BACKSTAGES WITH YOU, T2 - ÂMES ACCORDÉES

Chapitre 10

LOS ANGELES - VILLA DE ASHER HEMMINGS
08h10.

Je me réveille, complètement paniquée lorsque je m'aperçois que je ne suis pas dans mon lit habituel. Et puis je réalise petit à petit que je suis dans la chambre d'amis de chez Asher. Mais un deuxième élan d'effroi me gagne quand je me souviens de l'endroit où je me suis endormie hier soir.

Est-ce Asher qui m'a ramené dans la chambre ?

Je jette un œil sous la couette, et je suis soulagée en voyant que je porte encore tous mes vêtements.
Je me lève et attrape mes affaires de toilettes pour aller prendre ma douche. Mais quand j'ouvre la porte de la chambre, mon cœur fait un bond de quatre mètres en voyant Asher, une simple serviette nouée autour de la taille, déambuler dans le couloir. L'humidité de sa peau fait ressortir l'encre noire de ses tatouages que mes yeux ne peuvent s'empêcher de détailler. Je remarque qu'il en a un nouveau sur l'avant bras, une écriture trop petite pour que je puisse la lire au premier coup d'œil.

- T'as pas fini de me mater un peu ? me demande t-il en soupirant théâtralement.

Je sens le rouge me monter aux joues, et pourtant sa remarque m'arrache un sourire. Cet Asher-la est mon préféré. Et je me demandais vraiment si j'allais le revoir un jour.

- J'ai vu mieux, je lui lance en haussant les épaules.

C'est faux.

Il me regarde de travers et je lui souris, avant d'entrer dans la salle de bain. Mais je n'ai pas le temps de refermer la porte qu'il pose une main sur celle-ci.

- Ah, vraiment ? Qui ? me questionne t-il.
- Liam Hemsworth voyons, qui d'autre ?
- Mais je sais bien que tu as un faible pour les musiciens. Liam n'en est pas un.

Il s'appuie sur le chambranle en faisant mine de se nettoyer les ongles d'une main en attendant la réponse. Je ne peux m'empêcher de sourire devant son numéro.

- Touchée, je lui répond en lui claquant la porte au nez.

Je me déshabille en vitesse et file sous la douche, le doux bruit de l'eau s'écrasant contre les parois apaisant mes pensées.

Ça a toujours été comme ça, avec Asher : un jour oui, un jour non. Et tout peut basculer en une fraction de seconde. Depuis qu'il est rentré de tournée, il y a eu que des non, et je suis contente d'avoir un oui aujourd'hui. J'y vois comme une sorte de rayon de soleil dans un ciel nuageux, un espoir que tout peut aller mieux.

Quand je sors de la douche, je m'habille d'un simple jean et d'un top à bretelles, et je m'attache les cheveux en un vague chignon déstructuré. Mais quand je m'apprête à descendre par l'escalier, j'entends quelqu'un parler au rez-de-chaussée avec Asher. Je m'assois donc sur la première marche et tend l'oreille, bien consciente que je ne devrais pas l'espionner.

- Asher, ne t'énerve pas comme ça, je voulais juste..
- Non ! Casse-toi !
- Je voudrais juste discuter.
- Vas t'en ou j'appelle les flics.
- Ah oui ? Tu ferais vraiment ça à ton propre père ?

Mon cœur s'accélère un instant, jusqu'à ce que le bruit fracassant de la porte d'entrée claquant contre le chambranle emplisse la pièce. Je panique soudain, ne sachant plus quoi faire. Je commence à me lever lorsque qu'Asher commence lui à monter les escaliers. J'ai peur qu'il me juge pour l'avoir espionné, mais il passe à côté de moi sans même un regard pour se rendre à l'étage. Les poings fermés, il disparaît dans le couloir et fait trembler une deuxième porte : celle de sa chambre.

***

LOS ANGELES - VILLA DE ASHER HEMMINGS
10h43.

Je ne m'en suis toujours pas remis. Et moi qui croyais que le père d'Asher était parti ! Je n'ai pas revu Asher depuis plus de deux heures, je décide donc d'aller à l'étage. A ma grande surprise, sa porte est entre-ouverte. Je l'aperçois entrain de regarder le plafond, allongé sur son lit. Je me rend compte au dernier moment que ses écouteurs sont plantés dans ses oreilles, je m'apprête à rebrousser chemin mais il tourne la tête vers moi avant que je puisse m'enfuir.

