Chapitre 43 || Année 7

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PDV de Draco

Je continuais à me répéter encore et encore que personne ne savait et que personne ne saurait jamais, mais je commençais à douter. La façon dont ses yeux de serpents se posaient sur moi me faisait toujours trembler. C'était comme si il lisait en moi comme dans un livre ouvert.

Nous étions assis autour de notre longue table. Les places étaient toutes prises par les plus proches partisans du mage noir. Mon père était à ma gauche, silencieux ; son regard était impérieux mais son visage jaunâtre. Ma mère était assise à ses côtés, ses yeux bleus fixaient sur ses genoux.

Dire que j'avais peur aurait été un euphémisme — j'étais terrifié. Mes yeux ne quittaient pas le corps inconscient qui flottait au-dessus de la table. La femme avait visiblement était battue et torturée.

J'avais la chance de ne pas devoir torturer ceux qui étaient emprisonnés dans ma maison. Mais je pouvais toujours entendre leurs cris, le cri de ces personnes qu'on plongeait doucement dans la folie. Mais le pire, c'était sans doute tous ces cadavres que je voyais, qui gisaient, couverts de leurs sangs après qu'on les ai jetés nonchalement au sol dès qu'ils aient rendus leurs derniers souffles.

Mes nuits ne se passaient maintenant jamais sans pleurs et réveils après d'horribles cauchemars. Je me trouvais pathétique de ne pas pouvoir contrôler mes émotions. Mais c'est alors que j'ai entendu sa voix qui me soufflait que je n'avais que dix-sept ans, et que je ne devrais pas voir tout ça. J'étais fort, selon elle, contrairement à ce que disent les Mangemorts. Mais même cela ne me redonnait pas le sourire — je doutais y arriver à nouveau un jour.

J'ai sursauté quand j'ai vu la femme se réveiller de son état d'inconscience, luttant contre ses liens invisibles. J'ai rapidement détourné les yeux de cette femme que je connaissais comme professeur depuis des années. J'ai regardé le mur devant moi, évitant tout contact visuel.

— Ce n’est pas notre nièce, Maître, j'ai entendu crier désespérément ma folle de tante. Narcissa et moi n’avons plus jamais accordé un regard à notre sœur depuis qu’elle s’est mariée avec le Sang-de-Bourbe. Cette sale gamine n’a rien à voir avec nous, pas plus que la bête qu’elle a épousée.

C'est alors que l'homme qui a tout détruit s'est tourné vers moi. Ses yeux écarlates me fixaient, essayant de plonger son regard dans le mien. Néanmoins, j'ai refusé de détourner mes yeux du mur en face de moi.

— Qu’en dis-tu, Drago ? demanda-t-il à voix basse malgré les rires bruyants. Accepterais-tu de garder leurs louveteaux ?

Je me suis instantanément figé, comprenant le véritable sens derrière ces mots. J'ai regardé mon père, terrifié, mais au lieu de m'adresser un regard réconfortant, il fixait ses genoux. J'ai alors jeté un regard à ma mère. Quelque chose dans son regard doux ou dans son petit hochement de tête presque imperceptible m'a fait comprendre que je ne devais pas réagir.

Les rires se sont vite éteints quand tout le monde a aperçu le serpent qui semblait énervé. J'ai rapidement cessé d'écouter la conversation qu'il avait avec le reste de ses partisans, n'ayant aucune envie d'y participer.

Mais ce n'était pas le principal de mes préoccupations. C'était cette phrase qu'il avait dit, et surtout comment il l'avait dit. Tout ce que je pensais, c'était qu'il savait. Il savait que j'étais tombé amoureux de la née-moldue la plus recherchée. Mais ce qui m'agaçait le plus, c'est qu'il ne le disait pas, ce qui me faisait douter. Je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir ce miniscule espoir, selon lequel il ne savait pas.

— Et toi, Draco ? demanda doucement cette voix qui me donnait des cauchemars.

J'ai rapidement secoué la tête. D'abord parce que j'étais trop terrifié pour répondre mais surtout parce que je n'avais aucune idée de ce qu'était la question. Heureusement pour moi, il ne m'a pas prêté plus d'attention et a repris sa conversation avec les autres Mangemorts.

Je voulais juste m'enfuir de ce stupide manoir, de ce stupide pays. Je voulais juste échapper à tout ça ; à toutes ces tortures, tous ces morts. Et l'emmenez avec moi. La sauvait, car je savais qu'elle serait en danger jusqu'à la fin de la guerre et même après. Je voulais qu'on sois ensemble ; le Sang-pur le plus connu et la Sang-de-Bourbe la plus détestée, défiant toutes règles et étant juste ensemble, sans se soucier du reste du monde. Mais bien sûr, la réalité est cruelle et ne se passe presque jamais comme dans mes rêves.

Je suis sorti de mes pensées quand j'ai réalisé que tout le monde était devenu silencieux. Le seul bruit que j'entendais, c'était son souffle, lourd et enragé et le sifflement de son serpent. Le professeur d'études des moldues, Charity Burbage, avait des larmes qui lui coulaient sur les joues. Même elle se doutait sûrement que son sort était fixé.

C'est alors qu'il leva sa baguette. Ses yeux étaient encore plus foncés qu'à l'ordinaire et son visage était livide.

Avada Kedavra !

Une lumière verte illumina chaque recoins de la pièce tandis que corps autrefois bien vivant frappait avec un bruit sourd sur la table. Beaucoup de Mangemorts eurent un mouvement de recul. De mon côté, je suis tombé de mon siège, sans pouvoir quitter des yeux le corps sans vie.

En voyant l'énorme serpent s'approcher du corps, j'ai dû me répéter de ne pas pleurer et de ne montrer aucune faiblesse. Je pouvais sentir le regard moqueur de l'homme sur moi, mais j'ai refusé de craquer.

Je savais qu'il essayait de me briser. Il aurait pu me tuer d'un simple geste de baguette, mais n'était-ce pas beaucoup plus plaisant de me regarder m'écrouler petit à petit ? Il pouvait aussi la tuer, la torturer comme il l'avait fait avec la professeur. Il n'aurait eu aucun regret à avoir ôté la vie à une jeune fille innocente, mais au contraire, se serait senti ravi d'avoir débarrassé le monde d'une nouvelle Sang-de-Bourbe.

C'est alors que son visage, ces traits doux et ces yeux chocolats dont je suis tombé amoureux, m'a traversé l'esprit, me faisant sursauter. J'ai jeté un regard à l'homme qui a brisé ma vie, et l'ai vu me fixant, un sourire cruel sur le visage.

J'ai senti mon souffle se bloquer dans ma gorge alors que j'entendais sa voix me chuchoter à l'oreille "je connais un traître". J'ai dégluti et reporté mon regard sur le cadavre.

Mais au lieu de voir la vieille professeur de Poudlard allongée sur la table, je n'ai vu que ses boucles brunes et ses immenses yeux chocolats, sans vies.

remember me [dramione]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant