Chapitre 15

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La nouvelle créa une onde de choc dans toute la meute de Harvey. Ainsi que pour Daven et moi.

Harvey annula son ordre m'interdisant de venir dans sa demeure et ordonna à Daven de venir me chercher. Le trajet en voiture se fit dans un silence complet et j'eus les larmes aux yeux dès que nous arrivâmes à la maison de l'alpha.

Il pleuvait des cordes, mais tout le monde restait à l'extérieur. Ils formaient un cercle et je remarquai quelque chose entouré d'un drap blanc au sol. Un corps. Jordan.

Daven et moi débarquâmes de la voiture simultanément. Je m'approchai du cercle, mais chaque pas me paraissait une torture. Une éternité semblait s'être déroulée depuis que j'avais appris la nouvelle.

Je ne connaissais pas Jordan, mais la nouvelle de sa mort me rendait émotive. On ne réalisait pas à quel point la vie ne tenait qu'à un fil. J'avais expérimenté la mort cette dernière année et je savais les effets qu'un tel décès avait sur les proches.

Mes yeux se remplirent de larmes quand je fus aux côtés des autres membres de la meute de Harvey. Mon regard dériva sur la mère de Jordan, la silhouette qui était le plus près du corps. Elle sanglotait fortement.

Je ne comprenais pas ce qu'il s'était produit, mais ce n'était pas le bon moment pour poser des questions. Daven avait été muet comme une tombe depuis qu'il était venu me chercher.

Immobile, je contemplai la scène tandis que Harvey parla de Jordan. Tout ce que j'entendais était les sanglots de sa mère qui me brisaient le cœur.

Je contemplai aussi tandis qu'un des membres de la meute revint avec une torche enflammée. Je savais ce qui allait se produire. C'était exactement ce qui s'était produit après le décès de ma mère.

Harvey prit la torche et tout le monde ferma les yeux pendant une minute de silence. Puis, il descendit l'objet et le corps de Jordan s'enflamma.

Des images d'une scène extrêmement similaire passèrent dans ma tête. Moi, entourée de ma sœur et de mon père alors qu'on brûlait aussi le corps de ma mère. Je ne pus m'empêcher de détourner le regard. J'étais incapable de supporter cette vision. Trop de souvenirs y étaient reliés.

Les flammes procuraient de la chaleur physique à mon corps, mais mon cœur était glacé.

Nous rentrâmes finalement et le silence perdura dans la demeure, jusqu'à ce qu'un son y mette fin.

J'entendis un cri que je connaissais trop bien. Un cri de douleur et de rage. J'en avais laissé plusieurs de ce genre franchir la barrière de mes lèvres au fil de la dernière année. La mère de Jordan cria si fortement que certains loups sursautèrent. Une seconde, elle se tenait debout à côté du sofa et, l'autre d'après, elle avait sauté au cou de Blake.

— C'est de ta faute ! hurla-t-elle.

Elle le frappa avec son poing droit et Blake ne fit que cligner des yeux, complètement abasourdi.

— C'est toi ! Sale connard ! Tu voulais qu'on s'en débarrasse ? Tu as eu ce que tu voulais!

Deux hommes vinrent ceinturer la pauvre mère. Harvey s'approcha lentement de la femme en délire.

— Maria, calme-toi, je t'en supplie.

— Je ne peux pas ! Il est mort ! On vient de... on vient de le brûler ! Il...

Elle se mit à sangloter. Mon cœur se serra douloureusement.

Harvey la prit dans ses bras et elle s'accrocha à lui comme à une bouée de sauvetage. Seul le son des pleurs de Maria combla le silence de la pièce. Après une dizaine de minutes, certains s'éparpillèrent dans la demeure. Je restais en retrait.

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