OSHUN

Chapitre 16 : "Amen"

Chapitre 16 : « Amen »

Il se passa trois heures avant qu'elle ne s'éveille, trois heures durant lesquelles Gendry garda son chevet jusqu'à finir par s'assoupir lui-même. Il dormait donc lorsqu'Oshun rouvrit les yeux.

Elle était allongée sur son lit, sous la couverture. Le voyageur, assis dans le fauteuil, les deux pieds posés sur le coin du matelas, respirait profondément en rythmes réguliers.

Oshun se redressa. Elle se retint de crier à cause de la douleur. Il semblait que Gendry lui avait remis l'épaule en place. Pour autant, elle souffrait.

Elle passa la main sur ses côtes. Rien de cassé mais de sacrées ecchymoses. Sa hanche aussi avait pris une teinte violacée. Mais une autre source d'inquiétude la saisit à la gorge. Elle se souvint des plaies sur le ventre du jeune Corric, celles-là même qui avaient causé sa métamorphose. Elle se força à se lever, se déshabilla complètement et fit face au miroir. Elle passa tout son corps au crible à la recherche de griffures maudites. Rien. Elle n'avait rien. Elle poussa un soupir de soulagement.

Au même instant, Gendry toussa dans son sommeil. L'inquiétude fut ravivée aussi vite dans le cœur de la sorcière. Elle renfila son pantalon et son tee-shirt et s'approcha du voyageur. Elle posa une main douce sur son épaule.

- Gendry ? appela-t-elle à mi-voix.

Elle le secoua gentiment.

- Gendry ? répéta-t-elle.

L'homme sortit de ses rêves en baillant.

- Tu es réveillée ? s'étonna-t-il. Tu te sens mieux ? Ton épaule ?

Oshun le rassura d'un signe de tête bien que son visage révélât sa douleur.

- Lève-toi, réclama-t-elle.

Et comme elle disait ces mots, elle tirait déjà le voyageur par la main.

- Déshabille-toi, poursuivit-elle.

Gendry resta interdit. Oshun, qui ne se souciait pas de s'expliquer, souleva le bas du tee-shirt de l'homme. Il retint sa main avec douceur, mais cela avait suffi pour qu'elle repère la blessure.

- Tu saignes, fit-elle remarquer. Laisse-moi regarder.

Elle était convaincante. Son autorité naturelle sans doute, à moins que ce ne fut quelque charme insoupçonnable, poussa Gendry à obéir, ou plutôt à ne pas lui opposer de résistance.

Oshun retira donc son tee-shirt au voyageur en retenant son souffle. Ses yeux cillèrent. Elle poussa un second soupir de soulagement. Ce n'était pas une marque de griffure mais de lance.

- Il faudra nettoyer ça, indiqua la sorcière.

Puis elle poursuivit son examen. Ses doigts glissèrent sur le torse nu de Gendry, le long de ses bras qu'elle inspecta sous toutes les coutures avant de passer à son dos et sa nuque. Sans ajouter un mot, elle retira d'elle-même le pantalon du voyageur qui resta impassible. A nouveau, Oshun tourna autour de lui à la recherche de plaie suspecte, et ne trouva rien.

- C'est bon, valida-t-elle en se relevant.

Son visage se trouva tout près du grand torse lisse et immobile. Gendry la dépassait de deux têtes. Elle leva les yeux. Gendry l'observait, paisible. Oshun ne savait qu'en penser. Son cœur s'arrêta une seconde. Deux. Elle déglutit. Aurait-elle aimé qu'il fasse un geste ? Elle ne préféra pas se poser la question.

- Il faut soigner ça, parvint-elle à articuler sans pour autant montrer de quoi il s'agissait.

Mais cela suffit à Gendry pour comprendre. Il se tourna d'un quart de tour, libérant Oshun qui rougit sans qu'il n'y prenne garde, remonta son pantalon et se dirigea vers l'armoire à pharmacie. Oshun le suivit et retint sa main qui ouvrait déjà le placard.