Chapitre 40

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Quand je me réveille, la première chose que je remarque est que j'ai un sacré mal de tête. Je gémis de douleur et m'assois sur mon lit. Il est onze heures. Je mets un moment à assimiler ce qu'il s'est passé hier soir, puis peu à peu des bribes de souvenirs me reviennent. Je suis allée à une fête et j'ai bu. Enfin, c'est ce stupide jeu. Donc je viens d'avoir ma première cuite. Rien que ça. Mais qu'est-ce que j'ai fait...

Je sursaute quand on frappe à ma porte. Heureusement, ce n'est que Noélie, qui entre avec un verre d'eau et une plaquette de doliprane à la main. Elle me salue et me les tend. Je m'empresse d'avaler le médicament, voulant faire cesser ce mal de crâne au plus vite.

- Caleb t'a ramenée ici hier soir, et j'ai fait en sorte de te faire entrer en douce sans qu'aucun membre du personnel ne vous voit. Il t'a laissé un mot, d'ailleurs.

Elle me montre un bout de papier posé sur ma table de nuit. Je l'attrape et l'ouvre :

Je n'ai pas vraiment compris pourquoi tu t'es subitement mise à boire... J'imagine que tu ne l'as pas fait de ton plein gré. Bref, appelle-moi.

Je soupire et me frotte le yeux.

- Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça...

- Tu es une adolescente, me sourit Noélie, ce n'est pas si grave de boire.

- Peut-être, mais je n'aime même pas l'alcool !

Nous sommes coupés dans notre discussion quand j'entends mon père rugir d'en bas :

- Albane !

Oh mon dieu, que se passe-t-il, qu'ai-je fait ?!

- Vite, cache-toi dans mon dressing ! ordonné-je à Noélie.

A peine est-elle cachée, mon père entre en trombe dans ma chambre, faisant violemment claquer la porte. Il paraît énormément en colère.

- Tu vas m'expliquer ?! hurle-t-il en me montrant son téléphone.

Je regarde l'écran et me fige subitement.

Non, c'est impossible... Non...

Deux photos. La première, moi en train d'embrasser Caleb à pleine bouche, un verre d'alcool à la main. La seconde, moi également, mais qui cette fois vomit ses tripes sur la pelouse. C'est impossible. Je rêve. Je n'étais même pas au courant que quelqu'un m'avait prise en photo.

- Pourquoi ai-je reçu ça sur mon mail ?! crie mon père, les yeux injectés de sang. Surtout, qu'est-ce que tu faisais à une fête, avec de l'alcool ?

Je suis incapable de bouger, incapable de répondre quoi que ce soit. Ca paraissait évident qu'un jour, mes parents finiraient par être au courant. Mais moi, je me suis trop laissée embarquer dans de bonheur. Maintenant, c'est fini. Je peux lui dire adieu.

- Tu me déçois à un point que tu ne peux même pas imaginer ! continue d'hurler mon géniteur. C'est fini ! Plus de sorties à la bibliothèque ! Tu seras surveillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! Et je veux ton téléphone et ton ordinateur portable !

Voyant que je ne réagis toujours pas, mon père s'empare de mon ordinateur et de mon téléphone.

- Papa...

- Et dire que je te faisais confiance ! crache-t-il en sortant de ma chambre et claquant la porte.

Après quelques secondes, Noélie sort de sa cachette. Je la regarde, et des larmes commencent à couler le long de mes joues.

Mon amie s'assoit à mes côtés et me prend simplement dans ses bras. Quand j'ai calmé mes sanglots, je remarque que j'ai taché son haut avec mon maquillage de la veille.

- Désolée... murmuré-je.

- C'est moi qui suis désolée pour toi. Tu ne mérites absolument pas de ne pas avoir le droit de sortir et t'amuser. J'irais bien en toucher quelques mots à tes parents, mais ce n'est pas une très bonne idée...

- Effectivement, je ris légèrement malgré mes larmes. Qu'est-ce que je me sentirais seule si tu étais virée !

Noélie me sourit.

- Si tu veux un conseil, attends un peu que ça se tasse. Après, essaye de discuter avec tes parents.

- J'aimerais bien pouvoir leur parler, soupiré-je. Mais c'est impossible. Ils sont totalement contre les sorties, l'alcool, la vie d'ado, quoi. Je pense que jusqu'à la fin de la terminale je serai surveillée de près, et après je devrai partir faire mes études de médecine.

Je n'aime pas la médecine. Et je n'ai pas envie de ne plus rien pouvoir faire. Je hais mon père. Je hais ma mère. Je les hais tous les deux avec leurs règles strictes !

- Excuse-moi Albane, m'annonce Noélie, mais je vais devoir y aller.

- Ce n'est pas grave. A plus tard, peut-être.

- Dès que j'aurai un moment, je viendrai.

Nous nous sourions une nouvelle fois et Noélie sort discrètement de la chambre. Et dire que je ne vais pas voir Caleb des vacances, ni aucun de mes amis, d'ailleurs... Je ne peux même pas les prévenir. J'espère que Caleb n'aura pas la stupide idée de venir voir si tout va bien.

Je me lève et m'avance jusqu'à ma salle de bain en traînant des pieds, puis retire mon maquillage qui a coulé et me donne une tête affreuse. Je retire également la tenue que je porte depuis hier et file sous la douche.

Alors que l'eau chaude coule sur mon corps, j'essaye de me remémorer la soirée. On m'a invitée à jouer à un jeu, j'ai beaucoup trop bu, puis j'ai vomi. Et c'est après que Caleb m'a ramenée, je crois.

Qui a bien pu me prendre en photo comme ça, et en plus l'envoyer sur l'adresse mail de mon père ? Bien évidemment, je suis presque sûre que c'est Lucie. Elle a voulu me faire boire, posant exprès des questions spécifiques. Je la hais profondément. Je n'y suis pour rien, si ses amis l'ont rejetée !

Quand je sors de la douche, j'enfile l'une des tenues -pas très jolies- que mes parents veulent que je porte.

Soudainement, quelqu'un frappe à la porte. Je décide d'aller ouvrir, et mon visage s'illumine quand je me retrouve face à elle.

DEAL ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant