chapitre 15

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"Il m'arrive parfois d'être stupide"

Castiel attendait depuis maintenant dix minutes.

Le self commençait à bien se remplir, chaque classe ayant presque toute terminée les cours de la matinée, et Castiel fit une petite salutation de la main lorsqu'il vit Meg lui faire des grands signes en se posant à l'une des tables en compagnie de Balthazar.

Il dévia son regard à l'opposé, pas vraiment à l'aise de se faire remarquer ainsi, et il vit certains élèves de la classe de Dean entrer dans la file d'attente afin d'aller manger.

Il resserra ses mains autour de ses livres qu'il avait pris pour se donner de la contenance. Il n'aimait pas vraiment attendre les bras ballants alors il s'était dit qu'avec des livres en mains, il serait plus en confiance. Chose qui s'avéra vraie.

Il aperçut Benny portant Amara, riant à gorge déployée, et, enfin, il remarqua son magnifique Dean se diriger vers le self, en pleine discussion avec un de ses camarades.

Le cœur de Castiel s'accéléra dans la seconde et il sentit ses joues se mettre lentement à chauffer. Un petit sourire timide se dessina sur ses lèvres au fil de l'avancée de son fantasme qui ne semblait pas encore l'avoir remarqué.

Sa conversation semblait vraiment importante parce qu'il effectuait de grand gestes et que ses traits du visage passaient par beaucoup d'émotions. Castiel en était subjugué et il n'arrivait pas à déterminer quelles expressions lui plaisaient le plus. Tout sur Dean était beau.

Il entendit le rire d'Amara à sa droite, comme si elle se retenait de pouffer, et Castiel tourna le visage vers elle par automatisme. Elle l'observait, continuant lentement sa marche avant de s'arrêter près de la porte, attendant vraisemblablement quelque chose.

Castiel ne s'en formalisa pas, apercevant tout de même que presque toute l'équipe de Dean prenait son temps pour entrer dans le réfectoire, et il tourna son regard vers le capitaine qui s'approchait de lui à petites enjambées.

Ce ralentissement fit plisser les yeux de Castiel qui jugea que ce mouvement n'était pas vraiment bon signe et il remarqua que sa réflexion était sans doute juste puisque Dean commençait à se gratter la nuque, mal à l'aise.

"Cas…"

Le susnommé se mit à retenir sa respiration, sentant une pointe de tristesse envahir son cœur, à cause de la voix légèrement désolée de son interlocuteur.

Alors, non ? Dean n'allait pas manger avec lui ? N'allait pas passer du temps seul en sa compagnie ? Qu'avait-il bien pu penser en l'invitant de la sorte si c'était pour le ridiculiser devant son petit attroupement ? N'était-il pas ami ?

Il observa Dean se positionner à quelques pas de lui et il entendit le fou rire d'Amara emplir l'air. Ce dernier point le rendit furieux dans la seconde et il ouvrit la bouche avant que son beau basketteur ne le fasse avant lui.

"Ne t'embête pas, Dean, j'ai compris."

Il vit Dean ouvrir la bouche, prêt à rétorquer il ne sait quelle débilité, mais Castiel se contenta de fuir. Vite et loin, à l'opposé du self et de cette bande de vautour.

Qu'avait-il bien pu penser ? Que Dean allait changer ? Qu'il sortirait du lot pour venir jusqu'à lui ? C'était Dean, l'un des piliers de ce groupe populaire, et Castiel n'aurait jamais du y croire. Son aîné avait eu raison. En quoi Castiel aurait pu le rendre différent ?

Il marcha vite, perdu dans ses pensées, en se frottant les yeux énergiquement, entièrement envahis de larmes.

Pourquoi avait-il pensé que son retour au lycée aurait été plus simple ? Il n'était vu que comme le vilain petit canard et Dean avait beau lui avoir fait croire monts et merveilles, il était toujours perçu ainsi par les autres élèves.

Castiel raffermit sa prise autour de ses livres, laissant ses larmes inonder son visage, alors qu'il traversait le parking pour rejoindre son véhicule.

Cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi pitoyable, même quand il s'était relevé de son harcèlement physique il n'avait pas ressenti autant de dégoût pour lui-même. Il avait été naïf et stupide.

Il se haïssait tellement pour l'avoir été, de ne pas avoir écouté son frère ou Meg, de s'être laissé avoir par son cœur, d'avoir laissé Dean entrer dans sa vie. Ce foutu joueur au charisme merveilleux.

Il ouvrit la porte passager avec hargne, balança ses livres sur le siège et claqua sa portière avec une force qu'il ne se sentait pas capable de posséder. Son poing se projeta sur le toit de sa petite voiture, poing qu'il avait réussi à maîtriser pour ne pas se faire mal au poignet, et il finit par lâcher un sanglot qu'il avait essayé de retenir pendant le trajet.

Pourquoi est-ce que ce rejet semblait lui paraître être la pire douleur du monde ? Pourquoi ressentait-il autant de souffrance et de colère ? Il avait l'impression que toute sa vie venait d'être anéantie, qu'il n'avait plus assez de force pour continuer à la vivre.

Il posa sa paume sur son torse, au niveau de son organe vital, persuadé de le perdre dans les secondes à venir. Il avait mal, tellement mal.

Pourquoi Dean s'était-il comporté ainsi ? Pourquoi l'avait-il invité chez lui si c'était pour le ridiculiser devant tout le monde ensuite ? Pourquoi lui avait-il assuré que tout irait bien si c'était pour le rejeter de cette façon ? Qu'avait-il donc fait pour qu'il agisse ainsi ?

Castiel ne lui avait jamais demandé de lui prêter de l'attention devant les autres élèves, Castiel ne lui avait jamais demandé de l'inviter un midi pour manger avec lui, Castiel ne lui avait jamais fait de demandes d'aucune sorte. Castiel avait juste espéré le voir encore et encore. Peu importe que ce soit en-dehors du lycée. Peu importe que ce ne soit pas à la vue de tous.

Castiel n'en avait jamais demandé tant alors pourquoi Dean lui avait-il fait ça ?

Il s'acharna sur ses joues enduites d'eau, se retenant de lâcher ne serait-ce qu'un seul hoquet, et il se dirigea vers la porte conducteur, souhaitant se retrouver aussi loin possible de ce lieu pour oublier la façon dont Dean l'avait repoussé.

Il ouvrit son véhicule et se cala dans son siège avant d'allumer le moteur. Il fut sur le point d'embrayer mais le bruit d'une portière qu'on ouvre parvint jusqu'à son ouïe et il tourna le visage vers le côté passager, une lueur fugace passant dans ses yeux à l'idée que Dean l'ait suivi jusqu'ici.

Peut-être que Dean s'en voulait, peut-être allait-il essayer de recoller les morceaux, de s'excuser et de se traiter de minable afin que Castiel lui pardonne.

En une fraction de seconde, le regard de Castiel passa d'espoir à déception avant de finalement paraître seulement triste.

"Je suis tellement désolée, Licorne."

Et cette fois-ci, Castiel ne se retint plus, posant son front contre le volant de sa voiture.

(Castiel)Un amour incroyable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant