Le Chant Du Cygne

Démon nuisible

- Yold est revenu !

Quin vint se presser contre le torse du démon et il soupira, lassé. Il laissa les filles l'entourer et lui prodiguer quelques caresses d'apparence innocentes. Elles semblaient sincèrement heureuses de le revoir et il ne comprit pas leur enchantement. Oswald, au loin, lui souriait machiavéliquement. Il le soupçonnait d'avoir donné aux filles un filtre d'amour ou un aphrodisiaque quelconque pour qu'elles viennent se frotter à lui ainsi.

- Des hommes tueraient pour être à ta place, déclara Oswald.

- Je leur la laisse en grand prince, rétorqua Yold, amer.

Quand Quin passa une main sur son visage, il se dégagea, exaspéré. Mais elles revinrent à l'assaut sous les grognements mécontents de Yold.

- Tu nous as sincèrement manqués, Yold.

- Arrêtez de mentir, bordel.

- Tu fais parti de la famille.

Ses mots le crispèrent davantage et il repoussa violemment toutes les filles pour monter à l'étage.

Il s'enferma dans sa chambre et se jeta sur son lit, épuisé. La journée à dos de puma ne fut pas de tout repos, et voir l'humain qui se pavanait à ses côtés, discutant avec ses amis, était une torture de tout instant. Malheureusement, il savait que s'il avait juste pensé à dégainer son arme, Xine lui serait tombé dessus comme les sept plaies d'Égypte.

Alors qu'il pensait être tranquille avant un bon moment, la porte s'ouvrit avec fracas et Oswald entra le regard sombre. Il referma la porte avec une délicatesse qui lui avait manqué en entrant et il s'y adossa. Il n'était plus le gentil démon lubrique mais uniquement le chef des passifs remonté.

- Écoute moi bien Yold, que tu ne veuilles pas accepter ta nature, certes. Que tu ne veuilles pas coucher avec mes filles, j'accepte. Que tu sois toujours aussi mal léché qu'un ours, soit. Mais que tu sois méprisant et violent avec mes filles, ça non. Je veux bien comprendre que tu sois dans une période où tu te cherche, soit dit en passant cela se passe entre treize et dix-sept ans normalement, mais que mes filles en pâtissent, je ne le tolérerai pas. Donc si jamais cela se reproduit, je te fous à la porte et je demande à Xine de trouver un autre démon.

- Je ne fais pas parti de votre famille, rétorqua le démon.

- À ce train là tu ne feras plus parti de rien du tout ! cria Oswald.

Un silence de plomb retentit dans la pièce. Les deux démons se fixaient avec une haine sous-jacente. Puis Oswald ferma les yeux et soupira. Cela se voyait qu'il se contrôlait.

- On va faire un truc Yold.

Le Juste ne répondit pas. Quoiqu'il propose que cela aille de faire un pique-nique au bord d'un lac à se faire lapider, cela restait du pareil au même à ses yeux. Il voulait rentrer à Orion. Bordel, ce n'était pas son monde ici ! Pas d'électricité, l'eau était froide, les gens ne savaient pas ce qu'était qu'un modem ou un satellite, et la peste noire devait faire partie des maladies à la mode ! Il aurait tout donné pour ne pas plonger dans ce monde arriéré et coupé de la réalité ou le seul truc qui lui rappelait la vie contemporaine c'était le génocide de son espèce. Pour le coup, rien n'était plus proche d'une barbarie qu'une autre barbarie. Et il avait vécu lors du génocide juif, il en connaissait les essors.

- Tu vas retourner à la Chouette Blanche...

- Non !

- Silence petit merdeux ! Je t'ai laissé faire à ta manière tout ce temps et tu t'en es sorti avec davantage de complexes donc maintenant tu m'écoute ou tu prends la porte !