"Cartes sur table"
Comment Dean faisait-il pour paraître aussi innocent ? Il était pourtant bien coupable, lui aussi, dans les événements pittoresques de la vie actuelle de Castiel.
Il l'avait délaissé et évité, ayant peut-être honte de se montrer avec lui, il avait joué avec ses sentiments en le balayant à la vue de tous au lycée, il l'avait embrassé en étant encore en couple. Mais il lui avait, sans doute, également évité le pire en le protégeant des autres, en le défendant.
Alors, oui, Dean pouvait se sentir coupable pour bon nombres de raisons mais Castiel n'arrivait pas à le percevoir de la sorte.
Dean était bon. Dean était doux. Surtout à l'heure actuelle où Dean le chevauchait sur son lit simple tout en lui parsemant le torse de baisers. Des baisers tendres et humides qui lui faisaient arracher quelques gémissements incontrôlés.
Est-ce que c'était normal d'être autant sensible juste par la caresse des lèvres de son fantasme sur son ventre ? Qu'en sera-t-il lorsque leur ébat atteindra ce point de non-retour que Castiel avait aperçu dans un film érotique que cachait son père ? Sera-t-il le genre de personnes à hurler de plaisir sans parvenir à réfréner ses pulsions ?
"Dean… On-On devrait parler…" murmura-t-il sans grande conviction alors que Dean s'attaquait à ses deux bouts de chairs roses déjà bien tendus.
"Tu veux parler de quoi ? De ce qu'on est en train de faire ou de ce que je prévois de te faire ?" répliqua Dean avec un sourire carnassier avant de sortir sa langue pour lécher sa peau rougie.
"De… Des autres, de mon frère." parvint à sortir Castiel en balançant sa tête en arrière.
Il regretta ses dires en sentant la langue de son Dean abandonner sa position et il releva le visage pour apercevoir le capitaine s'asseoir au bout de son lit avec une moue contractée.
"T'as un don pour briser les bons moments, toi." soupira-t-il en se grattant l'arrière de la nuque. "Qu'est-ce que tu veux savoir ? Si c'est moi qui est frappé ton frère ? Ouais, c'est moi et j'estime qu'il l'a mérité largement. Il peut remercier Sam pour m'avoir arrêté parce que je t'assure que je lui en ai voulu à la seconde où il a commencé son putain de monologue." déclara Dean avec une lueur presque bestiale.
"Tu connaissais ses motivations avant de le voir ?"
"Avant de le voir hier ? Non. Je savais qu'il me tournait autour, on l'appelle pas l'harceleur pour rien, mais j'ai jamais pensé qu'il était autant accro à moi, Cas."
Le susnommé se releva du lit et remit maladroitement son t-shirt, parvenant à cacher sa peau laiteuse, avant de poser de nouveau son regard sur Dean.
"Est-ce que… Est-ce que tu m'apprécies vraiment, Dean ? Je veux dire… Est-ce que tu es vraiment sincère ?"
"Je t'ai dit tout ça, hier !" s'énerva-t-il en se levant dans la seconde.
"Alors dis-moi pour quelle raison tu m'as rejeté au lycée, dis-moi pourquoi tu m'as embrassé sans me dire que tu étais en couple avec Lisa, dis-moi pourquoi tu es aussi tendre en-dehors du lycée et aussi détaché là-bas, dis-moi pourquoi les autres me détestent autant, pourquoi est-ce que tu sembles avoir honte d'être avec moi ?" débita Castiel à vive allure.
Il essaya de reprendre son souffle, presque essoufflé comme s'il venait de courir un sprint. Puis, il riva ses yeux dans ceux de Dean avec détermination. Il ne voulait plus paraître faible. Faible et peureux. Il voulait que Dean sache qu'il n'était pas qu'un jeune homme sans caractère, sans opinion, sans défense. Il voulait que Dean le remarque vraiment.
"Bordel, Cas, je crois avoir été clair, non ?"
"Pas assez à mon goût !"
Il vit Dean lâcher un soupir d'énervement, et pourtant, il s'installa à nouveau sur le lit avec calme, prêt à lui répondre alors que leurs doigts s'entrelaçaient entre eux.
