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PDV de Nicolas

Je ne dois pas être en retard aujourd'hui. Tous les jours OK mais pas aujourd'hui ! Ce stage est beaucoup trop important pour moi. Je n'ai pas voulu y croire quand cette société si célèbre m'a répondu positivement pour me faire évoluer dans leur sphère si particulière. Je vais travailler au côté de Frédéric Durand ! Ce mec est un grand nom dans son milieu, il a couvert un nombre incalculable de magazines de mode ces deux dernières années dans le monde entier. Il est tout simplement un génie de la photo. Très peu de gens savent à quoi il ressemble par contre mais on s'en fout. Il peut bien ressembler au Bossu de Notre Dame que ça ne gâcherait en rien son talent inné pour capturer le cliché parfait. Il bouge beaucoup. Il y a encore quelques semaines il était en Italie, à Milan. Je le suis sur ses comptes Snapchap et Twitter où il est très présent.

J'ai hâte d'y être...

J'ai besoin de réussir quelque chose dans ma vie. Marre des échecs professionnels et des déceptions amoureuses. J'ai envie de changer de vie et cette opportunité m'y amènera. Je l'espère de tout coeur en tout cas.

La photo a toujours été une passion dans ma vie et je suis plutôt doué pour capturer les jeux de lumières, les émotions et les moments rares. Je me suis constitué un book solide ces dernières années. Soixante-dix pourcents de ses photos ont été envoyé et montré aux collaborateurs de Durand et Durand lui-même et s'il m'ont choisi, ce n'est pas pour rien. J'ai confiance mais j'ai aussi conscience que j'ai encore beaucoup à apprendre car je suis un autodidacte.

Avant d'être foutu dehors par mon cher père l'année de mon BAC, il m'avait offert un appareil photo pour mes dix-sept ans. Je l'aimais tellement que je l'amenais partout et je prenais tout et n'importe quoi en photo avant de m'arrêter sur mon sujet de prédilection : les expressions des visages en capturant les émotions du moment.

Après un petit déjeuner express constitué d'une grande tasse de café et d'un reste de muesli, j'ai filé sous la douche et brossé mes dents.

J'enfile en catastrophe un jean bleu avec un pull noir et ma paire de Jordan grise. Il fait beau mais je préfère prendre ma veste au cas où. Pour mon premier jour, je ne sais pas à quelle heure je vais finir. Pour mes cheveux, des semaines que j'hésite à les faire couper mais en attendant un coup de peigne pour les brosser en arrière suffira. Ils m'arrivent au milieu de la nuque.

La mode n'a jamais été d'un grand intérêt pour moi. J'achète pas mal de mes fringues sur internet. Les boutiques j'y mets que rarement les pieds. Ironique hein pour quelqu'un qui va côtoyer le monde de la grande couture durant les trois prochains mois.

Je suis simple et pragmatique. En plus l'avantage de n'avoir aucun style, c'est d'être sûr de ne pas être démodé.

J'ai mon téléphone portable chargé dans ma poche de jean et il ne reste plus qu'à récupérer ma sacoche avec mon bébé Nikon à l'intérieur. C'est mon tout dernier investissement. J'y tiens comme à la prunelle de mes yeux et je suis surtout pressé de l'utiliser.

Un dernier coup d'œil au salon ; je n'ai rien oublié. Je passe devant le miroir de l'entrée. Je m'y reluque pas plus de dix secondes. J'ai une tête potable et je quitte l'appartement. Je descends les escaliers en courant le sourire aux lèvres. J'habite au 3ème étage mais attendre l'ascenseur va me ralentir. Je file sans tarder.

En sortant de mon immeuble, je bouscule un voisin qui y entre et quel voisin : un nouveau locataire canon qui a emménagé il y a un mois à peu près au 1er étage et qui est peu loquace. Brun aux yeux bleu clair presque gris à la peau pale. Mais ça ne me dérange pas. Après tout, ça en est fini des mecs pour moi. Enfin pour l'instant. Trop de soucis et puis mon connard d'ex m'aura bien vacciné aussi il faut dire.

Je m'excuse et lui me fait juste un petit signe discret de la main qui me signifie "y'a pas de mal !" Nos regards se croisent à peine et je n'arrive pas à percevoir s'il en est comme moi. Mais ça ne change rien pour ma part au passage car je ne pense pas l'intéresser de toute façon.

J'enfourche mon scooter garé devant mon immeuble, mets le contact quand je me rends compte que j'ai oublié mon casque. Merde !

Et mon portable qui se met à vibrer au même moment. C'est Tom qui m'a envoyé un message. Comme d'habitude il a sa façon à lui de s'exprimer.

Tom Campello : [Slt trouduc ! Je te dis merde pour ton premier jour et t'as intérêt à cartonner pour devenir un grand photographe. Déchire tout mon petit poulet ! On se voit ce week-end 🤙🏻]

Moi : [😎👍🏾👌🏾. A samedi le motard !]

Tom est un savant mélange entre un grand frère protecteur et un bon pote. C'est mon meilleur ami. On se connaît depuis plus de dix ans. Il a deux de plus que moi seulement. C'est un rebelle avec tout ce qu'on peut y associer. L'attitude déjà car c'est un désinvolte qui se fait pas chier et n'aime pas l'autorité. Le look : je l'ai rarement vu porter autre chose que des vêtements noirs et cuivrés. La coupe de cheveux savamment travaillée : coupée court sur les côtés avec plus de longueur sur le haut avec une petite mèche qui se veut rebelle retombant sur son front. Il a quelques tatouages aussi sur les bras et le dos et enfin bien sûr l'accessoire indispensable : sa moto, une BMW Roadster noire.

Il ne passe pas inaperçu, châtain foncé aux yeux verts, il est de la catégorie "beau mec".

Moi je suis plus banal, j'ai un physique lambda, brun aux yeux marron. Je me considère comme potable. Mais j'aime bien ma bouille. Gay et fier de l'être mais on pourrait me prendre pour un simple hétéro ; résultat, je me fais draguer autant par les femmes que les hommes.

Je remets mon téléphone dans ma poche et remonte à toute vitesse récupérer mon casque.

Cinq minutes plus tard me voilà de nouveau prêt sur mon scooter mais cette fois-ci je pars vraiment. Enfin...

...

IncompatiblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant