OSHUN

Chapitre 6 : Midas

Chapitre 6 : Midas

Oshun, resta silencieuse, oscillant entre crainte, curiosité et envie de se défendre. Les autres chuchotaient sur son cas dans leur langue, faisant fi de sa présence. Enfin, mal à l'aise d'être encore debout, elle prit la liberté de se mettre à leur hauteur. Ils la laissèrent faire. Elle essaya de s'expliquer :

- Je ne pouvais pas rester là-bas. Quelqu'un m'attend sur Terre, chez moi. Je dois trouver un moyen de l'aider. ƆCkylt n'avait plus rien à m'apprendre semble-t-il...

Elle repensa à la façon dont l'Androgyne lui avait tourné le dos, sans regret ni remord. Son cœur battit plus fort. Elle fronça les sourcils et serra les dents. Non, elle ne pleurerait pas. Il fallait avancer. Toujours avancer. La question du chef le lui permit :

- Que veux-tu apprendre ?

Oshun jeta un regard autour d'elle. Ses yeux se posèrent sur une vasque à moitié remplie d'eau quelque peu terreuse. En levant la main droite, elle sépara l'eau claire du sable. La flaque circulaire se mit à flotter vers elle à mesure qu'elle repliait son poignet.

- Il y un groupe de sorciers sur ma Terre, raconta-t-elle. Des sorciers du sang...

La flaque se désagrégea en une pluie de gouttelettes qui se déposèrent au creux de ses mains en coupe.

- Ils ont blessé un enfant qui n'aurait jamais dû se trouver là...

- Tu cherches à te venger ?

- Je cherche à réparer, corrigea Oshun avec aplomb.

Elle porta ses mains à sa bouche et but l'eau. Le liquide dans sa gorge lui fit un bien fou. Dommage qu'il y en eût si peu.

- La magie du sang n'est pas à la portée d'une jeune sorcière, commenta un troisième personnage au visage aussi masqué que les précédents.

- C'est pourquoi je dois apprendre, confirma Oshun.

Une nouvelle sérénité, somme toute inattendue, semblait l'avoir gagnée. Peut-être était-ce l'eau qu'elle venait de boire. Peut-être était-ce ces figures masquées qui lui donnaient de l'aplomb. Elle porta alors à leur attention le fruit de sa réflexion subsidiaire.

- Cela fait un moment que je parle devant vous de sorcellerie et de portails interdimensionnels. Vous n'avez pas sourcillé en voyant ce que j'ai fait avec cette eau. J'en déduis que la magie fait partie de votre univers et que contrairement au mien, rien ne sert de la cacher ici. Elle ne vous effraie pas. Ma première question sera donc simple : qui parmi vous peut-il m'aider ?

- Et la seconde ? s'enquit le précédent intervenant.

- J'aimerais savoir pour quelles raisons vous portez sur vous tant de tissus malgré la chaleur.

Le membres du conseil échangèrent des mots dans leur langue. Oshun ne reçut pas sa réponse. L'un des personnages se leva simplement et lui intima de le suivre. C'était celui qui avait évoqué son courage. Il la mena vers une autre tente, différente des autres. Elle n'était pas ronde mais carrée, et blanche. Oshun attrapa le pan de toile ouvert d'une main. Dans un instant d'hésitation, elle croisa le regard de son guide déjà prêt à déguerpir.

- Attends, le retint-elle en lui attrapant le bras fermement mais sans violence.

L'autre lui fit face.

- Je te reconnais, murmura Oshun. Je reconnais tes yeux. C'est toi qui m'as soignée.

- J'ai fait ce qu'on m'a demandé, se dédouana l'autre.