Chapitre 17 : « Pauca meae »
Gendry se réveilla en sursaut. Il était glacé. Un vent froid s'insinuait entre ses vêtements et sa peau et lui figeait le sang. Ses poils se dressèrent jusque sur son crâne. La porte d'entrée était grande ouverte.
Gendry jeta un œil vers le lit. Oshun n'y était plus.
L'homme se précipita vers la porte. Il faisait nuit noire au dehors. Oshun se tenait là, à quelques pas du seuil, à moitié nue, dans l'ombre.
- Oshun ?
Gendry s'était attendu à ce qu'elle sursaute. Elle resta pourtant impassible. Cela l'inquiéta davantage.
- Oshun, qu'est-ce que tu fous ? gronda-t-il en posant le pied à l'extérieur.
Une bourrasque le fit tressaillir.
- Rentre avant d'attraper la mort ! ordonna-t-il.
Mais Oshun resta là. Elle ne semblait même pas sensible à la température. Sa peau demeurait lisse alors que Gendry avait déjà la chair de poule sous ses vêtements. La sorcière était debout, droite, le regard perdu au loin. Ses cheveux immenses et noirs s'entortillaient autour de ses bras, ses épaules, sa gorge, à cause du vent. Elle ne portait qu'un bas de sous-vêtement. Elle était restée telle que Gendry l'avait couchée après l'avoir soignée.
- Oshun, tu...
- Approche, fit la voix de la sorcière.
Mais cette voix avait quelque chose de différent. Elle résonnait davantage, plus musicale et plus douce. Plus profonde aussi. Malgré ses réticences, Gendry ne put s'empêcher d'obéir. Il passa complètement la porte et s'avança sur le sol humide. Le froid le saisit à pleines mains. Les muscles de sa nuque et de son dos se contractèrent et il crispa les épaules. Un nouveau frisson lui parcourut l'échine lorsqu'il découvrit le profil de la sorcière.
Sur son front et sa joue, les écailles semblaient s'être épaissies. Son œil, pâle comme l'ouragan, était cerclé de noir comme si la peau de son visage, bien que basanée de coutume, avait subi les flammes et le soleil au point d'avoir mué en suie ou en poudre de roche volcanique. Sa pommette haute en ressortait plus saillante encore. Sous son nez droit et long se creusait l'arc de cupidon. L'angelot imaginaire rebondissait sur les deux lèvres charnues et entrouvertes, découvrant l'éclat blanc d'incisives en filigrane. Dans un expire, l'éventail de cils noirs battis comme au ralenti. La pupille qu'ils couvrirent un instant se dilata, avant de se rétracter à nouveau. Puis l'air fit le chemin inverse et, dans un inspire, la bouche s'ouvrit encore imperceptiblement pour laisser l'oxygène filer plus vite jusqu'aux poumons.
Gendry se sentit absorbé par la lenteur de ce souffle. Il crut crouler sous le poids de ces gestes d'ordinaire si invisibles. Il sentit son cœur ralentir. Chaque battement lui semblait plus fort et plus éloigné du précédent. Mais enfin, luttant contre les sensations qui lui brouillaient l'esprit et le corps, il referma ses doigts sur le poignet d'Oshun. Il eut soudain l'impression qu'un voile se dissipait devant ses yeux. Une gifle claqua dans sa tête pour le réveiller. Il en tituba presque.
Oshun, qui avait posé son regard sur lui, fronça un instant les sourcils comme si elle était surprise ou contrariée. Mais elle effaça vite sa mimique et reprit une figure neutre.
- Tu peux me dire ce qu'on fait dehors au milieu de la nuit ? réclama le voyageur avec calme et fermeté.
- Il m'a laissé une offrande, fit la voix d'Oshun.
- Qui ? Le Proscrit ?
La sorcière acquiesça.
- Où ?
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OSHUN
FantasyOshun, femme et sorcière, se lance à la recherche d'un obscur sortilège susceptible de sauver la vie d'un jeune garçon. Elle ignore que sa quête fera voler en éclats toutes ses croyances...