Chapitre 27

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Tuer une personne que j'aime.

Je déglutis difficilement sous le regard de Nadine, ses mots se répétant en boucle dans mon esprit, comme une vilaine incantation.

— Vous voulez dire que...

La porte du bureau s'ouvrit soudainement et je me tournai pour regarder qui était rentré dans la pièce. Mon cœur sembla s'arrêter quand je contemplai les yeux bleutés de Jasper Hunt.

Mon corps réagit avant que mon cerveau ne sache quoi faire. On dirait qu'il avait attendu ce moment depuis que Daven m'avait expliqué ce que faisait réellement le Zoya.

Je bondis sur mes pieds et je bougeai si rapidement que personne n'eut le temps de réagir dans le petit bureau. Mon poing entra en collision avec le visage de Jasper. J'entendis le craquement de sa mâchoire. Je crois que tout le manoir l'entendit.

Jasper recula de quelques pas, ses yeux écarquillés. Sa main vint enrober sa mâchoire tout en la massant.

Les bras de Daven s'enroulèrent autour de ma taille et il m'éloigna de ma cible. Ça ne m'empêcha pas de crier ma haine, le déversant sur le responsable. Oui, c'était de sa faute.

— Comment as-tu pu ?! Je te faisais confiance !

Je me débattis, mais j'étais incapable de me déprendre de la poigne de fer de Daven.

— Je jure que je vais te réduire en poussière ! hurlai-je. Tu vas regretter –

— Jasper, va-t'en ! s'écria Nadine.

Le blond semblait tétanisé, mais finit par sortir de la pièce. La porte se ferma derrière lui, mais la rage était toujours présente, brûlant mes veines. Daven me maintenait toujours pour m'empêcher d'aller massacrer son frère.

— Seigneur, murmura la mère de famille.

Ma respiration était effrénée, mes mains tremblaient. Je ne connaissais plus la raison ; j'étais envahie par le désir de vengeance et la haine.

— Daven, ramène-là dans sa chambre. Donnons-lui le temps de se calmer.

Daven nous fit sortir du bureau et il me traîna jusqu'à la chambre. Quelques secondes plus tard, j'étais enfermée dans la pièce. Je contemplai désormais une porte close, mon cœur battant si fort que je croyais qu'il allait s'échapper hors de ma cage thoracique.

Je passai une main tremblante dans mes cheveux.

Tuer une personne que j'aime, me répéta ma conscience, me murmurant ses paroles à l'oreille.

C'était bel et bien les mots de Nadine Hunt. La légende du Zoya.

Restait-il vraiment des gens que j'aime encore en vie ?

Daven, me souffla encore une fois la petite voix à l'intérieur de moi.

Je ne savais pas si j'aimais Daven — si j'étais amoureuse de lui — mais je l'appréciais grandement. Ça devait être assez pour le Zoya.

Je dus me rendre à l'évidence. J'étais désormais une menace pour Daven et pour tous ceux dans le manoir.

Je descendis le regard sur mes veines. Je ne voyais évidemment rien de différent en moi. Mais je me sentais différente. Je sentais cette énergie qui m'affectait. Je me grattai le cou et, encore une fois, je me demandais si c'était les effets du Zoya.

J'allai devenir folle si je me posais la question une autre fois.

Je soupirai et déposai mon visage entre mes mains. Je descendis mes doigts le long de mon cuir chevelu, là où j'agrippais mes cheveux. Si je tirais bien fort...

Sang RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant