chapitre 23

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"Être adolescent ne semble pas si facile"

Castiel avait réussi à se contenir pour ne pas hurler contre son frère. Ce frère qui avait continué à débiter des horreurs sur Dean, avant de partir dans des excuses presque pathétiques en voyant le visage fermé que ses traits dessinaient.

"Qu'est-ce que tu cherches à faire à la fin, Gabriel ?"

Castiel s'était attendu à ce que son aîné argumente son attitude par les frasques de Dean, qu'il n'était pas fait pour lui, qu'il n'était qu'un jeune adolescent égoïste et sans cœur, qu'il ne souhaitait que le protéger en l'éloignant de lui, mais à la place, Gabriel se contenta de baisser les yeux comme s'il se sentait coupable.

"Gab' ?"

"Je ne veux pas que tu me détestes, Cassie. Je ne veux…"

Était-ce un sanglot étouffé qu'il venait d'entendre ? Castiel entrouvrit la bouche, incrédule, avant de s'asseoir maladroitement sur son lit défait. Essayait-il de lui faire passer un message ?

"Pourquoi te détesterais-je ?"

"C'est de ma faute."

Le jeune Novak était dans le flou total. Il plissa les yeux et pencha le visage vers la droite, se concentrant sur le déchiffrage des paroles de son frère. De sa faute ? Que Dean se soit éclipsé aussi vite ? Non, c'était Castiel le fautif parce qu'il l'avait accusé de ne pas être sincère.

"C'est moi qui ai dit à Dean que je n'avais pas confiance en lui. Tu n'as pas à-"

"Non, pas ça. Avant."

"Avant ?"

Gabriel ferma la porte avec lenteur et Castiel eut une sueur froide en le voyant agir de la sorte. Parce que le seul jour où il avait vu son frère avoir ce genre de réaction, cette attitude peureuse, honteuse et minable, était le jour où il était rentré du commissariat pour vol à l'étalage.

"Avant quoi ?" redemanda Castiel, la voix cassée.

Gabriel releva le visage et, cette fois-ci, le ventre du jeune élève se contracta violemment. Son frère avait les yeux brillants, presque au proche de la rupture.

"Gabriel…" sanglota Castiel, pas le moins rassuré.

"Quand j'ai vu que tu parlais à Dean, j'ai été voir Gordon et Lisa pour leur dire que tu avais un crush pour notre basketteur, je leur ai dit tout ce que tu m'as dit, Cassie. Absolument tout. La façon dont ton visage s'illuminait quand tu étais avec lui, vos échanges dans les vestiaires, la raison pour laquelle tu jouais au rebelle en cours de sport. C'est aussi moi qui ai demandé à Lisa de tout faire pour que tu t'éloignes de Dean. Je pensais pas que ça allait prendre une tournure aussi… Horrible ! Que tu souffrirais autant ! J'ai jamais voulu ça !"

Castiel rejeta la main de son aîné quand elle se posa sur son genou, le faisant s'étaler au sol. Des larmes surplombaient à présent le visage de Gabriel mais Castiel n'y prêta aucunement attention.

"Je t'assure que je m'en suis voulu à la seconde où je t'ai ramassé sur le trottoir en sang ! Tout ça parce que j'étais jaloux que Dean se soit intéressé à toi. Mon petit frère insociable et innocent. Mon intello de frère qui n'a jamais traîné dans un night-club pour se rendre intéressant, qui n'a jamais rien fait pour que le capitaine ne lui prête vraiment attention !"

Gabriel s'acharnait sur ses joues avec un désespoir fou.

"Je ne comprenais pas… Est-ce que tu sais le nombre de soirées que j'ai du faire pour que Dean ne se rende réellement compte de mon existence, Cassie ? Tu sais ce que j'ai été obligé de faire pour que Dean ne m'embrasse à cette soirée-là ? Ce que ça m'a coûté ? Et toi, il te suffit juste de te retrouver quinze minutes dans les vestiaires avec lui pour qu'il t'apprécie et souhaite te connaître ?"

Gabriel se redressa sur les fesses, posant ses coudes sur ses genoux pliés devant lui, et il mordit ses doigts afin de se calmer.

"Je sais que j'ai été stupide, Cassie. Stupide et égoïste. Je n'ai pas pensé à toi une seule seconde. J'ai simplement profité de sa réputation et de la tienne pour que les autres fassent le sale boulot à ma place, te discrédite et t'éclipse."

Castiel releva le visage, surpris de l'avoir baissé, et il s'essuya les joues doucement alors que des larmes avaient également pris place autour de ses cils.

"Je pensais que j'étais vraiment accro à Dean, Cassie, je le croyais fermement avant que je ne me rende compte que ce n'était que de la simple attirance. Et puis, je sais que tu l'aimes. Que tu l'aimes vraiment comme moi je ne pourrais jamais l'aimer. Je suis tellement désolé, petit frère."

Castiel vit le regard de son frère se poser à nouveau vers le sol, entièrement coupable. Au début de son monologue, il avait eu envie de le frapper, de le haïr vraiment, de le rejeter, de le malmener, peut-être même à aller jusqu'à le détruire. Mais, là, maintenant, il avait juste pitié de son aîné.

De la pitié et de la peine. Oui, il avait de la peine pour son grand-frère, ce grand-frère qu'il avait toujours pensé être son protecteur. Finalement, bourreau. Comment en était-il arrivé là ? A vouloir le détruire ? Lui ?

"J'ai vraiment souffert, Gabriel. J'ai même pensé à ne plus vouloir me réveiller, à presque souhaiter mourir dans mon sommeil pour ne plus affronter le lycée."

"Je-Je sais…"

"Mais je te pardonne. Parce que tu restes mon frère et que, malgré tout ce que j'ai enduré, tu n'es pas le seul fautif. Je peux comprendre ta peine, Gabriel. Je peux comprendre. Ce n'est pas parce que je suis le cadet de la famille que je ne peux pas t'aider."

Le regard de son interlocuteur changea subitement, ses pupilles brillaient d'incompréhension et de surprise toujours avec cette teinte de culpabilité.

"J'aimerais que tu ailles t'excuser auprès de Dean, Gabriel. Parce qu'il n'y a pas que moi qui ai souffert. Je veux que tu répares ce que tu as brisé. Je te pardonne mais je n'oublie pas. Va-t-en maintenant, j'ai besoin d'être seul."

"Cassie, je-"

"Va-t-en !"

Castiel avait l'impression de devenir quelqu'un d'autre lorsqu'il observa son aîné disparaître de sa chambre. Il avait une boule formée de colère et de haine au creux de son cœur, une boule qui n'avait jamais eu sa place en son sein.

Il ne savait pas si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle mais il savait qu'il ne serait plus le gentil petit élève de première qui restait en retrait et se laissait marcher dessus. Il n'avait plus envie de paraître fragile aux yeux des autres, il n'avait plus envie d'être une marionnette pour les autres et même pour sa famille.

Il devait s'affirmer et se défendre. Sans l'aide de personne. Il croisa son reflet à travers le miroir de sa chambre et il fut satisfait de voir de la détermination dans ses prunelles.

Il était sûr d'une chose, en tout cas, c'était bien grâce à Gabriel qu'il se réveillait enfin.

(Castiel)Un amour incroyable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant