Le Chant Du Cygne

Ombrage

L'Alchimiste se rendait au lac des Soupirs. Le soleil était toujours levé et bien haut, elle se savait plus en sécurité lorsque le regard d'Ovne était posé sur elle. Les ténèbres ne pouvait l'envahir.

La dernière fois qu'elle s'y était rendue, Lyos y avait tué son cygne. Un frisson lui remonta l'échine en repensant à la scène. Le dieu avait une dent contre sa mère. Depuis que son frère avait été exilé, il fouillait chaque vallon pour retrouver sa trace et en voulait à sa mère.

L'Alchimiste posa une main sur un arbre à l'orée de la forêt. Elle plissa les yeux et aperçut un loup blanc aux pattes noires près de l'eau imperturbée du lac.

Elle aurait bien voulu tourner les talons, mais il était impossible de partir sans que cela paraisse suspect. Le loup avait repéré sa présence depuis plus longtemps qu'il n'y laissait paraître. Il coula un regard vers elle, innocemment.

- Tu peux approcher, Alchimiste. Je ne suis pas du genre à bafouer les règles de la Dame.

L'Alchimiste soupira mais sortit de l'ombre des arbres. Elle glissa d'un pas hésitant vers Vaillance, alors que son regard bleu la transperçait.

- Tu m'attendais ?

- Oui.

L'Alchimiste haussa d'un sourcil. Eustache et Vaillance n'avaient jamais vraiment cherché à lui parler. Solal lui était venu en aide quand sa meute et lui avait besoin d'un endroit où se cacher, à l'époque où Solal et elle étaient toujours ensemble. Mais ils n'avaient jamais eu à se parler auparavant. Alors elle était étonnée de le savoir l'attendre.

Elle vint se placer à deux pas de lui, sceptique. Le loup ne la quittait pas du regard.

- Eustache est d'accord avec ce que tu vas me dire ? demanda-t-elle.

- Non.

Avant qu'elle réplique, le loup se redressa et s'approcha d'elle.

- Mais mon rôle est de le protéger, répliqua Vaillance, et c'est ce que je vais faire.

L'Alchimiste hésita un moment.

- Tu l'as plongé dans le noir ?

- Oui.

Elle sera les dents comprenant ce que cela impliquait. Il était en train de renier ses liens avec son âme sœur pour qu'il ne soit pas au courant.

- Je n'ai pas beaucoup de temps, Alchimiste, la prévint-il, il pourrait reprendre contrôle.

Elle se mordit la lèvre, indécise. Mais le regard du loup était pressant et intense.

- J'ai besoin de ton aide, lança le loup aux pattes noires.

- Tu es le chef de la meute des Disparus. Comment pourrais-tu nécessiter mon aide ?

Il grogna, impatient.

- Mon pouvoir est limité. Et tu sais très bien pourquoi.

L'Alchimiste soupira et s'approcha de l'eau, tournant le dos au loup.

- Tu vas essayer de me faire regretter le fait que tu aies demandé l'aide de Solal à une époque ? Je n'en suis aucunement responsable.

- Vous étiez inséparables à cette époque, sous-entendit le loup.

Elle sortit son carnet et son crayon de son manteau. Elle s'assit près de l'eau et commença à gribouiller quelque chose sur une feuille vierge. Elle ne répondit pas. Cette époque était révolue.

- Tu devais être au courant de ses manigances, l'accusa Vaillance.

L'Alchimiste continua son dessin, imperturbable.