Chapitre 23

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Le retour à la demeure des Hunt se passa dans le silence. J'y étais habituée. Personne ne savait quoi dire dans ce genre de moments. Je jouai nerveusement avec une mèche de mes cheveux. Lorsque nous fûmes rendus devant la maison, les hommes conduisirent Jasper jusqu'à l'infirmerie. Daven et moi marchâmes le long du corridor de la maison. Une fois dans l'aile des habitants, il me laissa devant la porte de ma chambre.

J'eus de la difficulté à trouver le sommeil, cette nuit-là. Dès que je fermais les yeux, des visions de cendre affluaient derrière mes paupières. Mon esprit allait même jusqu'à me faire imaginer comment le tout s'était déroulé. Une fuite de gaz ? Une chandelle laissée allumée sur la table basse ?

Le Protecteur que j'avais brièvement interrogé, la veille, m'avait affirmé ne pas être la raison de l'incendie. Est-ce que je le croyais ? Je ne savais pas. Si ce n'était pas lui, ça pouvait très bien être leurs amis. Je ne croyais pas qu'ils iraient aussi loin. Mais, dès le début, cette histoire ne me disait rien de bon.

Le lendemain matin, après une nuit agitée, je décidai d'aller rendre visite à Jasper. Après tout, il méritait lui aussi d'entendre mes excuses. En déambulant sans trop savoir où aller, je croisai un serviteur dans le corridor.

— Je m'excuse, lui dis-je. Où se trouve l'infirmerie ?

Il pointa l'autre bout du corridor.

— Au fond à droite.

— Merci.

Quand j'arrivais dans la pièce, je fus surprise par le nombre d'appareils sophistiqués qui s'y trouvaient. On aurait dit... un hôpital. Jasper se trouvait sur le lit. Sa jambe droite était dans un plâtre noir. Il regardait son portable. Je cognai contre la porte pour attirer son attention. Il releva le regard sur moi et sourit en me voyant.

— Eh bien, si ce n'est pas ma sauveuse ! s'exclama-t-il.

Je grimaçai à ses paroles.

— Je ne suis pas ta sauveuse. Si je n'avais pas été là, tu n'aurais pas été blessé.

Il se mit à rire, me surprenant.

— Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle.

— Toi, tu es hilarante.

Voyant que je ne rigolais pas, il finit par se calmer. Il toussa pour dissimuler une dernière fois son rire.

— Es-tu sous l'effet des médocs' ? demandai-je sérieusement.

— Sûrement. Raphaëlle, se reprit-il, redevenant sérieux. Je voulais de l'action. J'en ai eu.

Je fronçai mes sourcils.

— Si, pour toi, passer près mourir est de l'action...

— Hey, je savais ce qui m'attendait en venant avec toi !

Je lui lançai un regard étrange.

— Enfin, non, je veux dire, je ne pensais pas que je me ferais tirer dessus, mais je connaissais les risques.

Je pinçai les lèvres.

— Tu sembles prendre ça...

— Comment ?

— Si... bien.

Il haussa les épaules.

— Je ne suis pas mort. Je vais bien. Dans cinq jours, je n'aurai plus qu'une petite cicatrice, merci à notre guérison rapide de loups. Il y a juste ces trucs, dit-il en désignant les béquilles, qui vont devoir me suivre pendant les prochains jours.

Sang RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant