Chapitre 2

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Me voilà donc officiellement en groupe pour l'exposé, qui plus est avec des garçons. Ça va peut-être vous paraître anodin, mais pour moi, me retrouver à sympathiser avec des garçons c'est un grand pas pour l'humanité.

Le jumeau de Liam, le fameux Caleb, remarque que nous sommes tournés vers lui et hausse les sourcils en guise de questionnement. Son frère lui fait signe de nous rejoindre, et Caleb soupire avant de s'approcher de nous et de venir en traînant des pieds. Ah... Il à l'air déjà bien moins gentil que Liam. Le brun attrape une chaise à une table à côté et s'assoit -ou plutôt s'affale- en face de nous.

- Salut, je suis Albane.

Caleb me fixe quelques instants. Cela me déstabilise un peu, je n'ai vraiment pas l'habitude qu'un garçon beau comme lui me porte attention si longtemps.

- Tu as quel âge ? finit-il par demander.

- Euh, j'ai quinze ans, j'ai sauté la sixième.

- Ah d'accord, en plus tu fais vraiment jeune.

Et voilà. J'avale ma salive. Je suis sûre qu'il lui a juste fallu savoir que j'ai sauté une classe pour me classer dans le camp "intello sans intérêt".

- Bref, tu te mets avec nous, hein Caleb ? semble insister Liam.

- Crois-moi, ce n'est pas vraiment une grande de joie ni pour toi ni pour moi. Perso, je préfèrerais largement me mettre avec mes nouveaux potes.

Il désigne du regard le groupe au fond de la classe. Sans surprise, ce sont les populaires.

- Tu n'as pas le choix, Caleb, tu sais bien que maman veut que je t'aide à améliorer tes notes ! Et puis, comment peuvent-ils être tes amis, ça fait à peine une heure que tu les connais.

Il y a clairement une tension entre les deux frères. Pour des jumeaux, ils n'ont pas l'air de s'entendre. Cela me fait bizarre, en sachant qu'en général ces gens ont une sorte de lien fusionnel.

L'un à l'air gentil et il pourrait, s'il ne fuit pas en apprenant à me connaître, tout à fait devenir mon ami. L'autre a l'air plus exaspérant qu'autre chose, en revanche.

- Oui c'est bon, j'ai compris. On se met ensemble avec... Albane.

Le jumeau de Liam me toise du regard en disant cela. Mais ce qui m'énerve le plus, c'est qu'il a hésité sur mon prénom. Serait-ce parce qu'un tas de filles se sont déjà présentées à Caleb ?

- Bien, intervient monsieur Spencer, je vois que vous avez déjà tous constitué vos groupes. Je vais maintenant vous attribuer vos sujets, et vous aurez une semaine pour réaliser ces exposés.

Le professeur distribue des sujets à chaque groupe et nous, nous tombons sur la Seconde Guerre Mondiale. Quelle chance, ce sujet me passionne. En tout cas, c'est bien mieux que de se coltiner tout ce qui est les rois, chose que je déteste. Une fois, j'ai rapporté un 12/20 à mes parents lors d'un contrôle sur ce sujet. Et croyez-moi, je ne préfère pas recommencer.

- Albane, je te propose que tu viennes chez nous demain soir pour le commencer ? me propose Liam en se tournant vers moi. Tu pourrais rester dîner et rentrer vers vingt heures chez toi.

Mais que de rebondissements et de surprises en cette journée de ma petite vie. Je ne suis jamais, je dis bien au grand jamais allée chez des camarades d'école. Et également jamais allée dans une autre demeure qu'une famille riche comme mes parents.

Je souris grandement :

- Je vais demander à mes parents, tu as un numéro ?

- Bien sûr qu'il en a un, pouffe Caleb.

Mon sourire se fige et je jette un regard noir à ce dernier. Il commence à m'énerver, celui-là.

Son frère jumeau soupire face à sa remarque et m'écrit son numéro sur un papier, puis me le tend.

La sonnerie du repas finit par sonner, et à ma grande surprise et joie, Liam décide de rester avec moi. Pour une fois, je ne vais pas déjeuner seule. Quand nous nous installons sur une table avec nos plateaux, je remarque que j'ai pris uniquement de la salade et un yaourt, tandis que lui a pris une grosse assiette de frites et un dessert qui m'ont l'air... répugnants. Mais bon, on n'a pas tous la chance de pouvoir manger ce que l'on veut mais aussi conserver une ligne parfaite.

Je décide d'essayer d'être sociable et de l'interroger un peu sur sa vie :

- Donc, Caleb est ton frère jumeau, affirmé-je. Pourtant, vous semblez très opposés.

- Effectivement, soupire mon camarade, lui et moi on ne se ressemble pas du tout. Il est du genre à se foutre de pas mal de choses, à aimer faire la fête et être populaire. En ce moment, ça ne va pas trop chez nous... Euh, désolé, je ne sais pas pourquoi je te dis ça alors qu'on se connaît à peine...

- Si tu penses que te confier peut te faire du bien, je te promets que je suis de confiance.

- Et bien... continue Liam. Ma mère aimerait que j'aide Caleb à améliorer ses notes. Elle aimerait aussi que notre relation soit meilleure... Moi aussi, dans le fond. Mais bon avec son agressivité constante, c'est compliqué.

- Oh...

C'est tout ce que j'arrive à dire. La situation de Liam me touche beaucoup, en plus du fait que quelqu'un se confie à moi comme ça.

- Quand on était petits, reprend-il après une pause, on était inséparables. Si tu savais... On était toujours fourrés ensembles. Puis, l'entrée au collège a montré que finalement, nous n'étions pas pareils... Moi, je ramène des bonnes notes aux parents et les rends fiers. Caleb... Il a des notes catastrophiques, je ne sais même pas comment il a réussi à passer en première.

C'est vrai que du peu que j'ai vu, j'ai du mal à m'imaginer Liam et Caleb proches. Ce Caleb... Il m'intrigue autant qu'il m'exaspère. Je me demande pourquoi il ne se bat pas pour rendre fiers et heureux ses parents également. Il pourrait se croire pour le jumeau raté, vu son comportement... Mais je ne vois pas pourquoi, il est aussi beau, voire plus que son frère. Enfin, je ne pense pas que la beauté joue grand grand-chose, même si je ne m'y connais pas beaucoup en matière de relations parentales.

- Ca ne doit pas être facile, je réponds. Tu sais quoi ? Puisqu'on parle de relations familiales, je vais me confier aussi.

Je lui souris chaleureusement en signe de soutien et me lance :

- Moi, mes parents sont riches et je dois ramener des notes excellentes si je veux les satisfaire. Ils ont déjà tracé mon avenir, c'est-à-dire faire des études de médecine après le bac. En plus, depuis toute petite, je suis seule à l'école, classée dans les intellos coincées. Je suis donc très heureuse que tu me tiennes compagnie.

Et je le pense sincèrement.

- Et moi, très heureux de même.

Je me sens si heureuse d'avoir un ami que j'ai l'impression que mon coeur va exploser. Fini, la solitude. Je vais enfin pouvoir partager avec quelqu'un ce que j'aime, n'aime pas ou ce que je pense, et parler à coeur ouvert de mes envies.

Mais désormais, je dois convaincre mes parents de me laisser aller chez les deux frères. Comment ? Je vais improviser.

DEAL ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant