ça ! J'ai l'impression d'avoir encore seize ans. Il me répond en baillant grandement, les cheveux en bataille comme j'aime.

Je bouscule mon chéri pour qu'il s'active à finir son petit déjeuner dans la cuisine.

Je suis toujours avec Tristan qui s'apprête à devenir mon mari dans moins de deux heures maintenant. Je suis le plus heureux des hommes auprès de lui.

Je prends le temps de le scruter assis en face de moi en train de finir de boire son café noir dans ce vieux bol ébréché qu'il se refuse à jeter. Sous prétexte  que c'est le premier cadeau que je lui ai offert quand on est venu s'installer dans cet appartement. Ça fera bientôt cinq ans le mois prochain. Mon T-Trist' est un sentimental. J'adore.

Le sourire aux lèvres, je repense au chemin parcouru à ses côtés et ça me remplit d'une certaine fierté et d'une légitimité en devenir.

-Pourquoi tu me regardes comme ça ? Il me sonde à son tour.

-Je repense à l'année de notre rencontre. J'ai l'impression que c'était hier...

-Tu sais que j'y ai pensé moi aussi hier soir avant de m'endormir dans tes bras b. Il s'était passé tellement de choses en si peu de temps. Moi le jeune ado timide qui se croyait si bizarre...

-Tu étais surtout coincé je me rappelle moi... Je le taquine toujours autant. Et à chaque fois, il en rougit. Ce qui le rend encore plus mignon à mes yeux.

-Pu-di-que ! Olalala t'es pénible avec ça...

-Bon bon ok si tu veux  ! Je passe ma main dans ses cheveux pour les ébouriffés un peu plus.

-Je t'aime b.

-Je t'aime mon T-Trist' à moi. Une petite larme chargée d'émotion se met à perler du coin de mon œil jusqu'à ma joue. Par réflexe, mon futur mari vient la chasser avec son pouce.

-Tu n'arrêtes pas de me rabâcher que je suis un sentimental mais je constate que je ne suis pas le seul finalement mon Thomy.

-C'est normal. Aujourd'hui je vais te prendre pour époux. Ce n'est pas rien. Surtout après ce qu'on a vécu si peu de temps après avoir découvert que je tenais à toi aussi fort à l'époque. Il me regarde toujours avec ce regard d'adolescent timide et trop réservé à mon goût qui m'a fait tant craqué.

-Ce soir-là à l'hôpital, j'ai cru que tu étais mort et que je ne te reverrai plus jamais de ma vie tu sais. J'avais beau n'avoir que seize ans, je t'aimais déjà comme un fou et je ne voulais plus te quitter. J'avais trouvé l'amour de ma vie. Le vrai.

-Oui je me souviens, tu étais un amour avec moi et tes parents étaient justes géniaux. Je t'enviais beaucoup pour ça...

-Ils t'ont aimé tout de suite aussi et d'ailleurs ils t'aiment toujours autant. Tu es leur gendre idéal. Maman ne jure que par toi et papa te considère comme son deuxième fils depuis ce soir-là.

-Tu te rappelles de ce que tu m'avais dit quand je me suis réveillé le lendemain et que tu m'as vu dans cette chambre d'hôpital si froide...

-Évidemment ! Mais pour l'instant mon T-Trist' va vraiment falloir se bouger là. Entre ton frère et Frédéric, sans oublier leur fils Jonathan avec sa copine Lydia qui vont bientôt débarquer, il va falloir s'habiller pour les accueillir dignement. Mes parents nous rejoigneront directement à la mairie et...

-... Et ton cher pote Kevin n'a pas intérêt à arriver en retard ! Il a ton alliance avec lui.

-Mais oui t'inquiète pas ! Je l'ai déjà eu au téléphone très tôt ce matin et il sera à l'heure avec ta bague.

T-Trist' et moi ne nous sommes jamais lâchés depuis le lycée où on s'est rencontré. On n'a pas fait les mêmes études. Mais on a été dans la même fac. Et puis quand on a fini nos études, tout naturellement on a emménagé ensemble rapidement grâce à l'aide de Nicolas et de ses parents.

Je suis déjà de nature possessive quand j'aime mais depuis avoir risqué de le perdre, je suis devenu un vrai pot de colle avec lui. Je ne supporte pas de rester trop longtemps loin de mon homme. Pour moi, je me dois de le protéger coûte que coûte. Ses parents n'ont pas su le faire et ça l'a amoché autant physiquement que psychologiquement pendant un bon moment. Alors je me suis fait la promesse de toujours veiller sur lui comme si ma vie en dépendait. Bien que ce fut et que c'est toujours le cas. Ma vie sans Tristan, c'est une vie sans amour, sans folies, sans envies, sans buts précis... J'ai de la chance qu'il s'en soit accommodé. Bien que je sais qu'il a besoin de ça aussi dans sa vie pour être rassuré. Nos caractères se complètent également. Je le bouscule et lui me tempère. Je le déride et lui m'adoucit. Je l'aime tellement.

-Il a intérêt !

-Bon et après notre mariage ? La prochaine étape ce sera quoi ?!

-Hummm un voyage en amoureux ? Une sorte de lune de miel si tu préfères.

-Je suis partant ouais ! Mais il faudra attendre au moins l'année suivante pour réunir les finances et l'organiser par contre mon chéri.

-Avec toi à mes cotés, j'attendrai jusqu'à l'infini s'il le faut mon Thomy.

-Alors c'est parfait ! Mais en attendant si tu veux, on pourra toujours essayer de faire un bébé... Je le regarde lascivement.

Il me regarde choqué en ouvrant si grands ses yeux que j'ai la sensation qu'ils vont sortir de leurs orbites.

-Thomas ! Ah non mais t'es dégueulasse !

J'éclate de rire.

-Quand je te disais que t'étais coincé T-Trist'...

-C'est plutôt toi l'obsédé oui ! Il s'empresse de se lever, dépose son bol vide dans l'évier pour rejoindre la salle de bain.

-Si tu veux, on peut même commencer tout de suite sous la douche. Je lui propose en reluquant son fessier avec envie.

-Je vais me doucher tout seul comme un grand merci bien l'homme en rute. Je serai plus rapide et au moins je serai sûr d'être à l'heure hein. Il active le pas levant ses yeux au ciel consterné et me laissant frustré dans l'embrasure de la porte de la cuisine.

-Humm dommage...