Pas de fumée sans feu

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Xine ressortit de la chambre de l'Alchimiste, un peu retournée. Alors qu'elle se faisait raccompagnée par Ovide, elle se tirait les mains dans tous les sens, anxieuse.

Comment allait-elle annoncer ça à tout le monde ? Elle avait pris une décision à leur place et pas des moindres. Elle redoutait leur réaction.

- Attends, Ovide, il y a Zénon...

- Il est dehors. On va juste chercher ton humain au Roseau et je vous fous à la porte, marmonna le mage.

Xine grimaça.

- Il s'appelle Wolfgang.

Ovide eut l'impertinence de rouler des yeux.

- C'est un humain, déclara-t-il simplement.

Xine n'aimait pas qu'on touche à Wolfgang. Elle n'aimait pas les discriminations dont il était victime, il ne les méritait pas.

- Et toi un crétin, on ne t'appelle pas Crétin pour autant, articula Xine.

Ovide se figea et se tourna d'un coup, pour fusiller Xine du regard.

- Tu retires immédiatement ça !

Quand il parla sa voix résonna comme si des millions d'autre répétaient en écho et cela créa un désordre mental chez Xine. Elle posa ses mains sur ses oreilles pour tenter d'arrêter la caisse de résonance qui vibrait dans sa tête mais le son semblait se répercuter dans son crâne, les mots d'Ovide tournant inlassablement.

- Je pourrais te perforer les tympans en un instant ! continua Ovide, hors de lui.

- Et moi, le cœur, déclara une voix calme.

Effectivement, derrière Ovide, un canon de pistolet se plaçait entre les omoplates de l'Uni et appuyait négligemment dessus.

- Je vais t'expliquer la situation, Ovide, continua Wolfgang, tu vas retirer ton sort, quel qu'il soit, de Xine. Ce qui est contre ton dos, cela s'appelle un Beretta et j'ai explosé la cervelle d'un Rossignol avec, rappelle-toi. Le son va à trois cents quarante mètres par seconde et une balle de Beretta à environ quatre cents mètres par seconde. Je te tuerai avant que tu la touches. Réfléchis.

Le mage ne dit plus un mot, évaluant la menace. Wolfgang appuya d'avantage son arme contre le Sensitif pour le forcer à une procéder à une réflexion plus célère.

Xine continuait à entendre la voix d'Ovide qui lui résonnait dans son cerveau. Cela lui donnait la nausée, elle avait la tête qui tournait et manquait de tomber en tentant de se rééquilibrer. Elle n'avait jamais vécu un tel désordre.

- Ton sort. Maintenant.

Ovide retira son sort. Et Xine poussa un immense soupir de soulagement en se stabilisant et en reprenant conscience du monde qui l'entourait. Wolfgang garda néanmoins l'arme contre le sorcier, prudent.

- Xine, viens derrière moi, ordonna-t-il.

La femme accourut à petits pas pour se glisser aux côtés de l'humain qui gardait en joug le petit homme.

- On va trouver la sortie tous seuls, Ovide. Tu vas nous laisser partir. Tu esquisses un mouvement avant qu'on sorte du bâtiment, tu te retrouves avec une balle entre les deux yeux. Entendu ?

- Je suis un Sensitif sonore. J'entends mieux que quiconque, jusqu'aux battements de votre cœur et ceux des ailes d'un papillon.

- Ouais et apparemment tu sais casser les oreilles rien qu'en parlant. Ferme ta gueule. Nous partons.

Wolfgang attrapa la main de Xine et commença à partir, son arme toujours pointée sur Ovide. Ils avançaient à reculons, lentement. Mais finalement, ils atteignirent la sortie sans encombre et purent partir en direction du bois.

Le Chant Du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant