Avec le temps - ⁿᵃᵐᵍⁱ

30.

Enveloppé dans un peignoir, les cheveux dégoulinant d'eau, YoonGi parcourut sa messagerie texte. Il choisit d'abord de répondre à TaeHyung, celui-ci lui sollicitait de manger ensemble un de ces jours. YoonGi l'aimait bien, le garçon irradiait d'un élan vital, d'un plaisir de vivre qui l'émouvait d'une certaine façon. De ses voyages aux quatre coins du monde, il a ramené bien plus que des souvenirs. Chaque destination était l'occasion de nouvelles rencontres, d'histoires partagées et de cultures découvertes, et pourtant, quelques fois, une naïveté si manifeste et une candeur désarmante émanaient de son être que c'en était absurde, absurdement contradictoires avec tout ce qu'il a pu vivre et voir. YoonGi ressentait une incompréhensible envie de protéger le jeune homme, de quoi exactement ? Il n'en savait rien, il voulait juste incarner une figure protectrice pour lui, même si ce dernier avait déjà son grand-frère, sa famille et ses amis.

YoonGi répondit ensuite aux textes de Jiwoo, elle lui a manqué plus qu'il ne l'a cru. Un éternuement fort fendit la quiétude de sa chambre, son nez commençait à couler. Il se rendit dans la salle de bain afin de se sécher correctement les cheveux, et mettre sa tenue de nuit.

Allongé dans son lit, il lut finalement les textos envoyés par NamJoon. Toute la journée, ce dernier l'avait inondé de notifications. C'était d'un trait plaisant et cela renforçait son aveu, révélant ainsi que YoonGi représentait réellement une sorte de fascination pour lui. Alors qu'il s'hydratait, il repassa mentalement leur conversation. En regagnant sa chambre, une envie pressante d'envoyer un message à HoSeok le traversa, mais il se ravisa au dernier moment. Ses pensées dérivèrent alors de nouveau vers NamJoon et la complexité de leur relation.

Dans un temps qui lui semblait à présent très lointain, recevoir un quelconque message de sa part lui aurait juste provoqué un sentiment de rejet et de dégoût. Mais à l'instant, en recevoir autant réveillait en YoonGi une certaine vanité, l'amenant à se sentir supérieur.

Il ne pouvait plus nier l'attirance ressentie pour NamJoon, et compte tenue de tout ce qu'ils ont déjà fait, cela aurait été une forme d'auto-tromperie. On n'embrassait pas ceux qu'on affirmait mépriser, mais seulement ceux qu'on prétendait détester. S'il lui avait été dit qu'il sortirait avec un homme, YoonGi aurait simplement ri au nez de la personne, ne manquant pas de la traiter de cinglée.

Mais lorsqu'un appel entrant de NamJoon s'afficha, il lança son portable d'un geste brusque, et l'appareil atterrit plus loin sur le tapis. Il s'insulta intérieurement avant de se dépêcher de le reprendre, sans toutefois décrocher. NamJoon rappela une seconde fois, mais il s'obstina à ne pas répondre. Il contempla l'écran désormais éteint, secouant la tête en signe de frustration.

Devrais-je le rappeler et lui dire que j'étais sous la douche ? Se questionna-t-il. Après plusieurs minutes de réflexions, YoonGi finit par abandonner son téléphone et s'enfouit sous ses couvertures, se sentant comme un parfait idiot pour son comportement plus tôt. N'avaient-ils pas déjà résolu leur malentendu ? Alors, qu'est-ce qui lui prenait ? NamJoon lui a demandé de ne pas l'ignorer, correction : il l'a même supplié. Allez, je le contacterai demain et je lui ferai une surprise en débarquant chez lui, il eut comme dernière pensée avant de sombrer dans le sommeil.

Sa nuit fut marquée par des visions cauchemardesques, où la présence de son ami revenait sans cesse, teintée d'une inquiétude sourde. Alors que les premières lueurs de l'aube commençaient à percer l'obscurité, il se réveilla en sursaut, le front dégoulinant de sueur et le cœur battant à tout rompre, comme s'il venait d'échapper à une étreinte terrifiante. Son cauchemar a été particulièrement effrayant, des années s'étaient écoulées sans qu'il ne connaisse de nuits tourmentées par des cauchemars. YoonGi ne faisait pas partie de ces personnes superstitieuses, pourtant une infime part de lui ne pouvait s'empêcher de se demander si ses tourments nocturnes n'avaient pas un sens caché.