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PDV de Frédéric

Quand je suis rentré hier soir, elle dormait déjà à poings fermés. Alors je suis restée à ses côtés pour m'assurer qu'elle allait bien dans son sommeil. Je lui ai caressé les cheveux en lui souriant et j'ai repensé à de nombreux moments partagés avec elle depuis tout petit. J'ai une maman géniale et je veux qu'elle soit heureuse, elle le mérite tellement. Je me demande depuis combien de temps elle se sentait aussi mal. On a beau être proches elle et moi mais elle a réussi à me le cacher. Si elle était partie en me laissant avec toutes ces questions, je lui en aurais tellement voulu.

Puis j'ai filé sous la douche avant d'aller m'allonger espérant jusqu'à la dernière minute recevoir une réponse de Nic même si c'était pour me redire d'aller me faire foutre. Mais rien !

***

Ce matin, je m'oblige à être positif dès mon réveil. Je me dis que je reverrai Nic de toute façon lundi, qu'on finira par se reparler et avec un peu de chance, il me laissera l'approcher de nouveau suffisamment près pour que je puisse glisser mes mains dans sa tignasse et kidnapper encore sa petite bouche que j'aime tant.

La seule peur que j'ai, c'est qu'il est succombé à son voisin qu'il lui plait déjà et qu'il m'oublie.
Mais en attendant, intervention solo pour ma mère. Et pour se faire, j'ai sorti ma tablette où j'ai téléchargé toutes nos photos familiales. Une de mes préférées est celle où maman s'était habillée coquette avec un collier de perles extra large qui était à la mode à cette époque.

Café et croissants pour le petit déjeuner. Je sais qu'elle les adore même si elle a perdu l'appétit depuis "l'incident".

Mon petit plateau à la main, je toque à la porte de sa chambre et entre sans attendre de réponse.

-Bonjour ma petite maman !

Elle s'agite dans son lit en prenant soin de recouvrir sa tête avec la couverture en grognant.

Je m'approche d'elle en déposant le plateau sur la table de chevet puis me glisse sous la couverture tout près d'elle .

Je lui fais des chatouillis sur le ventre jusqu'à ce qu'elle éclate de rire.

-Oh ma maman à moi. Je t'aime tant et je t'ai laissé assez de temps. Il faut que tu me dises ce qui te rend aussi triste comme ça maintenant. Je m'inquiète beaucoup pour toi tu sais.

-Frédéric, laisse tomber mon chéri.

-Tu sais très bien que ce n'est pas mon fort de laisser tomber et encore moins quand il s'agit de la femme de ma vie. Alors s'il te plait maman, dis-moi pourquoi tu as fait ça ?

Elle me donne dos mais je l'ai prise dans mes bras, ma tête logée dans son cou. Elle sent bon.
Elle sent la maman. Elle sent ma maman.

-C'est compliqué...

-Tout est toujours compliqué quand ça va mal.

-Je suis triste. Finit-elle par dire dans une voix chargée d'émotion et qui se retient de pleurer.

-Dis-moi maintenant pour que je puisse t'aider. Je resserre mon étreinte dans un geste de consolation.

-Mais tu ne peux pas m'aider mon chéri...

-Commence par m'en parler déjà.

-... Elle demeure silencieuse.

-Maman si tu continues à te braquer, je serai obligé d'appeler papa. Il s'inquiète pour toi aussi.

-Non ! Surtout pas ton père.

-Alors parle-moi. Il s'est passé quelque chose dont tu ne m'as pas parlé ? On t'a fait du mal ?

-Non...

-Maman ?

-Je suis triste parce que je suis seule Frédéric. Le seul homme que j'ai jamais aimé m'a quitté il y a bien longtemps déjà mais je n'ai jamais réussi à tourner la page et le voir aujourd'hui heureux et plus épanoui que lorsqu'il était avec moi me fait mal. Je n'ai rien contre Jack, il est adorable et il a toujours été merveilleux avec toi mais je l'envie tellement. Alors quand j'ai su que ton père envisageait de lui demander sa main, je me suis effondrée. Je voulais simplement que toute cette peine que je ressente s'arrête mais je n'ai jamais voulu te quitter toi. Et maintenant en plus d'être triste, j'ai honte de moi.

