Lorsque Naomi ouvrit les yeux, elle se trouvait à l'intérieur d'un train. Une couverture enveloppée autour d'elle. Combien de temps avait-elle été inconsciente ? Une voix retentit à l'intérieur du wagon.
« Le train à destination d'Osaka arrive en gare de Nagoya. Deux minutes d'arrêt. »
Reprenant peu à peu ses esprit, Naomi se redressa. Akito était assis en face d'elle. Il paraissait pensif, absorbé, non, tourmenté par ses pensées. Il releva la tête et lorsqu'il croisa le regard de la jeune femme; se leva, sans réfléchir, prit sa valise et descendit du train. Une seule chose était sûre, il ne pouvait plus rester là. Elle tenta de se relever mais fut prise de vertige, ses jambes vacillèrent, et avant qu'elle ne puisse se reprendre le train redémarra. Au travers de la fenêtre, elle le regarda partir sans même se retourner tandis que le train s'éloignait inexorablement.
En arrivant chez elle, elle laissa tomber ses bagages sur le sol, le visage encore impassible, figé par le masque qu'elle s'était forcé à porter en public depuis que Akito avait brusquement quitté le train. Elle contempla la tristesse de cet appartement vide, pour la première fois depuis ce qui lui semblait être une éternité. Comment est-ce qu'un week-end aussi romantique avait-il pu se terminer ainsi ? C'était comme si toutes ses émotions avaient été gelées par la découverte de la vérité. Rangeant machinalement ses affaires, elle trouva au fond de l'armoire, le cadeau qu'elle aurait dû offrir à Akito pour les fêtes. En le voyant, son masque se brisa et elle fondit en larmes. Elle aurait préféré le porter pour toujours, c'était comme si il la protégeait de ce qu'elle ressentait. Mais à présent qu'il était tombé, impossible de le remettre. Une fois encore l'esprit de Naomi était partagé, déchiré entre des états d'esprit complètement opposés. La peur, la terreur que lui inspirait l'homme qu'Akito était réellement, ce qu'il était capable de faire. La gratitude et la fascination morbide qu'elle ne pouvait s'empêcher de ressentir à son égard. La délivrance d'avoir enfin eu la réponse à ce mystère qui entourait sa vie depuis ce jour fatidique. Mais ces réponses avaient soulevées d'autres questions qui tournaient en boucles dans la tête de la jeune femme, venant s'ajouter à la détresse d'avoir perdu cet être capable des pires atrocités pour elle. L'espoir peut être qu'il changerait d'avis, qu'il lui expliquerait en détails ce qu'il s'était passé, ou mieux encore, que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve.
Pourquoi avait-elle accepté si facilement la vérité ?
Pourquoi avait-il choisit ce moment là pour disparaître ? Pourquoi n'avait-elle pas peur de lui ?
Pourquoi n'était-elle pas terrorisée par cet homme ?
Toutes ces questions et ses émotions se mélangeaient. Bouillonnant, montant en elle, lui donnant des sueurs froides. Elle n'eu le temps que de se détourner du paquet avant de vomir. Combien de temps avait-elle passées assise sur le sol, inerte, en proie à ses pensées?
Le lendemain, en se réveillant, le sceau d'eau et le balai qu'elle ne se souvenait pas avoir utiliser pour nettoyer le débordement de la veille lui prouva douloureusement que tout ça n'était pas un cauchemar.
Après d'innombrables heures passées à attendre devant son téléphone ou à regarder par la fenêtre. Naomi désespérait de voir la voiture du professeur se garer devant chez elle, ou sa moto.Elle restait dans son salon, recroquevillée sur son canapé, la télévision éteinte, regardant le sol, sans vraiment le voir. Ses yeux étaient vides, vides d'expression, comme sa vie était vide de sens à présent. Elle ne mangeait presque plus, la boule qui lui pesait sur l'estomac lui coupait complètement l'appétit.
Ses nuits étaient une succession de souvenirs qui lui revenaient les uns à la suite des autres. Comme si son cerveau, trop heureux d'avoir enfin surmonter son blocage, rattrapait le temps perdu. Chaque nuit elle revoyait cet adolescent tomber à ses pied et Akito qui la recueillait, l'aidait, la rassurait. Et chaque matin elle regrettais de s'être réveiller. Elle fermait les yeux et tentait de se rendormir, pour le retrouver, pour simplement être à ses côtés. Parfois, elle composait machinalement le numéro d'Akito avant de reprendre ses esprit et de raccrocher. De toute façon, il ne répondait jamais.
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Eigo no Sensei - Tome 1
RomantizmElle recula. Les yeux rivés sur le sol, elle se laissa glisser contre le mur derrière elle. Seul un faible rayon de lune éclairait la ruelle déserte, tandis que le vacarme de la ville grondait, imperturbable. Elle avait le teint pâle d'un fantôme. Q...