chapitre 33

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"C'est à toi de faire le bon choix"

En cinq minutes, le sac de Castiel fut rempli de toutes ses affaires laissées en boule dans la chambre de Dean et la salle de bain.

Il était en train de ranger sa trousse de toilette dans sa valise quand il entendit la porte d'entrée s'ouvrir pour se refermer quelques secondes plus tard. Soit c'était Dean qui revenait pour s'expliquer ou soit c'était John. Et l'un comme l'autre n'arrangeait pas le jeune Novak.

Pour autant, il enfourna son sac sur son épaule et descendit les escaliers, déterminé. Il enserra sa paume autour de la poignée de la porte d'entrée, prêt à disparaître sur le champ, mais une voix dure s'éleva derrière lui.

"C'est le départ alors ?"

Castiel se retourna, les nerfs sur le point de craquer, mais il n'était pas sûr que ce soit une bonne idée qu'il craque maintenant. Il ne connaissait pas John mais il était sûr que ce dernier se mettrait à rire en le voyant pleurnicher.

"Je ne vous dérangerai plus, monsieur."

Il vit l'homme de famille le scruter longuement sans rien émettre et Castiel décida de partir au bout de quelques secondes de silence, se sentant légèrement mal à l'aise. Il ouvrit la porte, se préparant à en passer le seuil.

"Il ne faut pas lui en vouloir, on a tendance à toujours tout gâcher autour de nous. C'est de famille."

Castiel se pétrifia sur le perron et se retourna légèrement vers John, toujours positionné à la même place. Il ne savait pas ce qui le dérangeait vraiment, qu'il prenne la défense de son fils sans même savoir de quoi il parlait ou qu'il se mêle de quelque chose qui ne le regardait pas ou qu'il lui prête de l'attention.

"Dean peut être un vrai idiot. Quand quelque chose de bien se fraye un chemin dans nos vies, on fait tout pour le perdre." continua-t-il avec un sérieux à faire peur.

Castiel ouvrit la bouche avant de la refermer, incrédule.

"Je suis pas aveugle, Castiel. J'ai bien vu comment il te regardait." fit-il avant d'amener une bière jusqu'à ses lèvres.

Il savait ? Il savait ce que vivait Castiel avec Dean ? Le cœur du Novak loupa un battement et il se sentit réellement sur le point de s'effondrer. Dire que Dean s'imaginait que John ne voyait rien, ne percevait rien, ne ressentait rien…

"Il faut parfois savoir accorder une seconde chance, tu crois pas ?"

Une seconde chance ? Mais Dean avait largement dépassé ce stade maintenant. Combien de fois Castiel devra-t-il lui pardonner ses écarts ?

"Ou une troisième." continua-t-il comme s'il lisait dans ses pensées. "Pardonner est souvent plus difficile, j'aurais aimé qu'on me l'accorde."

John semblait observer dans le vide et Castiel fit un pas dans la maison, incertain, mais certainement pas prêt à mettre fin à cette discussion qui lui paraissait improbable.

"Si tu l'aimes vraiment alors bats-toi, n'abandonne pas aussi vite."

"Vous ne savez pas de quoi vous parlez, John. Vous n'avez jamais été là pour lui. S'il ne sait pas aimer, c'est à cause de vous."

Un sourire amer effleura ses lèvres et Castiel vit son regard devenir bien plus noir qu'il ne l'était habituellement.

"J'ai jamais dit que j'étais innocent."

Castiel fut sur le point de rétorquer mais John s'éclipsait déjà vers la cuisine, le laissant sur le seuil.

"T'es le bienvenu, ici, si tu souhaites revenir."

L'étrange conversation venait de prendre fin et Castiel ne savait pas quoi en penser vraiment. John savait que Dean était amoureux d'un homme et à en croire la discussion qu'il venait d'avoir, il ne jugeait pas son fils. Qui l'aurait crû ?

Certainement pas Castiel, ni Dean. John semblait être pourtant le gars le plus machiste au monde et le plus fermé d'esprit. Finalement, ce que Castiel en percevait, ce n'était que de la souffrance et du vide. Comme si John n'était plus vraiment John. Il avait dû être un père exceptionnel quand la mère de Dean vivait encore.

Malgré la tristesse qu'il ressentait au fond de lui, Castiel savait qu'il devait continuer de croire en une relation avec Dean. Parce qu'il s'était battu jusqu'ici pour être avec cet homme.

Il savait que Dean était quelqu'un de complexe avec un passé douloureux, mais il s'était ouvert à Castiel, montrant clairement qu'il l'appréciait vraiment.

Au plus profond de son cœur, Castiel savait que ce qu'il avait vu quelques heures plus tôt n'avait été qu'une foutue machination des autres, que Dean s'était autant fait avoir que lui.

Voulait-il vraiment que les autres gagnent ? Qu'ils détruisent ce qu'ils ont essayé de construire ensemble ?

Ou allait-il se battre ? Se battre pour Dean ?

Castiel fit rapidement le tour de la question et referma la porte de la maison, déposant son sac au pied de l'escalier avant de se diriger vers la cuisine.

Il s'installa en face du père de famille qui avait les yeux rivés sur un journal et Castiel surprit un petit sourire se dessiner sur les lèvres de son hôte, comme s'il était fier que Castiel ait fait demi-tour.

Le jeune Novak souffla, prenant un peu plus confiance en lui. Aider Dean, lui pardonner, l'aimer. Il n'était pas le seul à pouvoir le faire.

"Dean a besoin de vous, tout comme Sam."

Aucune réaction.

"Ils vous ont pardonnés, vous savez. A vrai dire, je crois qu'ils ne vous en ont jamais voulu."

Page tournée.

"John, si je dois me battre, vous devriez le faire aussi. Vous les avez suffisamment abandonnés, il serait temps d'y mettre un terme."

Yeux braqués sur Castiel, défiants et noirs.

"Vous ne me faîtes pas peur, John. Pas totalement. Si vous les aimez, battez-vous pour eux, vous aussi."

Castiel se redressa et mit fin à cette deuxième discussion impensable, ce monologue improbable, un peu tremblant d'avoir ordonné à John de devenir un vrai père.

Il prit le sac toujours positionné au sol et se dirigea à nouveau vers la chambre de Dean, requinqué à l'idée de sauver sa relation avec son petit-ami, pas le moins du monde coupable. Les coupables n'étaient nul autre que Lisa et Gordon et il était vraiment temps que Castiel y mette un terme.

Castiel s'arrêta au pas de la porte, choqué de la maturité qu'il venait d'avoir. Il avait décidément bien changé en quelques mois et il se sentait mieux.

Devenir adulte ne lui faisait pas peur et pour Dean, il était prêt à tout.

(Castiel)Un amour incroyable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant