chapitre 28

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"Ce que je ressens est trop fort pour être chuchoté"

"Et tu tiens la balle de cette façon."

Dean finit par balancer le ballon entre ses mains jusqu'à la poubelle presque pleine de brouillon que Castiel avait entassé depuis maintenant deux mois.

Un sourire de vainqueur se dessina sur le visage du basketteur et il reporta très vite son attention sur le jeune Novak installé en tailleur sur son lit en train de l'observer.

Castiel ne prenait pas vraiment conscience des dires de son Dean, ne prenait pas la peine d'écouter l'entraînement qu'il lui donnait. A vrai dire, Castiel s'en fichait un peu pour le moment.

Il était bien trop concentré sur ses pensées. Que devait-il faire ? Devait-il sauter sur Dean et l'embrasser avec tellement d'ardeur qu'il en comprendrait sa demande ? Ou devait-il y mettre des mots ? Il se voyait mal lui dire qu'il avait envie de faire l'amour avec lui. Comment faisaient les gens dans les films déjà ?

"Cas ? T'as rien écouté, hein ? Qu'est-ce que t'as ?"

Le susnommé reprit terre lorsqu'il sentit le poids du capitaine affaisser son matelas juste à ses côtés et lorsque la paume de ce dernier se mit à lui caresser la joue. Y avait-il plus magnifique geste ?

"Rien, Dean. Je suis juste heureux d'être là avec toi."

"Mmmh… Y'a rien qui te chiffonne ?"

"Non."

C'était entièrement faux, bien sûr, mais de quelle façon pouvait-il lui faire comprendre qu'il avait besoin de plus que de simples baisers ? Et en même temps, il appréhendait le fait qu'il n'ait aucune expérience alors que Dean…

"Tu sais que j'adore quand tu es aussi concentré ?" ricana le basketteur en approchant ses lèvres des siennes.

Castiel laissa ses pensées disparaître dans la seconde quand sa bouche rencontra celle de Dean et il profita simplement de cet échange qui lui donnait des frissons de plaisir un peu partout en lui. Cela lui paraissait encore improbable de l'avoir contre lui. Qui l'aurait cru ? Certainement pas Castiel qui n'avait envisagé ça que dans ses rêves les plus fous.

Ils s'éloignèrent à la hâte lorsque des pas s'approchèrent de la chambre de Castiel et ils lâchèrent la pression quand la tête de Sam fit son apparition dans l'entrebâillement de la porte.

"Je vous dérange pas ?"

"T'aurais pu frapper, girafe ! Imagine si j'étais à quatre…"

Sam fit les gros yeux, par prévenance, ce qui cloua le bec de Dean et Castiel fronça les sourcils avant de voir la porte s'ouvrir entièrement sur son géniteur qui se mit à sourire dans la seconde en voyant le capitaine des Warriors.

"Bonjour Dean ! Comment vas-tu ?"

"Bien, merci M'sieur."

"Je t'ai déjà dit de m'appeler Manu. Alors, hier ? Castiel m'a dit que tu avais cartonné pendant le match ? Il va falloir que je passe te voir un de ces quatre ! J'entends que des choses positives sur toi." Castiel le vit lui jeter un coup d'œil presque par pitié. "Si seulement j'avais pu hériter d'un fils comme toi."

Les poings de Dean se serrèrent sur sa cuisse et le jeune Novak se pinça la lèvre inférieure avec ses dents, se retenant de lâcher un juron. Il n'était pas vraiment question de voir la bonne humeur de son père disparaître, c'était plutôt rare ces temps-ci de le voir comme ça. Pas que cela le touchait réellement, après tout Castiel s'en fichait un peu, mais c'était toujours plus agréable de vivre dans cette atmosphère.

"Amy a préparé le dîner et vous êtes tous les deux conviés, Sam et toi, à le partager avec nous, ça te va ?"

Castiel riva ses yeux dans ceux de Dean qui venait de tourner son visage vers lui et il balança légèrement la tête pour lui faire comprendre que cela ne le dérangeait pas. Qui cela dérangerait ? D'avoir son petit-ami à manger chez lui ?

"Pas de problème, M'sieur. Merci."

"Venez les garçons, c'est presque prêt." termina Emmanuel en apposant sa paume sur l'épaule de Sam qui se forçait à sourire avant de finalement quitter le pas de la porte.

Le cadet des Winchester relâcha la tension de ses épaules et Dean se mit à ricaner en agrippant la paume de Castiel pour l'aider à se redresser.

"Ton père est un putain de spécimen, Cas. Je me plains souvent du mien mais, finalement, j'crois avoir trouvé pire."

"Ne m'en parle même pas." soupira Castiel en se redressant lentement.

Dean déposa un chaste baiser sur ses lèvres avant de s'éloigner vers la sortie en compagnie de son frère tout en lui balançant quelques vannes bien pompeuses que Castiel ne prenait pas le temps d'écouter.

Il avait été à deux doigts de parvenir à lui dire ce qu'il souhaitait à présent entre eux deux, qu'il était enfin prêt et impatient de passer l'étape du simple bouche à bouche. Il voulait Dean, comme il avait toujours rêvé de l'avoir.

Mais, non, il avait fallu que ce moment soit interrompu. Castiel allait définitivement croire qu'il n'avait réellement pas de chance. Tout ce qu'il souhaitait ne parvenait jamais à être accompli. Sauf peut-être sa relation avec Dean.

Castiel se mit à sourire de bonheur. Finalement, il s'en fichait un peu de tout, parce que tout ce qu'il avait souhaité réellement, c'était être avec Dean et il l'y était. Pour de vrai.

Il descendit les escaliers, un sourire niais inscrit sur ses lèvres, et se dépêcha de rejoindre la tablée à présent complète des membres de la famille et des invités.

Dean était en face de lui, tout sourire, amenant la conversation à tourner autour du match de la veille, sous les yeux bienheureux du père de famille, les rires de Sam et les boutades de Gabriel.

Castiel se sentait bien dans cet environnement, peut-être trop bien, parce que ce n'était que le temps d'un dîner. Demain, tout reviendra comme avant. Castiel le sait mais voir Dean avec un grand sourire, ouvert, devant lui, le gonflait de joie.

Il n'était définitivement pas le même qu'au lycée. Pas avec lui. Pas de cette façon. Même s'il avait assumé être officiellement avec lui. Ce n'était pas pareil.

Castiel laissa un rire franc emplir l'air lorsque Dean lança une pique à Gabriel et ce premier le regarda avec toute la douceur du monde.

"J'aime t'entendre rire comme ça, Cas. J'aimerais bien l'entendre plus souvent."

"Je ris souvent avec toi."

"Pas comme ça mais ça me va."

Castiel rougit, baissant le visage vers son assiette, et Dean se pencha sur la table, déposant sa paume en son centre.

"Ne baisse pas le regard quand tu es avec moi, ne me prive pas de tes yeux bleus."

Castiel aurait été flatté, aurait même été jusqu'à enserrer sa main pour garder le contact avec lui, mais, au lieu de ça, il ne prêta attention qu'à l'assiette se brisant au pied de sa chaise et au poing se formant dans l'air prenant dangereusement la direction de sa mâchoire.

(Castiel)Un amour incroyable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant