Incompatibles

#51

PDV de Jo

J-6 avant la biopsie...

Je sais que Pierre va beaucoup m'en vouloir mais je sais que j'agis au mieux pour lui et pour eux.

Le lendemain de sa révélation, j'ai pris le temps de parler à Annie pour la rassurer. Je lui ai dit avoir vu son mari et avoir discuter avec lui. Je ne lui ai pas dit la vérité car ce n'est pas à moi de la lui dire mais je lui ai assuré qu'il ne s'agissait pas d'une autre femme.

Résultat, elle a été que peu réconfortée et son stress est toujours présent.

J'espère qu'il me pardonnera quand il saura que je l'ai à moitié trahi.

Mais au pire, même s'il m'en veut, ce ne sera pas le plus grave dans toute cette histoire. Pierre a besoin de sa femme pour affronter chaque étape de sa maladie. Lui cacher ne présage rien de bon à l'avenir.

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PDV d'Annie

-Chéri, tu peux venir au salon s'il te plait ?

-Oui, bien sûr, j'arrive dans deux minutes.

Je me suis assise sur le canapé. Il est à la cuisine, en train de cuisiner le dîner en chantonnant.

Heureusement que Joseph est venu me dire qu'il a vu car bien sûr monsieur ne m'en a rien dit. Il devient cachotier ces derniers temps et ça ne me plait pas du tout.

A croire que sa retraite l'a éloigné de moi...

Mon cher et tendre déconne et il est temps que je le secoue un peu. Il mériterait mon pied au cul. Il a intérêt à cracher le morceau sinon je ne réponds plus de rien. Mais pour ne pas le braquer, je vais tacher de rester le plus calme possible.

-Et voilà ! Je suis là ma chérie. Je t'écoute ?

Son petit sourire confiant m'irrite déjà.

-Viens t'assoir déjà à côte de moi s'il te plait chéri.

-Euh oui si tu veux...

-Ça va ? Tu es bien installé ? Je lui caresse la cuisse qui touche la mienne en lui souriant.

-A tes côtés, toujours ma belle, tu le sais bien voyons. Monsieur papillote des cils maintenant.

-Bon d'accord alors maintenant dis-moi une bonne fois pour toute ce que tu me caches de si important que Joseph a été obligé de me dire une partie de ton secret que tu lui as promis de garder ?! Je fronce des sourcils la mâchoire serrée et ma main se resserre sur sa cuisse.

-Joseph ! S'exclame t-il en levant les yeux au ciel remonté.

-Laisse ce petit tranquille ! Comment as-tu pu le mettre dans une position aussi délicate ? Mais enfin Pierre, tu n'as plus l'âge de me faire des cachoteries. Surtout après tant d 'années de mariage ensemble ! Tu m'as déçu. A cause de toi j'étais très mal à imaginer le pire...

-Je suis désolé chérie mais je ne voulais pas t'inquiéter moi... S'empresse t-il de me répondre embarrassé et troublé.

-Laisse tes excuses pour plus tard et dis-moi ce qui se passe à la fin de si mystérieux ! De quoi as-tu si peur ?!

Il prend trop de temps pour me répondre et je suis à deux doigts de le baffer pour le secouer au sens propre.

-De te laisser trop tôt... Finit-il par me confesser le regard triste et les yeux baissés.

-Quoi ?! Comment ça ? Il prend ma main toujours posée sur sa cuisse dans la sienne et la presse légèrement en caressant son dos avec son pouce.

-On m'a découvert un cancer au poumon droit il y a quelques jours et je dois subir une biopsie bientôt pour savoir à quel stade j'en suis.

-Oh mon dieu chéri ! Je m'effondre en pleurs. Je ne m'attendais pas du tout à ça...

-Calme-toi chérie, ça va aller... Il me prend dans ses bras et commence à me caresser le dos.

-Mais enfin, arrête de dire n'importe quoi ! Je me redresse et brandis mes mains devant lui pour l'éloigner. Il se fige sans rien dire.

-Et puis pourquoi tu me réconfortes d'abord ?!

-Je fais mon job de mari ma Annie. Tu as toujours été la plus sensible de nous deux.

-Mais qu'est-ce qu'on va faire Pierre ?!

-On fera tout ce qu'il y a à faire pour combattre ce cancer et rester le plus longtemps ensemble comme toujours. Ne pense pas aux choses négatives pour le moment ma chérie.

Je tente de dompter mes sanglots mais ils s'imposent en vain.

-Quand dois-tu passer cette biopsie exactement ?

-Dans six jours.

-OK. En attendant, tu ne fais plus rien. Repose-toi et laisse-moi gérer les choses !

-Mais enfin chérie, je ne sui pas grabataire et puis j'ai besoin de m'occuper pour ne pas dépérir aussi.

-Oui, tu as raison mais promets-moi de te ménager alors ?!

-Oui, ne t'inquiète pas pour ça...

-Oh mon chéri... Je le sers fort contre moi, ma tête sur son épaule.

-Je n'aime pas voir pleurer ma femme. Me souffle t-il au creux de l'oreille.

-Et moi, je n'aime pas savoir mon mari malade...

-Tant que tu resteras à mes côtés, tout ira bien pour moi chérie.

-Où veux-tu que j'aille ?! Tu es ma moitié pour la vie.

-Parfait ! Alors je vais bien...

-Pierre ! je le gronde.

-J'aime bien aussi quand tu me rouspètes... En plus de quarante ans, je ne m'en lasse pas tu sais ?!

-J'espère bien car je ne compte pas arrêter de le faire si besoin.

-Ma Annie chérie, quoi qu'il arrivera, n'oublie jamais que je t'aime.

-Moi aussi...

On reste une éternité enlacés dans la même position sans pouvoir se lâcher. A tel point que le repas en train de brûler sur la cuisinière nous y oblige dans un fou rire mutuel.