Chapitre 8

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Le lendemain matin, je me sentais plus amorphe. L'ambiance n'était pas super, non plus. Plusieurs policiers se trouvaient toujours sur les lieux. Je les voyais à travers la fenêtre de ma chambre. Je décidai de ne pas aller prendre un café comme j'avais fait la veille, ne voulant pas attirer l'attention sur moi. Je restais donc dans la chambre et, pour passer le temps, je sortis l'album photo de ma famille. Je ne savais pas si c'était une bonne idée, mais je le fis tout de même. J'étais attirée vers l'objet se trouvant dans ma valise.

Assise en indien sur le lit, je tournai les pages de l'album. Je souris et regardai chacune des photos. Les souvenirs peuplaient ma tête et me firent parcourir toutes sortes d'émotions. Des bonnes comme des mauvaises. Je voyais tout. Chaque regard et chaque sourire avaient une histoire. Je me rappelais tout. Notre voyage en France. Nos soirées à écouter des films. Nos étés à faire des feux le soir dans la forêt et à manger des guimauves grillées.

Je donnerais tout pour revivre ces moments...

Un coup résonna contre ma porte et je me levai pour répondre. Je regardai dans le judas et je remarquai que c'était Daven. Je lui ouvris la porte et il se glissa à l'intérieur.

— Il y a encore beaucoup de policiers ici, affirma-t-il.

— Ouais, j'ai cru voir ça.

Je baissai le regard et vis qu'il tenait un cabaret de carton semblable à celui que j'avais hier. Un sourire étira soudainement mes lèvres.

— Tu m'as apporté un café ! m'étonnai-je.

— Bien sûr.

Il me tendit le gobelet et j'en humai l'odeur. Il me donna aussi un sac de carton, comme celui que j'avais la veille. Je sortis un lait et je le vidai dans mon café. Je pris un petit bâton de bois pour mélanger le tout et je bus ensuite une gorgée.

Ça goûtait le ciel ! Et ça faisait un bien fou.

— Miam, dis-je. Merci.

Le regard de Daven dévia sur mon lit et il y remarqua l'album photo. Je vis son regard se transformer aussitôt. Il y avait de la compassion dans ses pupilles. Il s'approcha doucement du lit, tout en me jetant un coup d'œil pour voir si j'approuvais. Je ne l'empêchai pas. Il regarda une des photos et je fus presque nerveuse de savoir ce qu'il allait dire.

— Ta sœur te ressemble, affirma-t-il.

Ça eut l'effet d'un coup de poignard. Je me forçai à avaler une boule qui s'était logée dans ma gorge. Seigneur, pourquoi était-ce si difficile ?

— Elle est le portrait craché de mon père alors que je ressemble comme deux gouttes d'eau à ma mère, contredis-je tout en essayant de paraître calme.

— Oui, mais... vous vous ressemblez quand même.

Je m'approchai doucement et regardai la photo qu'il analysait. C'était une soirée de feu de camp, nous étions assises l'une à côté de l'autre avec nos guimauves dans nos mains.

— Ça paraît dans vos regards. Ce n'est pas la couleur de vos yeux ou de vos cheveux, c'est juste... ici, dit-il en déposant son doigt sur nos visages. Il y a quelque chose de familier.

C'était rassurant de se dire qu'on se ressemblait... car c'était comme si je traînais une partie d'elle avec moi. Comme si elle était toujours là. C'était peut-être idiot, mais c'était ainsi que je me sentais.

— Excuse-moi, je ne voulais pas t'attrister, dit-il en remarquant que je ne parlais plus.

— Non, je ne suis pas triste. Je suis... ça va. Je me sens bien.

Sang RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant