Chapitre 3

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Mitch me déposa devant un motel minable en bordure de la route qui longeait la forêt dense. Je ne pus m'empêcher de hausser les sourcils en voyant l'endroit. C'était... sinistre. Le motel faisait un U et la réception se trouvait dans le milieu. Les chambres étaient accessibles par l'extérieur. Il fallait monter un escalier pour se rendre à l'accueil et le bois de ce dernier semblait moisi. Il était désormais plus noir que brun et il manquait des lattes à bien des endroits. Un grand trou se trouvait même près de la réception. Ils avaient mis une affiche, mais j'avais presque peur que quelqu'un y tombe. On dirait l'endroit qu'un tueur en série choisirait pour éventrer ses victimes. Pas que j'aille peur d'un tueur.

Je sortis ma valise du coffre de la voiture tout en continuant de regarder l'endroit.

Daven Hunt... tu m'en faisais voir de toutes les couleurs ! Pourquoi avoir choisi cet endroit ? Ce n'était pas comme si sa famille n'avait pas les moyens de l'héberger ailleurs. Je me doutais bien que le choix d'hôtels devait être moindre dans la région. Mais il y avait les autres hôtels et il y avait... ça.

Mitch souleva ses lunettes de soleil pour inspecter le lieu.

— Vous êtes certaine que c'est l'endroit ?

Je baissai les yeux sur la feuille que mon père avait demandé à Mitch de me faire parvenir.

— Oui, c'est bien celui-ci.

— Hum...

Mitch inspecta l'endroit comme s'il s'attendait à voir surgir un monstre. Il me faudra un un temps d'adaptation avant de me calmer complètement.

— Soyez prudente, mademoiselle.

Sur ces paroles, il rembarqua dans la voiture. Je la vis s'éloigner sur la route et je me retournai vers l'immeuble. Je mis une mèche de cheveux derrière mon oreille.

Je traînai donc ma valise derrière moi, en direction de l'endroit où semblait être la réception.

Du coin de l'œil, je vis un rideau onduler, provenant d'une des chambres près de moi. Mes yeux scrutèrent aussitôt l'endroit. Je vis une ombre derrière le rideau, mais je ne pus discerner la silhouette de la personne. Je détournai le regard. Fixant droit devant moi et me retenant d'aller cogner à la porte, je marchai vers la réception. Ça pouvait être n'importe qui, après tout. Pas de quoi paniquer.

Il fallait monter quelques marches pour arriver à la réception. Un vieillard se trouvait derrière le comptoir, les yeux mi-clos. Il semblait s'endormir. Je déposai fortement mon sac à main sur la surface de mélamine pour le réveiller. Il sursauta et je ne pus m'empêcher de sourire narquoisement. Il me toisa, surpris de mon apparition. Je haussai les sourcils.

— Bien bonjour à vous, dis-je un peu trop fortement.

Il grimaça et j'en pris un malin plaisir.

— Ma-mademoiselle... vous désirez... ?

— Une chambre, dis-je me demandant ce que je pouvais bien répondre d'autre.

En y réfléchissant, je ne voulais pas le savoir.

— Pour quelques heures ou pour la nuit ?

Je passai près de m'étouffer. Je ne savais pas si je devais rire ou m'offenser. Je décidai de le pendre à la rigolade.

— Vous me trouvez si jolie que ça ? Je ne pensais pas avoir le profil de l'emploi.

Je rigolai bêtement, mais le monsieur attendait toujours une réponse de ma part. Je roulai les yeux.

Sang RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant