Chapitre 9

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Vous arrive-t-il, parfois, de vous demander pourquoi vous avez accepté quelque chose ? Moi, c'est ce que je ressens en ce moment même. Dans moins de dix minutes, c'est la pause déjeuner. Et vous vous en doutez bien, je stresse comme jamais. Moi, manger avec les populaires ! Je pensais que ça arriverait quand les poules auraient des dents. Malgré tout, je peux déjà voir le visage décomposé des premières. Ils ont tous déjà rêvé d'être à la table de Lucie et sa clique, et moi, je suis non seulement la personne la plus improbable, mais aussi celle qui le veut le moins.

Quand l'heure finit par arriver -malheureusement-, je prends tout mon temps pour ranger mes affaires dans mon sac.

- Allez, bouge-toi Albane ! me presse Caleb qui s'est assis sur le rebord de ma table.

- Deux minutes !

- Je me doute bien que tu stresses, mais à ce point-là...

Je crois que le stress me rend à fleur de peau, puisque je meurs d'envie de le frapper. Ou non, c'est juste Caleb.

- Ecoute-moi bien, tes amis et moi on vient d'un monde complètement différent. Ils sont populaires, et moi je ne suis qu'à leurs yeux une intello coincée. Toi même tu l'as dit !

- Je veux te prouver que ce n'est pas vrai ! rétorque-t-il.

Je relève les yeux vers le brun. Comment ça, ce n'est pas vrai ?

- Albane, déjà, il n'y a que Lucie qui est comme ça, à critiquer tout ce qui bouge. Les autres suivent car ils savent que s'ils se rebellent, c'en est fini pour eux. Moi au départ, si j'ai rejoint leur groupe, c'était juste pour la popularité. Au final, j'ai découvert des personnes super. La vérité, c'est qu'à part Lucie, ils n'en n'ont rien à foutre de qui est intelligent, qui porte des salopettes ou autres conneries de ce genre.

- Au final, vous utilisez quand même de la méchanceté gratuite pour être admirés des autres.

Je le vois soupirer et cela me fait rire intérieurement, même si je ne laisse rien transparaître. J'apprécie fortement le pousser à bout en ayant toujours une réponse.

- Bon, lâche Caleb, on ne va pas partir dans un débat philosophique maintenant. S'il te plaît, viens. C'est dans notre accord. Tu vas voir, outre Lucie, ils sont vraiment sympas.

J'ai un peu de mal à croire que Caleb et moi venons d'avoir une discussion qui n'est pas partie en vrille. Dans le fond, ça me soulage.

- D'accord, d'accord... cédé-je.

Je me tourne vers Liam, et je le vois nous fixer, les yeux écarquillés.

- Je n'y crois pas, murmure-t-il. Caleb vient de dire s'il te plaît.

Mon ami et moi éclatons de rire, et on peut remarquer un sourire sur le visage de l'intéressé.

- Et encore, je n'ai rien fait pour ! dis-je entre deux rire.

- Ahah, c'est très drôle. Maintenant sérieux, venez !

***

- Ah, vous en avez mis du temps ! renchérit Lucie quand nous nous installons tous les trois à la table.

La table. Je suis actuellement assise à la table réservée aux populaires. Qui aurait cru qu'un jour, moi, Albane Castanez, j'y serais ? Je peux déjà sentir les regards pesants dirigés vers Liam et moi. D'habitude, je déteste être au centre de l'attention, mais là, je dois avouer que je jubile. J'imagine déjà mon nom dans le journal du lycée : "Liam Northwin et Albane Castanez, de nouvelles recrues dans le clan Etoile ?"

Quand je dis que les gens les admirent, ils ont donné un nom à leur groupe. Pathétique.

- Hum, on va être clairs, relance Lucie. Liam tu es le frère de Caleb et tu es plutôt mignon, donc tu peux intégrer le groupe sans problème. Mais Albane, rien n'est gagné. Tu dois le mériter.

Lucie me toise du regard et je manque de m'étouffer avec ma purée. Qui a dit que je voulais intégrer son groupe ?!

- Bébé, répond Carter, ne sois pas si agressive.

Le fameux petit ami de la blonde décolorée dit ceci en me fixant, et je suis très rapidement mal à l'aise. Comme si je n'avais pas remarqué qu'il n'arrêtait pas de me regarder !

- Je suis d'accord, ose insister Marina. Albane a l'air très sympa.

Lucie lui jette un regard noir, et la petite rousse ferme automatiquement sa bouche.

- Lucie, accepte... le supplie presque Caleb.

- D'accord, mais dans ce cas je refuse qu'elle nous sorte des formules de maths ou je ne sais pas quoi.

La preuve formelle qu'elle est conne. Oups, je deviens vulgaire, mais là c'était plus fort que moi. Rah, ce n'est pas parce qu'on travaille bien qu'on aime ça au point d'en parler à tout bout de champ ! Je hais cette fille.

***

Le soir, quand nous sortons des cours, je remarque que mon chauffeur n'est pas là. Je décide donc de patienter avec les deux frères.

- Cette Lucie ! Horrible ! je me plains auprès d'eux. Comment peux-tu la supporter, Caleb ?

- Je le fais, c'est tout. D'ailleurs, trouve un moyen de convaincre tes parents d'aller à la bibliothèque certains soirs de semaine, et aussi les samedis après-midi, comme ça on pourra faire des activités.

- Je ne te garantis pas que j'y arriverai, mais je vais essayer.

Je vois la voiture noire de monsieur Darwin arriver, et je fais la bise à Liam. A ma grande surprise, Caleb s'avance aussi. Puis je monte dans la voiture.

Bon, demander à mes parents si je peux aller à la bibliothèque après les cours. Ce n'est pas la mer à boire.

- Bonjour, papa et maman, dis-je en entrant dans le salon.

- As-tu passé une bonne journée ? me demande ma mère.

Quand ils me demandent cela, ils me demandent plutôt si j'ai eu de bonnes notes.

- Oh, c'est encore un peu tôt dans l'année, je n'ai pas encore fait de contrôles.

Ils acquiescent tous les deux.

- Euh... repris-je. Je voulais vous demander... Je pourrais aller à la bibliothèque les soirs après les cours, et le samedi après-midi ? Ce serait bien pour travailler, je pense que ça me ferait du bien de changer d'environnement.

- Ta chambre ne te convient plus ? Après tout ce qu'on t'offre ? me répond mon père.

Ma mère pose sa main sur son bras pour lui faire comprendre de sa calmer.

- Non, pas du tout, mais...

- Tous les soirs jusqu'à dix-sept heures, et le samedi de quatorze à dix-huit heures. Un seul retard et c'est fini, conclut maman.

- Merci !

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