Chapitre 28

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Un bras s'enroula soudainement autour de ma taille. Un deuxième vint le rejoindre et je sentis mon corps se reculer, s'éloignant de la porte de la chambre de Nadine Hunt. Je freinai aussitôt à l'aide de mes pieds, rendant la tâche difficile. Mais la personne derrière moi était forte. Elle détenait une poigne d'acier sur ma taille et m'entraînait loin de l'endroit où je désirais être. Non. L'endroit où je devais être.

Un hurlement passa la barrière de mes lèvres. J'étais incontrôlable. D'un mouvement rapide, je balançai ma tête en arrière et frappai celle de la personne me maintenant. Cette dernière lâcha un gémissement, mais ne diminua pas sa poigne. Elle devait savoir l'importance de me maintenir loin de madame Hunt.

Il y avait une partie rationnelle de moi qui me criait que ce que je faisais n'avait pas de sens. Mais je me sentais plus moi-même. J'étais totalement déconnectée de mon corps.

Mes cris alertèrent le voisinage. Je vis des gardes accourir dans notre direction, se précipitant davantage en remarquant le couteau dans mes mains. J'essayai de me défendre, mais le tout n'était pas évident. Je vis aussi la porte de la chambre de Nadine s'ouvrir. Sa silhouette passa dans le cadre de porte et je vis ses yeux s'agrandir.

Un cri presque animal s'échappa de ma gorge. Mes pieds et mes mains bougeaient constamment, frappant, tirant. Je devais le reconnaître, celui ou celle qui me maintenait avait de la force. Les gardes vinrent néanmoins à sa rescousse. D'un mouvement sec et vif, le premier arrivé me départit de mon couteau. En le humant, ses yeux s'écarquillèrent. Il comprit le produit dans lequel il avait été trempé.

Une chevelure blonde passa le coin du corridor, et je vis Nadine retenir Jasper afin qu'il n'approche pas. Les deux contemplaient dans notre direction, un masque horrifié sur leur visage.

—Raphaëlle.

La voix de Daven parvint à mes oreilles. Ce n'était pas la première fois qu'il prononçait mon nom, mais c'était la première fois que j'étais disposée à l'entendre. Je compris alors que c'était lui qui me maintenait.

—Raphaëlle, tu dois te calmer, me lança sa voix douce et calme. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais calme-toi, tout va bien se passer.

Comme si mon corps lui obéissait aussitôt, je sentis mon rythme cardiaque se ralentir. Petit à petit, mes mouvements finirent par perdre de leur intensité. Mon souffle était toujours haletant, mais je me sentais soudainement fatiguée.

Nadine Hunt approcha de quelques pas, sa robe de chambre mauve autour d'elle. Elle l'agrippait comme si ça lui prodiguait un soutien quelques contre.

—Que s'est-il passé ? À quoi sert ce couteau ?

—Un couteau imbibé de Strychnine, madame, répondit le garde m'ayant désarmée.

Je sentis la poigne de Daven se raffermir sur mes poignets quand il entendit ses paroles.

Le regard de Nadine se tourna vers moi. Ses yeux semblaient horrifiés, encore plus qu'auparavant. Elle semblait comprendre ce qui s'était produit. Qu'elle était passée si près de la mort.

—Raphaëlle, murmura-t-elle si doucement que mon cœur aurait pu s'attendrir.

—C'est le Zoya, proclama Daven, sa voix grave derrière moi. Ça a dû la faire voir des choses.

Un doute surgit dans mon esprit. Avais-je imaginé ma discussion avec mon père ? Était-ce le fruit de mon imagination ? Pourtant, il avait semblé si réel. Son toucher, sa voix, son physique. Était-ce réellement le liquide ?

—Mais le couteau ? Où l'a-t-elle trouvé ?

Je sentis les regards de tous se poser sur moi, mais mes lèvres étaient scellées.

Sang RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant