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PDV de Tristan

Je suis prostré sur mon lit avec mon téléphone portable accroché solidement dans ma main. C'est bête mais il me raccroche aux seules personnes qui me font du bien et qui me rassurent dans ma vie : Thomas et Nicolas.

J'entends la voiture se garer devant le garage qui sert de box de stockage depuis des années maintenant pendant que ma mère referme le portail qui grince derrière elle comme par habitude quand ils reviennent de promenade. Je suis tétanisé mais je me redresse et m'oblige à m'assoir.

Mon cœur s'est mis à accélérer d'un coup. Je n'ai pas envie de les voir et encore moins mon père. Je déglutis difficilement rien qu'à penser que dans quelques secondes je vais devoir lui faire face et lui parler comme si de rien n'était.

J'ai froid tout d'un coup alors que ma chambre est bien chauffée. Mais je n'ai pas le choix, je dois les rejoindre sinon ils vont se poser des questions et il est bien trop tôt pour faire semblant de dormir.

Je laisse mon téléphone portable posé sur mon bureau sans cesser de le regarder en m'éloignant à regret. Cette chambre est le dernier rempart de sécurité qui me sépare d'eux. Ils y viennent jamais. Je sais pourquoi maintenant...

Avec une lenteur angoissante, je descends les escaliers un sourire forcé sur les lèvres et mon estomac se met à me jouer des tours en se contractant subitement à m'en faire grimacer de douleur. Mais ce n'est qu'en tenant la rampe en bois que je me rends compte que mes mains tremblent aussi.

-Bonsoir maman et... papa.

Ils viennent tout juste de franchir le pas de la porte laissant entrer avec eux une légère brise de vent froid, maman devançant mon père. J'en frissonne car tous les poils de mon corps se sont hérissés d'un seul coup.

-Bonsoir mon chéri, répond en premier ma mère en me lançant un regard inhabituel. Elle sait que je sais maintenant pour eux.

-Qu'as tu fait de la journée Tristan ?! Me surprend mon père le regard noir et la mâchoire serrée.

-Rien de spécial. Je suis resté à la maison papa.

-Ah bon ?! Tu es sûr de ça ? Il me fixe un sourire malsain sur les lèvres.

-Oui papa ! Mon cœur rate un battement.

-Approche... Je peine à quitter les deux dernières marches de l'escalier. Ma mère s'est figée à ses côtés le regard apeuré.

-Je te jure que je n'ai rien fait de mal papa... Je commence à me défendre la voix tremblante.

-Viens, je te dis ! Réitère t-il plus sévèrement en prenant soin de se dévêtir de son écharpe et de sa veste qu'il dépose sur le canapé trop calmement. 

Je regarde ma mère à la recherche d'une aide qui ne vient pas car elle détourne son regard, déjà peinée pour moi visiblement.

J'approche de lui lentement. Trop lentement d'ailleurs. Comme si tout mon corps sentait le danger venir mais je ne peux pas m'enfuir hélas.

-Oui papa, je t'écou...?

Sans que je ne la voie arriver, il me flanque une gifle si puissante du dos de sa main que j'en tombe par terre à la renverse et l'arrière de ma tête tape sur le sol du salon. J'en reste interdis à me tenir la joue qui me brûle.

-Arrête ! S'empresse de lui crier dessus ma mère terrifiée qui m'a rejoint accroupie à mes côtés me tenant la tête fermement de ses deux mains.

-Toi ferme-la et ne te mêle pas de ça ! Tu m'as vraiment pris pour un con. Tu crois que je n'ai pas vu ton manège pour le faire rencontrer son grand frère derrière mon dos malgré mon interdiction.

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