- Sam ? m'interroge t-il.
- Désolée. Je ne voulais pas te déranger..

Son regard recommence à fixer le plafond, m'ignorant royalement.

- Je me demandais juste.. je continue en me risquant à pénétrer dans la pièce. Si.. enfin, si tu allais bien, quoi.
- Ouais. Super bien.
- Bon. Est-ce que.. tu veux en parler ?
- Parler de quoi ?
- J'ai entendu, toute à l'heure, en bas..
- Il n'y a rien à dire.

Son ton est neutre et il ne me regarde toujours pas. Je ne sais pas vraiment comment me comporter avec cette nouvelle facette d'Asher, qui retient toutes ses émotions. J'ai l'impression que c'est encore plus compliqué que lorsqu'il s'emportait. Au moins dans ses moments la, je savais ce qu'il pensait.

- Arrête d'être comme ça, je lui dis.
- Comme quoi ?
- Comme quelqu'un qui s'en fiche ! J'ai bien vu ta réaction toute à l'heure Asher, ça sert à rien de nier ce que tu ressens ! C'est pas comme ça qu'on va avancer.

Il se lève brusquement et enlève ses écouteurs. Il me domine de toute sa hauteur, et je prends une grande bouffée d'air pour ne pas me laisser intimider.

- Attends, c'est pas ma colère qui te dérangeait à la base ? J'ai arrêté de gueuler et de casser des trucs, ça te suffit pas ?! Tu veux que je change quoi, encore ?!
- Tu ne dois pas changer qui tu es, Asher ! Je ne veux pas que tu caches ta colère, mais que tu la maîtrise ! Tu dois y arriver, pour le groupe, pour notre travail, mais surtout pour toi même. Parle moi ! Je veux t'aider !

Il se retourne en soupirant, les mains sur le visage, et  se met à arpenter la pièce de long en large.

- Tu me rend dingue, murmure t-il finalement en s'appuyant sur le mur opposé à moi.

Son lit a beau être entre nous deux, j'ai l'impression de sentir son souffle contre ma peau et son corps près du miens. Il prend une pause un instant, comme pour réfléchir, puis ses iris brillants se posent enfin sur les miens.

- C'était juste.. mon père, m'avoue t-il.
- Je croyais que..
- Ouais. Ce connard nous a abandonné.
- Pourquoi est-il revenu ?
- Écoute, j'en sais rien. J'ai pas envie de le savoir.

Je commence à contourner le lit, de manière à m'approcher de lui petit à petit sans vraiment m'en rendre compte.

- Peut-être qu'il voudrait revenir dans ta vie ? je demande, hésitante.
- NON ! il crie.

Je sursaute et me fige soudain. Et cette fois, c'est lui qui fait un pas vers moi.

- Désolé d'avoir crié..
- C'est pas grave..
- Mon père était.. on a jamais eu de bonne relation. Il me supportait pas vraiment, tu vois ? Enfin, bien sûr que tu vois.. regarde, tu as eu peur de moi, à l'instant.
- Mais non..
- Si, bien sûr que si. Mon père détestait ça lui aussi. Il détestait que je sois comme lui. Et il me le faisait bien comprendre.. et, tu sais quoi ? J'ai plus aucun parent pour me protéger de ça. Ma mère est morte. J'ai plus personne.

Sa sincérité me bouleverse et les larmes me montent aux yeux. Je ressens sa souffrance au plus profond de mon être, et une envie irrésistible de le toucher me prend aux tripes.

- Asher.
- Quoi ?
- Je vais te prendre dans mes bras. Que tu le veuille ou non.

Je ne lui laisse pas le temps de me répondre que je me blottis contre lui et le sers contre mon cœur, à m'en faire exploser la poitrine.

- Moi, je te protégerais, je murmure.

En guise de réponse, il encercle mon cou de ses bras et repose son menton sur mon crâne. Asher est bousillé, fracassé, amoché. Il s'est construit une coquille au fil des années et il est difficile d'y voir à l'intérieur. Mais le peu que j'ai réussi à voir aujourd'hui m'a subjugué. Et j'ai la conviction que ce n'est qu'une infime partie de son immensité.

***