-Oh ma petite maman chérie. Je suis tellement désolé mais je sais qu'il y a un homme pour toi quelque part. Tu t'es laissée emprisonnée dans le passé. Tu mérites d'être aimée par un homme qui  t'aimerait aussi fort que papa aime Jack mais pour ça il faudrait que tu ailles un peu à sa recherche.

-Facile à dire...

-Crois-moi mais il faut faire un minimum d'effort aussi. Mais attends, comment as-tu su pour la demande en mariage de papa ?

-Jo.

-Il a vendu la mèche ?!

-Non, il s'est trahi sans le vouloir.

-Ah OK....

-...

-Oh maman je peux comprendre le c hoc mais j'ai eu la peur de ma vie si tu savais. Quand je t'ai découverte sur ce balcon le teint livide et la peau si gelé, j'ai cru que tu étais morte. j'étais sous le choc, je n'arrivais plus à penser correctement. Heureusement que Nicolas était là. Nicolas...

-Nicolas ?

-Oui. Rappelle-toi, mon stagiaire.

-Ah oui bien sûr ! Désolé mon chéri...

-Ne sois pas désolée pour ça mais promets-moi de ne plus recommencer. Si tu te sens triste à ce point-là à l'avenir, dis-le moi et on en parlera .

-D'accord mon fils. Je te le promets.

-Parfait ! En attendant mange ton petit déjeuner pour reprendre des forces. Après tu iras te préparer, toi et moi on va passer un samedi inoubliable ensemble. On en a besoin tous les deux et quand tu seras prête, appelle papa. Lui et toi avez l'habitude de vous parler. Ça ne doit pas cesser. Vous n'êtes pas restés amis toutes ces années pour rien. Je sais aussi que ce n'est pas le bon moment pour tes affaires mais ce serait bien que tu prolonges ton séjour ici, près de ta famille et de tes amis. Et puis comme ça, j'aurais un œil sur toi et ta consommation de cannabis.

-Je...

-Non ! Ne me réponds rien maintenant mais penses-y sérieusement. Si tu acceptes de rester, je ne bougerai plus pour un petit moment. En plus j'ai aussi besoin de vacances. Après ce stage je compte bien en prendre et ce serait cool que tu m'y accompagnes.

-D'accord... Me souffle t-elle.

-D'accord pour "je vais y réfléchir" ou d'accord "je restes avec toi mon fiston adoré que j'aime plus que tout au monde" ?!?

-T'es bête mon chéri ! Rit-elle.

-Non ! C'est d'accord pour je vais y réfléchir.

-Bon d'accord mais réfléchis-y bien maman !

-Je t'aime mon fils.

-Mais moi aussi ma petite maman que j'aime plus que tout. D'ailleurs j'ai une petite surprise pour toi.

-Ah bon et c'est quoi ?!

-Tiens regardes, ce sont nos vieilles photos de famille que j'ai téléchargé sur ma tablette. Ça fait des années qu'on ne les avais plus regardé. Je récupère la tablette posée sur la table de chevet de mon côté, l'allume et lui montre le diaporama des dossiers photos.

Elle finit par se retourner et on se fait un gros câlin.

Elle se redresse pour s'assoir dans le lit et commence à regarder les photos défiler sur l'écran. Je lui rappelle d'un coup d'œil que son café l'attend toujours pour être siroter et ses croissants dévorés. Entre temps, je m'éclipse pour récupérer mon téléphone portable laissé dans le salon.

Moi : [ Bonjour Nic, juste pour te redire un grand merci pour ma mère. Sans toi, je n'aurais peut-être pas pu lui reparler un jour. On a enfin pu discuter ce matin. Passe un bon week-end :-), Frédéric ]

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