Chapitre 3 : Gendry
Oshun écuma les boutiques ésotériques toute la matinée. Elle trouva ce qu'elle cherchait.
Quand elle passa la barrière magique, elle ne put retenir un frisson d'appréhension.
Rien ne se produisit.
La porte de sa maison était restée ouverte. A pas de loups, elle entra.
Corric était là.
Une masse claire sur le lit. Il semblait dormir, recroquevillé sur lui-même, en position fœtale. Il était nu comme un ver, sans doute frigorifié, et aussi effrayé qu'un enfant sorti du ventre de sa mère. Oshun se mordit la joue. Cette vision lui déchira le cœur.
Elle s'approcha du lit en silence. Les épaules de Corric et sa cage thoracique s'élevaient et s'abaissaient au rythme de sa respiration. Oshun rabattit les pans de la couverture sur l'enfant. Puis elle s'assit au coin du lit.
Après une hésitation, d'une main maternante, elle osa caresser les mèches de cheveux collées par la sueur qui barraient le front du garçon. Il tressaillit. Oshun retint son souffle.
Dans un soubresaut, les yeux de Corric s'ouvrirent grands et sa main empoigna le bras tendu de la sorcière. Son regard la transperça. Oshun se figea.
Mais, alors que la peur aurait pu l'envahir, ses yeux se posèrent sur les perles salées qui s'agglutinaient sur les cils de l'enfant. Dans un souffle, Corric s'engouffra dans les bras ouverts d'Oshun et pleura tout son saoul.
- Ça va aller, murmura la sorcière. Ça va s'arranger.
Sans en avoir conscience, elle se mit à le bercer. Le garçon sembla s'apaiser.
Une heure plus tard, il arborait de nouveaux vêtements et un nouveau bijou. Un onyx noir au bout d'un lacet de cuir.
- Il reste deux choses que je n'ai pas pu me procurer dans les boutiques, expliquait Oshun tout en remettant de l'ordre dans sa maison.
Les meubles avaient été renversés. Quelques griffures ornaient désormais les murs de ci, de là. Cela leur donnait un aspect rustique qui étrangement ne déplaisait pas à la propriétaire. La sorcière vida le contenu de sa pelle dans la poubelle et en referma le couvercle.
« Après le balai, la sauge », songea-t-elle.
Et tout en embrasant le fagot, elle répondit aux interrogations de Corric.
- Il nous faudrait un genre de carte. Un plan qui répertorie les passages et les mondes. Quelque chose pour nous guider. Et puis...
Elle s'interrompit le temps de plaquer le lit contre le mur d'un coup de pied.
- Et puis il te faudrait un professeur, acheva-t-elle.
Corric resta interdit.
- Un professeur ? Pour quoi faire ?
- Il pourrait t'apprendre à maîtriser tes métamorphoses, à les comprendre et à les provoquer...
- Ou à les empêcher, compléta Corric. Tu en connais, toi, des professeurs de métamorphoses ?
Oshun pouffa.
- Il y a quelques jours j'ignorais encore l'existence d'autres mondes, alors tu penses bien ! La seule personne qui me vient à l'esprit est un personnage de roman, s'amusa-t-elle.
Ses propres mots cliquetèrent dans son esprit. Sa pensée trébucha.
- Tu fais une tête bizarre, commenta Corric.
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OSHUN
FantasyOshun, femme et sorcière, se lance à la recherche d'un obscur sortilège susceptible de sauver la vie d'un jeune garçon. Elle ignore que sa quête fera voler en éclats toutes ses croyances...