Chapitre 20

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Je vis la voiture entrer dans le stationnement du motel, mais je ne bougeai pas du lit où j'étais toujours assise depuis le moment où Daven avait raccroché le téléphone. Une trentaine de minutes devait s'être écoulée, mais je n'avais pas vraiment conscience du temps. Je finis par sortir de la chambre de motel tout en traînant ma valise derrière moi. Arrivée devant le comptoir de la réception, le même homme qu'à mon arrivée m'accueillit.

Je me doutais que je ne devais pas avoir fière allure à la façon dont il me contemplait. C'était comme si je sortais tout droit d'un film. Je payai la note pour toutes mes nuits dans ce motel. Je me tournai et descendis ensuite les marches menant au stationnement.

La voiture présente était une BMW noire aux vitres teintées, semblable à celle qui était venue chercher Daven. Un homme habillé d'un complet m'attendait devant la porte de la banquette arrière. Il me l'ouvrit avant même que je sois à sa hauteur.

— Bienvenue, mademoiselle Lamonia, me salua-t-il poliment.

Je lui fis un bref hochement de tête tout en lui tendant ma valise. Je m'installai sur la banquette arrière et, peu de temps après, nous étions partis. Direction le manoir Hunt.

Je ne me souvenais pas vraiment du trajet tellement j'étais obnubilée dans mes propres pensées. Je ne voulais pas penser à ma maison, à mon chez-moi. Je ne voulais pas penser aux dommages, aux morts. Je ne voulais juste pas penser. Penser signifiait accepter qu'il se fût produit quelque chose et je n'arrivais pas à le faire. C'était au-dessus de mes forces.

Après une autre trentaine de minutes, où je fixai les arbres qui défilaient, dans un état totalement second, la voiture se dirigea dans un chemin de terre non annoncé.

Malgré le fait que nos familles étaient de la même région et que nous étions les royaux de la région, je n'étais jamais venue chez les Hunt.

En dépit de mon état, leur maison m'impressionna. Faite de pierres gris foncé rectangulaires, elle formait un U inversé. Elle était majestueuse. Magnifique.

Deux colonnes en demi-cercles encadraient un grand escalier qui descendait jusqu'à un chemin de pierres inégales. Le long chemin d'une centaine de mètres se rendait jusqu'au stationnement où nous étions. Je débarquai de la voiture tout en scrutant les arbres dans la pelouse qui était des deux côtés du petit chemin.

Les oiseaux chantaient près de moi, procurant un effet calmant. Je pris une grande inspiration avant de suivre les deux hommes vers le domaine. Vers ma nouvelle maison. Je ne savais pas que ce traité existait. C'était une surprise. Je n'avais toujours pas décidé si c'en était une bonne ou une mauvaise.

Je relevai le regard en arrivant en bas des marches et mon cœur manqua un battement en découvrant la silhouette qui se tenait en haut de l'escalier. Daven était habillé d'un jean foncé et d'un t-shirt noir, ses cheveux bougeaient au rythme du vent. Je l'avais vu le matin même, mais le voir ici, dans sa demeure, c'était différent. Il me semblait différent. Plus confiant. Mais il était là. Il m'attendait.

C'était dans nos pires moments que l'on découvrait sur qui nous pouvions compter, paraissait-il. À cet instant, je sus que Daven serait toujours là pour moi. C'était peut-être une affirmation présomptueuse sachant qu'on ne se connaissait pas depuis bien longtemps, mais c'était juste une de ses certitudes qui me venait naturellement.

Il vint me rejoindre à la moitié de l'escalier et fit quelque chose qui me surprit. Il me prit dans ses bras.

Il se déroula quelques secondes avant que je referme à mon tour mes bras dans son dos. Je fermai les yeux et humai son odeur. Nous nous détachâmes après une dizaine de secondes. Je lui fis un sourire, le premier depuis que j'avais appris la nouvelle. Je le remerciai intérieurement et il comprit le message.

Sang RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant