DEAL ?

Chapitre 6

- Salut, me lance Liam quand j'arrive à sa hauteur dans la cour.

Je lui réponds en baillant très grossièrement. Oulala, si mes parents voyaient ce que je viens de faire, ils seraient révoltés.

- Tu as du mal à te réveiller ce matin, rigole mon ami.

- Exact.

Tout à coup, il reprend son air sérieux et arbore un air gêné. Il se lance :

- Au fait... désolé pour ce qu'il s'est passé hier soir.

Ce garçon est vraiment un amour. Il s'excuse alors que ce n'est aucunement de sa faute.

- Ne t'inquiète pas, c'est tout oublié ! Et puis ce n'est certainement pas de ta faute.

Le sourire regagne son visage.

- D'ailleurs, je n'arrive toujours pas à y croire, mais hier soir Caleb est revenu s'excuser juste après que tu sois partie ! Une grande première.

Non... C'est pas vrai ? Quand je lui ai dit de s'excuser dans le couloir, il l'a réellement fait ? Je ne peux pas m'empêcher d'afficher un sourire satisfait, empli de victoire.

- Je crois que c'est grâce à moi, Liam...

Ce dernier me fait de grands yeux, et je me mets à rougir en me rendant compte de ce que je viens de dire.

- Euh, non, euh... balbutié-je. Je ne voulais pas tourner la phrase comme ça et me vanter... Je veux dire, je lui ai conseillé de s'excuser, juste avant de partir.

- C'est un miracle, il n'est pas du genre à écouter les autres ! me confie-t-il avec un léger rire.

Alors pourquoi moi, personne lambda qu'il connaît depuis trois jours, m'a-t-il écoutée ? J'ai deux mots à lui toucher.

- Faut croire que tu lui es bénéfique... ajoute Liam d'un son à peine audible.

Mais assez fort pour que je puisse l'entendre.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?! m'écrié-je en me sentant rougir légèrement.

Liam éclate de rire.

- Je déconne, déstresse !

Cet idiot rit de plus en plus fort et part en direction de la classe. Je le suis. Merci de m'avoir fait faire des films pendant une fraction de seconde...

***

Quand la sonnerie de la pause repas retentit, je demande à Liam de m'attendre à l'entrée du self et je me tourne vers le fond de la classe, où Caleb et ses amis sont toujours en assis en train de discuter.

Allez Albane, prends ton courage à deux mains !

J'arrive à mettre de côté ma timidité et m'avance d'un pas confiant -un peu trop même- vers eux et quand j'arrive, je toussote pour attirer leur attention. Ils se tournent tous vers moi et me dévisagent, tandis que je sens déjà le rouge me monter aux joues. Je reconnais Lucie, la blonde clichée qui met toujours ses formes en valeur, ainsi que ses deux petits toutous, Marina et Selena. Il y a également Carter, le "beau gosse" du lycée comme ils disent tous, et dans d'autres circonstances et vous vous en doutez, le petit ami de Lucie. Caleb semble être le seul nouveau dans leur groupe.

- Euh, Caleb... Je peux te parler une minute ?

Ils se mettent à rire, sauf l'intéressé qui reste stoïque. Je regrette déjà d'être venue ici. Oh mon dieu, je sais très bien qu'ils me jugent en permanence parce que je suis une élève appliquée, pourquoi suis-je venue ?

- Alors comme ça, tu dragues déjà ? lâche un garçon que je n'avais pas remarqué à l'attention de Caleb.

- On ne peut pas dire que tu aies fait le meilleur choix, ajoute Lucie en me reluquant de haut en bas.

Ils rient à nouveau et je n'ai qu'une envie à cet instant précis : disparaître sous terre. Avez-vous déjà ressenti une honte telle que vous auriez préféré ne jamais exister ? Et bien, cela décrit parfaitement ce que je ressens actuellement. Malgré tout, je tente de ne pas perdre mes moyens :

- Donc, tu viens ?

Autant faire terminer ce cauchemar le plus rapidement possible. Caleb soupire -ce qui est une habitude chez lui, j'ai l'impression- et se lève en raclant sa chaise sur le sol.

Une fois dans le couloir, il s'adosse contre le mur et croise les bras.

- Allez, accouche.

- Tes amis sont des vrais crétins.

- Ce ne sont pas mes amis.

Alors là, j'ai du mal à comprendre.

- Alors pourquoi tu restes avec eux ? dis-je en gesticulant les bras.

- Ils sont populaires, me répond-il en haussant les épaules.

- Je n'y crois pas, tu es avec eux uniquement pour leur popularité ?

- Parce que tu crois vraiment que je ne suis pas au courant qu'ils n'ont aucun intérêt, mis à part qu'ils me permettent un accès privilégié aux meilleures fêtes et sorties ? Je suis peut-être un déchet, mais pas à ce point.

Il m'exaspère, et cela ne fait que me rappeler que son frère est bien mieux.

- La preuve que si.

Caleb passe outre de ma remarque et commence à s'impatienter :

- Bon, tu voulais me dire quoi ?

- J'ai appris que tu t'étais excusé, hier.

- Et alors ? demande-t-il en levant un sourcil.

- Et bien, tu as écouté mes conseils.

- Ecoute, meuf, réplique-t-il. Tu vas redescendre de ton piédestal. Je sais pas moi, ça fait à peine trois jours qu'on se connaît et tu te permets de te mêler de ce qui ne te regarde pas. Et puis, merde ! Si tu te crois dans une de ces histoires à l'eau de rose ou une fille coincée arrive, rencontre un bad boy et le remet sur le droit chemin tout en vivant une folle histoire d'amour avec lui, tu te trompes complètement !

- Alors déjà mon beau, je ne me suis jamais cru dans ce genre d'histoire, et encore moins vivre une folle d'histoire d'amour avec toi. Ensuite, Liam est mon ami, et il me parle des problèmes que TU causes dans votre famille, donc je crois que ça me concerne un peu ! Et pour finir, je ne suis pas coincée !!!

Tout en lui criant dessus, j'ai serré mes poings si fort que mes ongles sont rentrés dans ma peau, me faisant saigner. Avant même qu'il puisse me répondre, je le bouscule et cours en direction des toilettes.

Après avoir nettoyé mes mains, je me passe de l'eau sur le visage. Des tas de gens m'ont déjà dit que j'étais coincée, mais pourquoi lui, ça m'atteint plus que les autres ? Ce mec me met dans tous mes états, je le déteste. En plus, je n'arrive pas à me remettre de la répartie dont je viens de faire preuve. C'est la première fois que j'arrive à me défendre.

Mince, Liam ! Cela fait bien dix minutes qu'il doit m'attendre ! Je sors des toilettes et me rue vers le self. Quand j'arrive, je le vois en train de patienter à côté de l'entrée de la cantine.

- Désolée ! Ma discussion a été plus longue que prévue.

- Viens, on va en parler à table.

Quand nous avons remplis nos plateaux et sommes installés à table, il me dit :

- Donc, raconte-moi ce qu'il t'a dit...