Zénon s'assit dehors, cherchant du regard l'humain. Il avait disparu. Comme à son habitude, il ne prévenait personne et s'en allait battre la campagne avec seule compagnie sa clope. Totalement inconscient qu'il gravitait dans un monde où il n'était pas le sommet de la chaîne alimentaire, il partait sans escorte, oubliant que les trois quarts des Phosphores des environs en voulaient à sa vie.
Zénon souleva sa casquette pour apercevoir les environs. Les Affranchis se levaient lentement et le camp s'activait. Les gardes de nuit étaient relevées, le feu alimenté et déjà quelques personnes se mettaient à préparer les repas de la journée en nettoyant la vaisselle d'hier. Au loin, il vit des loup-garous ramener du gibier et des légumes fraîchement sortis de terre. Des bassines d'eau étaient disposées afin que certains fassent la lessive et d'autre s'armaient de marteau afin d'aiguiser les lames et forger des flèches. Une véritable essence se dégageait de chacun d'entre eux, des guerriers, des hors-la-loi, des hommes et femmes qui avaient décidé de se soulever contre le gouvernement en place, et qui vivaient finalement une vie plutôt banale. Ils faisaient à manger, lavaient leur affaire, ravivaient un feu comme quiconque. Mais ils le faisaient ensemble, sans se plaindre, permettant à la communauté de survivre.
C'était plutôt intéressant de voir une bande de malfrats évoluer comme s'ils ne risquaient pas leur vie chaque jour.
- Zénon ?
Une petite voix s'échappa de derrière son dos. Il se tourna vivement pour voir la jeune Alésia, les mains dans le dos, qui se mordait les lèvres d'anxiété. Zénon se figea à sa vue et ne dit rien jusqu'à ce qu'elle parle.
- Je voulais te remercier, au nom de toute ma famille, pour ton geste...
À ses mots, elle sortit de son dos un bouquet de fleurs impressionnants et laissa Zénon bouche bée. Il n'avait jamais reçu de fleurs de sa vie.
- Je t'en prie, accepte ce présent pour te prouver notre reconnaissance.
- Alésia, je...
- Zénon, prends le ! lança la jeune fille.
Le mage, pris au dépourvu, attrapa le bouquet et libéra la jeune fille d'un poids. Elle lâcha un immense soupir.
- Nous te serons à jamais redevables, murmura-t-elle.
Le Juste serra les dents et posa le bouquet sur ses genoux.
- Ce n'est rien, Alésia, assura-t-il, presque désolé.
La jeune Wallace prit une teinte rouge et gonfla des joues, agacée. La platitude de Zénon la lassait. Toujours à être ennuyé par tout, c'était insupportable.
- Tu as sauvé mon grand frère ! C'est la meilleure chose que tu aurais pu faire.
Zénon se sentit immédiatement mal à l'aise. Encore une fois, il n'acceptait pas les louanges. Il ne l'avait pas fait par bonté d'âme, seulement car Yold le lui avait expressément demandé. Peut-être même qu'il aurait dû s'astreindre, car depuis Walt semblait porter un intérêt tout certain pour le démon.
Tout le monde voulait lui faire porter une auréole de saint, alors qu'il savait pertinemment qu'il avait rarement fait quelque chose par pur altruisme. Il avait un esprit beaucoup trop pervers pour suivre une morale purement bénéfique. Il voyait où était son intérêt partout. Enfin plus précisément, où étaient les intérêts de ses amis. Ils suivaient une logique simple, si ses amis étaient heureux, il l'était. Alors il s'adonnait à rendre heureux ses amis.
Alors Zénon fixa les fleurs et détailla les différentes couleurs qui se mariaient avec la bruyère forestière. C'était un très joli bouquet. Qui était allé le cueillir ?

VOUS LISEZ
Le Chant Du Cygne
ParanormalWolfgang Pluton est un inspecteur de police qui est au commande des crimes à la plume. Cette affaire dure depuis des années et personne n'a la moindre piste. Mais lorsque ces criminels décident finalement de se dévoiler aux yeux de l'inspecteur, ce...