Garde un œil sur elle ! (terminée)

Chapitre 15

Caro

Je profite de mon seul après-midi de libre de la semaine, ma patronne mise sur le mois de juillet pour augmenter le chiffre d'affaires. Les futurs vacanciers viennent à la librairie acheter le livre qui les accompagnera sur la plage, même si pour la plupart ça veut dire prendre le livre en vogue du moment et ne pas sortir de sa zone de confort, ce manque d'originalité me démoralise petit à petit.

L'un des seuls avantages à avoir des journées chargées est que ça me permet de ne pas m'angoisser par rapport à l'invitation au restaurant d'Angelo. J'ai tourné en rond tout le reste du dimanche avant de le dire à Elisa dès son arrivée. Elle a essayé de voir si Stéphane pouvait sonder les intentions de son meilleur ami mais le petit ami de ma colocataire n'a pas compris ce qui lui avait été demandé.

Allongée sur le canapé, je lis le nouveau roman d'une jeune autrice qui a, je trouve, beaucoup de talent, en vue d'écrire un article sur mon blog. Le style est frais, rythmé, plein d'humour, je passe un agréable moment. Il faut dire que je m'identifie beaucoup au personnage principal, une jeune femme libre, pleine d'esprit et avec une langue bien pendue. Bon elle tombe amoureuse de son voisin, mais on ne peut pas tous avoir la chance d'avoir un mec bien gaulé sur le palier d'en face, le nôtre est chauve, d'une soixantaine d'année, il n'est pas bedonnant mais son goût vestimentaire laisse à désirer mais surtout il donne des coups dans les murs quand il pense que nous faisons trop de bruit même si ça vient de l'étage du dessus.

Je suis avec enthousiasme les péripéties des deux protagonistes et quand vient le moment crucial du premier rendez-vous, quelqu'un sonne à la porte d'entrée. Je râle en mettant le marque-page avant de poser le livre sur la table basse. Je me relève avec peu d'entrain et pars ouvrir la porte. Sur le palier se trouvent mes sœurs Clarisse et Cécile, je me rappelle qu'elles devaient venir chercher des livres que j'avais commandés pour leurs enfants, elles ont juste décidé de venir deux jours plus tôt que la date prévue. Je les fais entrer et elles posent leurs affaires, Clarisse va directement dans la cuisine et je comprends qu'elles sont venues passer un peu de temps avec moi. Même si j'adore Clarisse et que je supporte Cécile, j'aurais aimé profiter de mon après-midi tranquillement avant qu'Elisa n'arrive et qu'elle me raconte son rendez-vous avec une potentielle cliente qui souhaiterais avoir un bijou unique pour son mariage.

J'invite mes sœurs à s'asseoir autour de la table de la cuisine et je commence à préparer le café. Clarisse commence à me parler du désir de Quentin, son fils aîné et mon neveu avec lequel je suis le plus proche, de faire du théâtre. Cécile me demande si elle peut aller chercher les livres dans ma chambre pendant que je suis occupée, je lui indique que je les ai rangé dans un tiroir de mon bureau. Notre sœur aînée me raconte que son fils a développé sa nouvelle passion en lisant les Fourberies de Scapin et qu'il est allé voir une vidéo avec sa sœur sur internet et qu'ils ont voulu faire comme les acteurs. Clarisse me demande si je connais un club de théâtre qui accepterait un enfant de dix ans, je lui dit que je vais me renseigner auprès de ma patronne puis la conversation repart sur un autre sujet plus banal.

La porte s'ouvre à la volée et on aperçoit depuis la cuisine Elisa entrer en sautillant à moitié. Elle tourne sur elle-même avant de refermer la porte puis elle m'annonce dans un cri de joie.

— J'ai eu le contrat ! Elle veut que je lui fasse tous ses bijoux pour le mariage. Y en a pour trois mois de loyer et elle va peut-être même me demander de faire la déco de sa salle.

Elisa s'avance vers la cuisine et s'arrête sur le seuil de la pièce en apercevant Clarisse, surprise. Après quelques secondes, elle se reprend et vient prendre ma sœur dans ses bras.

— Clarisse, je suis contente de te voir. Qu'est-ce que tu viens faire ici ? lui demande-t-elle.

— Je suis venue chercher les livres que Caro nous a commandé.