"J'ai appris à te connaitre, Cas, à voir au-delà de la réputation que les autres te donnaient et j'ai découvert quelqu'un de chaleureux, d'intelligent, de sincère et d'attentif. J'ai pas besoin de jouer un rôle avec toi, j'ai pas besoin d'en faire trop. Peu importe ce que je dis, tu ne me juges pas et je crois que c'est ça qui m'a fait… changé d'avis sur toi. Au début, c'était par sympathie que je discutais avec toi, juste parce que tu m'avais fait rire dans les vestiaires en jouant le rebelle." rit-il en fixant un point devant lui, se remémorant peut-être leur première conversation. "Mais très vite, Dick et Lisa m'ont retourné le cerveau. Il m'est arrivé de te dénigrer, Cas, de t'insulter, juste parce que je ne voulais pas me mettre mes amis à dos, de vouloir rester dans les cases." fit-il en envoyant un regard navré. "Puis, tu t'es fait frapper et là, c'était fini, je ne voulais plus être cet homme-là, j'avais l'impression d'être celui qui t'avait fait ça. C'était de ma faute parce que je m'étais intéressé à toi. Je me suis senti redevable et, bref, tu connais la suite. Tout ce que j'ai fais pour me sentir… mieux et te voir sourire."
Dean laissa quelques secondes s'écouler avant de reprendre toujours aussi sérieusement.
"Sauf que quand tu es revenu, c'était plus pareil entre nous et, pourtant, c'était toujours la même chose avec les autres. Je me suis mis avec Lisa quelques jours après ton absence et plus personne ne parlait de toi, je pensais qu'ils étaient passés à autre chose mais… Tu es revenu, j'ai joué au bad-boy devant Lisa et… Les deux heures qui ont suivi ont été une horreur. J'ai essayé de me défendre mais, ça reste mes potes, Cas, mes potes ! J'ai pas voulu les décevoir, j'en sais rien, un truc de ce genre." balaya-t-il de la main. "Je t'ai fait souffrir, n'est-ce pas ?"
Dean était honnête, pouvait-il en faire autant ?
"Tu n'as fait que ça, Dean. Est-ce que tu sais que tu es le premier ? Que c'est la première fois que je ressens ce que je ressens pour quelqu'un ? Je n'ai jamais éprouvé autant de sentiments pour une personne. Jamais."
Dean entrouvrit la bouche avant de la refermer et ses yeux semblaient presque inquiets voire même encore plus désolés qu'ils ne l'étaient auparavant. Ils étaient un peu surpris aussi.
"Quand tu dis jamais, c'est … ?"
"Cela veut dire ce que ça veut dire, Dean. Je n'ai jamais embrassé quelqu'un, je n'ai jamais rêvé de quelqu'un d'autre que toi. Tu es dans mes pensées depuis tellement longtemps ! Tu ne peux pas savoir quelle a été ma joie quand tu m'as accordé un regard, quand tu es venu me parler, quand tu m'as emmené ici pour la première fois. Je t'aime, Dean, et ce bien avant les vestiaires."
Castiel referma rapidement la bouche, ouvrant ses yeux tels des orbites, en prenant conscience de ce qu'il venait de dire. Il venait d'être bien trop honnête et Dean allait fuir parce que Castiel avait bien compris qu'il s'éloignait de tout ce qui touchait à des sentiments. Pour quelle autre raison aurait-il fuit toutes ses conquêtes si ce n'était pas à cause de ça ?
Et voilà que Castiel venait de lui dire ce qu'il haïssait le plus.
Pourtant, Dean ne s'écarta pas, ne le rejeta pas non plus, ne lui demanda pas de sortir de chez lui. Non, à la place, Dean s'approcha et déposa ses lèvres sur les siennes, avec toute la douceur du monde. Baiser humide, chaste, mais qui semblait tellement fragile, comme si ce geste pouvait se briser à tout moment.
"Je crois… Je crois que je ressens la même chose."
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(Castiel)Un amour incroyable
Teen FictionL'invisible et le populaire ? Le banal et l'excellence ? Deux adolescents que tout oppose et pourtant... Le premier amour, le vrai, le beau."