𝐈𝐍𝐓𝐑𝐎.

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❝ you can call me what you wanna
cause i've probably called me worse. ❞

❛ self-crucify ▬ bea miller

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Voie lactée surplombait le pays, maîtresse dominatrice des insomnies, elle désertait les rues de ses habitants, faisait taire la frénésie, l'euphorie, l'engouement des heures passées, noyant l'obscurité sous les lumières éphémères des lampadaires. Le vent soufflait ses bourrasques, sifflait le chant des feuilles et s'en allait agoniser contre les vitres.

La ville endormie comptait une poignée d'agrypnies, mais loin de la modernité, du flux ivre de la capitale et de l'actualité, là où personne ne mettait jamais les pieds, quelqu'un avait troqué la chaleur de ses draps contre une paire de baskets.

Patriarche amorphe gisait dans une mare d'alcool, le corps léthargique étendu sur le parquet imbibé de whisky, les poings abîmés, écorchés à vif par sa brutalité animale. Un soupir lourd, un dernier battement de cils et à mille lieues de se douter que sa seule progéniture s'apprêtait à le quitter.

Son fils unique ouvrait la fenêtre de sa chambre, un sac sur le dos, il enjambait la liberté d'une prise d'adrénaline qu'il n'avait jusque-là, jamais connue. Un instant d'hésitation le poussait à jeter un dernier regard à l'intérieur, les débris d'une discorde de plus, d'un excès de trop, les mots cinglants jetés à la volée mais avant ça, le presque bonheur.

Le rire mélodieux de sa mère, les anniversaires improvisés et les gâteaux ratés, des moments immaculés qu'il emportait avec lui, à des kilomètres de la seule personne susceptible de le lui retirer.

« -tu seras jamais bon à rien, p'tite pute, t'es bien comme ta mère. »

Le cœur fragmenté par ce souvenir encore frais, il passait de l'autre côté du cadre et marchait sur la pointe des pieds jusqu'au grand portail, symbole emblématique de son nouveau départ, d'un adieu définitif à tout ce qu'il avait connu, de la révérence catégorique qu'il adressait à celui qu'il avait été jusqu'alors.

Les chaînes métalliques libérées du cadenas rouillé duquel elles étaient prisonnières, sa silhouette franchissait le point de non retour, persuadé que là, dehors, une vie meilleure n'attendait plus que lui. Convaincu qu'il n'existait rien de pire que de vivre sous la coupe du diable, c'est la naïveté qui le guidait hors de cage de givre.

Dissimulé sous le tissu de sa capuche, un sourire irradiait son visage, amplifié par le sentiment d'exaltation, d'euphorie véritable, peint au gré du chemin boueux dressé sous l'abîme candide de son regard. L'insouciance guidait ses pas d'un naturel déconcertant, comme si la simple quête de ses rêves démesurés suffisaient à savoir où aller.

Le corps frêle oscillait au bord de la route, le bras tendu semblait défier la température corrosive de ce mois d'octobre alors qu'il pantelait dans l'attente. Frigorifié, il désespérait de trouver un brin de chaleur et une âme suffisamment charitable pour l'éloigner de ce décor lugubre environnant.

ALOYSIUS | ᵀᴬᴱᴷᴼᴼᴷOù les histoires vivent. Découvrez maintenant