Le Chant Du Cygne

Chute

Le bruit que faisait l'eau quand elle avalait la pierre était un petit réconfort pour Wolfgang. Il n'avait jamais été bon aux ricochets alors il se contentait de les lancer et d'attendre que le son lui revienne pour en lancer un autre. Le chant des oiseaux de proie et le chuchotement de la flore accompagnaient sa mélodie discordante. La nuit portait conseil disait-on, mais pour l'instant elle accueillait simplement ses tourments et veillait sur Wolfgang qui se ressassait les mêmes scènes et les mêmes mots.

Il ponctuait ses phrases mentales par des jets de pierres et attendait que la gravité ait fait son travail pour reprendre son discours. Il avait été minable. À désirer Xine si fort qu'il aurait pu devenir incorrect. Quand il s'était levé dans la nuit pour comprendre qu'il était toujours dans sa chambre à ses côtés, il avait préféré prendre ses jambes à son cou.

- Décidemment, aucun Juste n'a de respect pour ce lieu.

La voix qui lui parvenait ne le fit même pas sursauter. Il avait eu le pressentiment qu'il se pointerait à un moment. La nuit était son domaine.

Wolfgang relança une pierre et Solal vint s'asseoir à côté de lui, sur le sol. Pendant un moment, rien de plus que le son des cailloux percutant l'eau leur parvint.

Solal ne bougeait pas. Il ne fit même pas de remarques sur la profanation du Lac des Soupirs. L'humain n'était pas sa création, elle ne pouvait le tuer. Alors, il le laissa faire.

- Une nuit agitée ? s'enquit-il néanmoins.

Wolfgang lui coula un regard lourd de sens.

- Ne faîtes pas l'innocent Solal. Je ne supporte pas ça.

Le Prince Noir lui offrit un sourire charmant qui laissait voir les pointes de ses canines. Wolfgang grimaça à leur vue.

- Je suis parfaitement vierge de tout crime lorsqu'il est question de vos insomnies, Wolfgang.

Il avait raison. Solal avait beaucoup de défaut mais pour une fois, il n'était pas la cause directe de ses soucis.

Soudainement Solal appuya un doigt sur le cou de Wolfgang et une douleur lancinante se réveilla soudainement.

- Je crois plutôt que le problème c'est... ça.

Wolfgang repoussa Solal et passa une main dans son cou pour apaiser la douleur. Solal avait touché les marques de crocs laissées par Xine. Il émit un grognement mécontent.

- Alors, vous allez me raconter, Wolfgang ?

- Il n'y a rien à raconter, objecta l'inspecteur.

- Ah bon ?

Solal sourit.

- Permettez moi d'y émettre un doute. Je pense même que je pense savoir ce qui s'est passé.

- Vous avez personne d'autre à aller embêter ? marmonna l'humain.

- Si. Mais pour l'instant je me contenterai de vous.

Le Prince Noir eut un sourire des plus maléfiques en fixant la marque rougeâtre, semblable à un succion. Néanmoins deux marques rouges trônaient au centre à equidistance des bordures.

- Qu'avez-vous ressenti quand elle s'est mise à sucer votre sang ? demanda le chef des Affranchis.

Wolfgang s'apprêta à démentir avant de se résigner et de jeter un sourire las à son vis-à-vis.

- Sommes-nous vraiment obligé d'avoir cette conversation ?

Le sourire de Solal s'intensifia.

- Alors j'ai ma réponse.