(Castiel)Un amour incroyable

chapitre 6

"Dans une vie, des choix s'imposent"

Un mois.

Cela faisait exactement un mois que Castiel passait du temps avec Dean dans les vestiaires des douches. Au moins deux-trois fois par semaine et ça, parce que Castiel refusait pratiquement tous les exercices que lui ordonnait de faire Mr Trenton.

D'ailleurs, il se demandait si le professeur ne commençait pas à comprendre ses motivations… Cole l'avait observé à la dernière séance et lui avait demandé avec un sourire carnassier :

"Ce serait pas à cause de mon fantastique basketteur quand même, que tu te rebelles autant ?"

Castiel se demandait… Évidemment que Mr Trenton l'avait grillé, il fallait être totalement idiot pour ne pas savoir qu'un de ses poulains s'entraînait juste dans la pièce d'à côté et allait faire sa douche en même temps que lui ! Et pourtant, Castiel avait simplement plissé le front et répondu par la négative, espérant que cette réponse lui convienne.

Bref, Castiel passait d'excellents moments avec Dean, ils discutaient de tout et de rien, de leurs journées passaient, de leur week-end, de leurs amis - des amis de Dean principalement -, de leurs rêves, leurs envies, etc…

Mais en dehors des vestiaires, il n'y avait absolument rien. Oh, si, peut-être des jeux de regards discrets pendant les matchs ou au détour d'un couloir mais c'était tout.

Pas de "Hey, Cas." ou de "Bonne soirée, Castiel." Juste des regards.

Castiel estimait déjà qu'il en avait beaucoup pour un homme comme lui et, puis, il pouvait tout de même partager des moments intimes, discrets, même si ce n'était que deux ou trois soirs dans la semaine. C'était déjà assez, peut-être même trop beau pour que cela dure.

En dehors de ces moments privilégiés, le jeune élève intellectuel sans vraie relation sociale commençait à vivre des expériences de plus en plus humiliantes.

Dans sa classe, un dénommé Métatron - quel étrange prénom ! - l'avait pris en grippe. Cet homme tenait le journal du lycée et, de temps à autre, Meg lui faisait lire des articles totalement loufoques sur lui. Balthazar avait enquêté de son côté et Castiel avait appris que ce Métatron était au service des petites princesses du lycée.

Pour le moment, les rumeurs qui circulaient sur lui étaient encore assez calmes. Ils divaguaient sur la possibilité que Castiel triche pendant ses examens ou paye certaines personnes pour faire croire que des gens s'intéressaient réellement à lui.

Il n'y avait absolument rien de dramatique, Castiel se contentait de lever les yeux au ciel avant de passer à autre chose, estimant que l'indifférence était la meilleure attaque devant ce genre de gamineries.

Malheureusement, un lundi matin, tout empira.

"Clarence ! Tu as lu le journal de ce matin ?" questionna Meg en s'installant rapidement à côté de Castiel, essoufflée.

"Qu'y-a-t'il encore ? Métatron a publié à nouveau sur moi ?"

"Et pas qu'un peu, attends, je vais te le lire... " elle plaça un journal sur la table et se dépêcha de le feuilleter avant de s'arrêter sur les lignes intéressantes. "Aujourd'hui est un jour de révélation. La révélation sur l'être qui longe, tel un cloporte, les couloirs. Nous nous sommes toujours demandés pour quelle raison était-il aussi solitaire, pourquoi était-il aussi différent ? Et aujourd'hui, mon cher public, je vous dis tout. Cet homme, qui pour certain viendrait d'une autre galaxie, serait une abomination. J'ai appris, de source sûre, que ce personnage serait gay avec des tendances sado-masochistes et qu'il aurait mis tout en œuvre pour abuser sexuellement de certains élèves. Je suis dans le regret de vous annoncer que je ne relaterai pas le nom de ses victimes, je ne souhaite pas entacher leur réputation mais je peux d'ores et déjà vous dire que ce qu'il leur oblige à faire n'est absolument pas respectable, proche de l'inhumanité. Cet élève est une monstruosité et j'espère que vous saurez utiliser ses informations à bon escient."

Castiel entrouvrit la bouche, totalement sous le choc de cet affront.

"C'est pour cette raison que Lisa et Gordon m'ont basculé au sol en me traitant de violeur…" murmura-t-il en relatant les faits avec honte du matin même.

"Cassie, il est temps que tu te bouges, tu ne peux pas continuer comme ça ! Je t'en prie, laisse-moi me charger d'eux !" supplia Meg en agrippant fermement les bras de Castiel.

Ce dernier balança sa tête de gauche à droite. Elle ne devait surtout pas s'immiscer dans ses problèmes. Soit elle allait finir par empirer les choses, et au vu de sa réputation, Castiel était persuadé que ce serait le cas, soit elle allait tout arranger en faisant pire que ce que Métatron faisait actuellement mais, dans ce cas, Castiel perdrait définitivement le respect de son Dean et il était inconcevable que le capitaine ne lui parle plus.

D'ailleurs, peut-être que ce dernier pouvait arranger les choses, non ? Ils devenaient de plus en plus proches et Castiel pensait sincèrement qu'ils commençaient à entretenir une véritable relation amicale.

"Ce sont mes problèmes, Meg, je saurai m'en débarrasser."

"Comment ? Dis-moi ! Tu vas aller les voir et leur demander gentiment qu'il te laisse tranquille ? Il s'acharne ainsi sur toi depuis que tu côtoies Dean, Clarence !" hurla-t-elle en froissant le journal dans ses paumes.

Castiel la fusilla du regard, regrettant actuellement de l'avoir mise dans la confidence à peine quelques semaines auparavant. Elle n'avait aucun droit de se mêler de sa vie privée.

"Je ne côtoie Dean qu'en dehors des cours, dans des vestiaires, Meg, je suis persuadé que cela n'a rien à voir avec ça."

L'interpellé se pencha sur la table en rivant ses yeux dans ceux de Castiel, son poing placé sur sa joue.

"Ah ouais, et qui te dis qu'il ne parle pas de toi à ses potes ? Ça se trouve il raconte tout ce que tu lui dis à ses pimbêches."

"Dean n'est pas comme ça."

"T'es sûr ? Tu crois que c'est un type bien juste parce qu'il t'a remarqué ? Qu'il fait passer les autres pour des idiots en te défendant ? Tu es naïf, Licorne."

Castiel se mit à la mitrailler du regard, sans prendre en compte le fait que son professeur de lettres commençait son cours, et il crispa sa mâchoire pour se retenir de crier.

"Tu ne le connais pas comme j'ai appris à le connaître, je t'interdis de le juger !"

"Ça s'trouve, ton fantasme, il rit de toi derrière ton dos, balance les pires insultes… C'est p't'être un pari, tiens, du genre, je gagne si je dépucelle le débile en moins de trois mois."

Castiel fut sur le point de rétorquer quelque chose de sanglant mais le bruit de livres qu'on jette sur une table le fit se retourner et il aperçut les yeux noirs de son professeur à côté de lui. Il déglutit en reprenant une posture plus correcte.

"Si mes cours vous ennuient, je peux vous proposer de prendre la porte, Mr Novak !"

Castiel secoua la tête, prenant un stylo entre ses doigts, et délaissa sa camarade. De toute façon, ce qu'elle disait était absolument stupide. Dean n'était pas comme ça, il était sincère et gentil…

Alors pourquoi Castiel avait-il une boule au ventre à l'idée que son amie ait raison ?