Chapitre 25

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À vingt-deux heures exactement, un léger coup retentit contre ma porte. J'étais prête. Je me levai et ouvris la porte. Je découvris Jasper de l'autre côté, un doigt posé sur ses lèvres, me dictant de rester silencieuse. Je baissai le regard sur ses mains. Il y avait cette petite fiole, ressemblant à celle qu'on utilisait pour le sang des sangs noirs. Le Zoya était à l'intérieur, le liquide bleu. Il me tendit la fiole avec une feuille de papier pliée en deux. Je compris qu'il ne voulait pas parler. On ne pouvait savoir si quelqu'un nous écoutait. Tout le monde pouvait entendre la discussion, puisque nous n'étions pas à cinq cents mètres des autres.

Je refermai ensuite la porte après le départ de Jasper. Mon regard descendit sur la fiole. Je la contemplai en l'approchant de mon visage. Le liquide semblait presque s'illuminer dans ma chambre où seulement la lampe de chevet était allumée. Je fis tourner la fiole entre mes doigts. J'ouvris le tiroir de la table de chevet et la cachai à l'intérieur. Je dépliai la feuille et vis un message écrit à la main.

Raphaëlle,

Pour que le Zoya agisse à sa pleine capacité, il doit être consommé à l'instant même où la lune s'élève dans le ciel, le soir de la pleine lune. Prends-le à cette heure-là. C'est notre seule chance.

Jasper.

**

Le temps passa si vite.

Le jour du vingt-neuf septembre passa à une vitesse folle. Peut-être était-ce parce que, pour une fois, j'aurais voulu arrêter le temps.

Je ne nous considérais pas prêts, ce qui me rassurait dans ma décision de prendre le Zoya. C'était la meilleure chose à faire pour les vaincre.

Nous avions décidé d'en kidnapper un comme nous avions fait chez Harvey, afin de connaître davantage leurs intentions et leurs plans. Il y avait bien des chances qu'ils ne viennent pas tous, et ils devaient avoir d'autres stratégies. Il faudrait les interroger. Je m'étais donc dit que je ne me transformerais pas tant que je ne serais pas certaine que nous en ayons un de côté. Je savais que, dès que mes instincts de chasseurs prendraient le dessus, je ne pourrais plus me contrôler. La proie deviendrait le prédateur.

C'était ce que nous étions depuis toujours, pourtant. Des prédateurs. C'était eux qui étaient intervenus, d'abord en créant les sangs noirs, puis ce groupe d'extrémistes qui voulaient désormais éradiquer le mal de la planète.

Je me rappelais les paroles de Nadine Hunt. Certains pensaient qu'il fallait combattre le mal par le mal. Je ne savais pas comment je me sentais face à cette affirmation, en toute honnêteté. Mais si c'était vrai, ce soir, le pire du mal allait apparaître. Nous.

Nous cherchions des armes depuis trois jours, mais notre arme la plus puissante se trouvait sous notre nez depuis tout ce temps. Nous-mêmes. Nous étions nos propres armes. Il fallait juste la laisser sortir.

Je mentirais si je disais que je ne ressentais pas d'anxiété à l'idée de laisser la bête prendre vie. Je ne voulais pas blesser les gens auxquels je tenais. Je devais juste espérer qu'ils sachent comment réagir, soit en se tenant loin de moi.

**

À exactement dix-neuf heures, je quittai la salle de réception où nous nous tenions. Je me dirigeai dans ma chambre. Personne ne m'avait suivie, heureusement. Je jetai un coup d'œil par la fenêtre. D'une minute à l'autre, la lune allait pointer le bout de son nez.

Je sortis le Zoya du tiroir de ma table de chevet. Mon souffle resta pris dans ma gorge en contemplant à nouveau la couleur si particulière de ce produit. J'avais vraiment l'impression qu'il scintillait, comme s'il cherchait à m'atteindre. M'hypnotiser, peut-être. Après tout, à petite dose, c'était une drogue. Peut-être était-ce normal.

Sang RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant