Chapitre 8 : De Charybde en Scylla

10 2 5
                                    


Chapitre 8 : De Charybde en Scylla

Entre la tente de l'Alchimiste et la sienne, Oshun passa par le puits. Elle y remplit un seau. Elle s'empara aussi de quelque nourriture que sa bouche réclamait. Cela finit d'assouvir ses pulsions.

Elle vida le seau dans la vasque et débarrassa l'eau de la terre qui l'obscurcissait. Elle but et se lava. Elle refusait de penser. Elle chassa les événements de son esprit pour n'en garder que la satisfaction du corps. Cela la protégerait quelques heures. Jusqu'à ce que la nuit tombe et qu'elle se sente de nouveau seule.

Elle rapporta le seau vide près du puits.

Avant de pouvoir songer aux bienfaits qu'elle pourrait apporter au peuple qui l'entourait, de l'agitation se manifesta à l'entrée du village. Elle suivit les habitants qui se pressaient pour en découvrir la cause. C'était une charrette.

Les conducteurs sautèrent au bas de l'attelage et appelèrent dans leur langue. Quelqu'un vint pour examiner ce qui se trouvait à l'arrière. Des chuchotements s'élevèrent dans l'assistance. Oshun ne pouvait rien voir tant du monde s'était amassé devant elle. Elle devina seulement qu'on amenait quelque chose sous une tente. Elle chercha des yeux Mithra et ne la trouva pas. Impossible de comprendre ce qui se disait autour d'elle. Animée par sa curiosité, Oshun se fondit dans le décor et fila vers la tente qui suscitait tant de questions. Prête à se glisser à l'intérieur, elle fut prise en flagrant délit par la personne qui en sortait.

Les grands yeux turquoise !

- Qu'est-ce que tu fais là ? chuchota Mithra qui n'aimait pas parler la langue d'Oshun en public.

La sorcière jeta un œil par-dessus l'épaule de l'autochtone, espérant apercevoir quelque chose dans l'entrebâillement de la porte. Mithra soupira et abaissa d'un coup le pan de toile.

- C'est un enfant qu'on a trouvé dans le désert. Comme toi. Et je vais le soigner. Comme toi.

- Un enfant ? s'enquit Oshun qui ne pouvait se contenter d'une réponse aussi vague. Je peux le voir ?

- Non, cingla Mithra.

- Je peux peut-être t'aider, négocia la sorcière.

- Non ! Laisse-moi faire mon travail.

Pour éviter toute nouvelle tentative, elle ajouta le regard sévère :

- Tu as d'autres choses à penser, il me semble. Comme les Vorsord, par exemple.

Mouchée, Oshun se résigna. Elle fit demi-tour sous l'œil vigilant de Mithra.

Celle-ci la rejoignit dans sa tente comme promis à la tombée du soir. L'autochtone se fit pressante et pour la modérer, Oshun lui raconta la vision qu'elle avait eue. Mithra resta sous le choc. Elle n'avait jamais entendu plus que des rumeurs et des histoires, tantôt déformées, tantôt exagérées.

- Tu as vraiment vu tout ça ? douta-t-elle.

- C'est comme si j'y avais réellement assisté, confirma la sorcière désolée.

- Alors... Alors c'est d'autant plus important que tu fasses quelque chose.

- Quoi ? s'étouffa Oshun. Mais tu as entendu ce que je viens de te dire ? Ce sont des monstres, rien ne les arrête ! Je ne peux rien faire contre eux ! Ce serait pire de les provoquer. Vous devez... Vous devez rester cachés. C'est la seule chose à faire en attendant que...

Elle s'interrompit, repensant aux mises en garde de l'Alchimiste. Mais Mithra était trop maligne pour laisser passer cela.

- En attendant que quoi ? chargea-t-elle.

OSHUNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant