Chapitre 11

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J'étouffai. Beaucoup. Le souffle me manquait tandis que la fumée nocive envahissait la pièce. Elle tourbillonnait autour de nous, semblait nous narguer par sa présence. La peur s'implanta en moi. L'émotion était si féroce qu'elle me fit presque mal à la poitrine. Je ne voyais pas d'issu à notre situation. Nous étions foutus.

Je commençai déjà à me sentir étourdie. Le plancher tanguait sous mes pieds. Je me retrouvai soudainement à genoux sans me rappeler être tombée. Je toussai pour essayer d'enlever la sensation pénible et désagréable qui s'était installée dans ma gorge.

Ce n'était pas le genre de fumée qui restait en superficie. Je l'inspirai et elle pénétrait déjà dans mon corps. Elle se faisait un chemin à travers chacun de mes organes, détruisant tout sur son passage, aussi vorace qu'une balle de fusil. Sauf que la mort ne venait pas rapidement. Elle lorgnait dans l'ombre et attendait le moment parfait pour survenir tel un cobra attaquant sa proie.

Du coin de l'œil, je vis Daven frapper avec une force impressionnante contre les portes. Il essayait de trouver un moyen de nous sortir d'ici. J'étais trop faible pour essayer et cette réalité me terrifia. Je ne voulais pas être faible. Pourquoi ne pouvais-je pas me mettre debout, là, tout de suite ? Mes jambes semblaient si lourdes. Elles m'empêchaient de sauter sur mes pieds et de foncer vers la sortie. J'en étais incapable.

Mes yeux se fermèrent par eux-mêmes. J'essayai de toutes mes forces de les garder ouverts, mais la tâche était ardue. Je sentis soudainement une présence à mon côté. Quelqu'un me secoua brutalement l'épaule.

— Raphaëlle ! Réveille-toi !

Péniblement, j'ouvris les yeux. Mon regard croisa celui bleu-argenté de Daven. Sauf que mes paupières étaient trop lourdes.

— Non ! s'exclama-t-il.

J'entendis un bruit sourd et remarquai qu'il s'était retrouvé lui aussi à genoux à mes côtés. Il toussa fortement.

Ma tête était douloureuse, je sentais le sang qui affluait dans mes tempes et je grimaçai.

La douleur était si vive qu'une plainte s'échappa de mes lèvres qui étaient pourtant fermées. Un puissant haut-le-cœur me parvint. J'allai être malade. Je le sentais.

Je pensais m'être évanouie car, plus tard, je sentis des bras me prendre par-dessous les aisselles. Je me fis traîner au sol. Je sentis ensuite une surface rocailleuse sous mon corps et les feuilles effleurèrent mon visage. Il y avait du gazon, aussi. J'inspirai et l'air frais s'imprégna de mes poumons. Un air départit de Strychnine. Le soulagement m'envahit. Je me sentis revivre.

J'ouvris les yeux et le soleil puissant me fit plisser les paupières. Je clignai à maintes reprises mes yeux et je croisai le regard de Harvey.

— Bon retour parmi nous, mademoiselle Lamonia.

Lentement, je tournai la tête vers la gauche. Je vis le corps de Daven allongé près de moi. Le ciel était bleu au-dessus de nos têtes et les oiseaux se promenaient librement. Perdue, confuse, j'essayai de me relever, mais une main agrippa mon épaule et m'en empêcha.

— Reste allongée un instant.

Je toussai. Encore. Ma gorge semblait être en feu.

— On les a perdus, déclara une voix qui semblait essoufflée.

—Merde, rugit Harvey. Ils ne peuvent pas être bien loin.

— Ils ne sont pas ici, en tout cas.

— Qui est... ici ? essayai-je de dire.

Ma langue était pâteuse et je parlais comme si j'avais une patate chaude dans la bouche.

Sang RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant